"Nous n'avons guère les moyens, et encore moins l'autorité pour faire des pressions sur les pouvoirs publics. Face à l'anarchie des prix des produits agricoles, on ne peut hélas que déplorer la situation et se solidariser avec le consommateur pris dans l'étau généré par un manque de clairvoyance en la matière". C'est ainsi que le président de l'Association pour la protection du consommateur, le Dr Mustapha Zebdi, a entamé la conférence de presse animée à Alger. L'instabilité des prix des produits agricoles sur le marché national était le thème essentiel de la conférence. M. Zebdi a souligné à cette occasion la nécessité d'assurer une meilleure "coordination" entre les associations de protection du consommateur, les commissions professionnelles relevant du secteur et le ministère pour lutter contre la flambée des prix des fruits et légumes et des viandes. Il a rappelé à cet effet que le prix du poulet avait atteint les 460 DA le kilo durant le mois de Ramadhan. Ce prix pourrait atteindre les 500 DA dans les jours qui viennent, a-t-il prévenu. Cependant, a-t-il ajouté, les prix de la pomme de terre ont baissé dans certaines wilayas comme El-Oued où le kilo est cédé à 7 DA en raison, a-t-il soutenu, du manque de moyens de stockage et de conservation (chambres froides) poussant plusieurs paysans à abandonner la moisson, "faute d'une bonne gestion de cette filière". M. Zebdi s'est opposé à la prolongation de la durée d'exonération fiscale dont les éleveurs ont bénéficié de juillet 2012 à août 2013. Il a estimé dans ce sens qu'en dépit de ces facilitations, les prix ont enregistré des niveaux record ajoutant que "ces avantages profitent aux médiateurs et non aux éleveurs". Concernant les viandes rouges dont les prix avoisinent actuellement les 1500 DA, M. Zebdi a estimé que ce prix est "excessivement cher" et n'est pas à la portée du citoyen moyen ajoutant que les prix du bétail sont appelés à augmenter de 5000 DA la tête, à l'approche de l'Aid al-Adha. Le rythme d'inflation annuel en Algérie a atteint 6,9% au mois de mai dernier, selon l'Office national des statistiques (ONS). Ainsi, les prix de certains produits agricoles frais ont chuté durant la même période, notamment les légumes frais (-10,7%) dont la tomate (-24,7%), la pomme de terre (-19,2%), selon la même source. D'autres produits ont également connu des baisses en mai dernier, il s'agit des œufs (4%), la viande de poulet (3,2%) et à degré moindre la viande de mouton (0,9%) et la viande de bœuf (0,4%). Le conférencier en veut au ministère du Commerce de faire la sourde oreille à ses demandes d'audience à travers lesquelles il souhaite exposer un certain nombre de doléances touchant le consommateur. Il est vrai qu'aucun produit ne déroge à la règle de l'inflation. Les petites bourses ne savent plus où donner de la tête durant les fêtes religieuses et la rentrée scolaire. Où réside, donc, la solution ? L'association de Protection du consommateur à elle seule ne peut rien faire. Il faut noter que l'instabilité constatée sur le marché est consécutive à la variation du taux de change qui, lui, ne fait que s'emballer. Une situation qui met les opérateurs économiques dans l'embarras. Certains d'entre eux soutiennent que si cela perdure, il deviendra difficile pour les opérateurs économiques de garder les prix des biens de consommation intacts. Surtout que la production nationale est très fragile.