Ennahda, le parti islamiste au pouvoir en Tunisie, et les formations d'opposition ont signé, avant-hier, à Tunis, une feuille de route prévoyant la formation en trois semaines d'un gouvernement d'indépendants. Le pays a ouvert solennellement sa phase de "dialogue national". Ce document, rédigé par quatre médiateurs, prévoit la désignation avant la fin de la semaine prochaine d'un Premier ministre indépendant qui aura deux semaines pour former son cabinet. Le gouvernement dirigé par Ennahda devra alors démissionner. "Nous sommes maintenant dans un équilibre fragile, nous devons travailler à un consensus", a déclaré Maya Jribi, chef de file du Parti républicain, une formation d'opposants. L'influente centrale syndicale UGTT joue un rôle de médiateur dans la crise politique actuelle, qui s'est accentuée depuis l'assassinat en juillet de Mohamed Brahmi, figure de l'opposition de gauche, et membre de l'Assemblée nationale constituante (ANC), dont les travaux sont au point mort. Peu avant la signature de la feuille de route pour sortir de la crise, le président de l'ANC, Mustapha Ben Jaafar, allié laïque des islamistes, a souligné dans un discours qu'un "échec serait un péché dont nous aurons à répondre".
Les islamistes promettent de quitter le pouvoir fin octobre Le parti islamiste Ennahda qui dirige le gouvernement en Tunisie s'est engagé à quitter le pouvoir à la fin du mois d'octobre, en signant avec l'opposition une feuille de route prévoyant la formation d'ici trois semaines d'un gouvernement d'indépendants. Ce document, rédigé par quatre médiateurs pour résoudre une profonde crise politique, prévoit la désignation avant la fin de la semaine prochaine d'un Premier ministre indépendant qui aura deux semaines pour former son cabinet. Le gouvernement dirigé par Ennahda devra alors démissionner. La signature de ce texte a été disputée jusqu'au bout, retardant la cérémonie d'avant-hier, mais finalement le chef d'Ennahda, Rached Ghannouchi, et les dirigeants de l'opposition l'ont signé devant la presse et la classe politique. Le Congrès pour la République, parti du président Moncef Marzouki et allié séculier d'Ennahda, a lui refusé de le parapher. Le gouvernement dirigé par Ennahda, fragilisé par deux assassinats d'opposants, les crises politiques à répétition et les difficultés économiques, a ainsi accepté de quitter le pouvoir deux ans après sa victoire aux élections du 23 octobre 2011, le premier scrutin libre de l'histoire de la Tunisie. La feuille de route prévoit aussi dans les quatre prochaines semaines, à l'issue d'un dialogue national réunissant toute la classe politique, l'adoption d'une Constitution et d'un calendrier électoral. La Tunisie est déstabilisée par une crise politique déclenchée fin juillet par l'assassinat d'un député d'opposition.