Les républicains du Congrès américain ont proposé, avant-hier, à Barack Obama de repousser de plusieurs semaines l'échéance du plafond de la dette, une solution temporaire visant à éviter un défaut de paiement mais qui ne résoudrait pas durablement l'impasse budgétaire. Le président de la Chambre des représentants, John Boehner, a annoncé qu'un vote serait organisé prochainement pour relever la limite légale de la dette de façon "temporaire" en échange de l'ouverture de négociations sur le budget et d'une réforme des programmes sociaux, comme le système de retraite. Selon plusieurs élus, cette extension serait de six semaines, ce qui repousserait environ au 22 novembre la date butoir avant laquelle le Congrès devrait adopter un relèvement du plafond. "Nous entendons proposer au président aujourd'hui la capacité d'avancer (une augmentation temporaire du plafond de la dette, et un accord pour une commission bicamérale sur le budget) en échange de sa volonté de s'asseoir et de discuter avec nous de la façon d'avancer pour rouvrir l'Etat fédéral et commencer à s'attaquer aux problèmes urgents de l'Amérique", a déclaré John Boehner qui, avec 17 autres responsables républicains, devait rencontrer le président à la Maison -Blanche. Grand bémol, leur proposition ne mettrait pas fin à la paralysie des administrations fédérales, due à un blocage parallèle sur le budget, et qui frappe la plupart des agences fédérales depuis le 1er octobre. Barack Obama a jusqu'à présent exigé la fin de la paralysie avant l'ouverture de négociations. La Maison -Blanche n'a pas clairement dit avant-hier si le président était prêt à accepter une solution de court terme qui concernerait uniquement la dette, et pas le budget. "Nous sommes prêts à examiner toute proposition du Congrès visant à mettre fin à ces crises artificielles, mais nous ne permettrons pas à une faction de républicains de la Chambre de tenir l'économie en otage en échange de demandes politiques extrêmes et superflues", a commenté un responsable de la Maison -Blanche jeudi. L'annonce républicaine a été accueillie très favorablement par les marchés. Les trois grands indices américains étaient en forte hausse en milieu de journée, le Nasdaq gagnant 1,93% et le Dow Jones 1,57%.
"Ce serait le chaos" Jeudi matin, le secrétaire au Trésor, Jacob Lew, n'avait pas fermé la porte à une extension de court terme, lors d'une audition au Sénat. Mais il avait prévenu que la prolongation de l'impasse jusqu'à la dernière minute "pourrait être très dangereuse". Actuellement d'environ 16 700 milliards de dollars, la limite de la dette a été atteinte en mai et le Trésor n'a pu continuer à emprunter que grâce à des mesures "extraordinaires". Mais au-delà du 17 octobre, le Trésor a prévenu qu'il serait totalement incapable d'emprunter, et que ses ressources seraient limitées à une trésorerie d'environ 30 milliards de dollars et aux rentrées fiscales subséquentes. "Si nous n'avons pas assez de trésorerie, il serait impossible pour les Etats-Unis d'Amérique de remplir toutes leurs obligations, y compris les pensions de retraite et de santé, les paiements à nos militaires et anciens combattants, et les contrats avec les sous-traitants privés, pour la première fois de notre histoire", a énuméré Jacob Lew. La date exacte à laquelle les Etats-Unis seraient forcés de faire défaut sur certains versements reste incertaine, car les recettes fiscales quotidiennes et les versements nécessaires varient de façon imprévue. Le Bureau du budget du Congrès (CBO) estimait en septembre que cette date se situait entre le 22 octobre et la fin du mois. "C'est impossible à prédire avec exactitude", a dit jeudi Jacob Lew. Le ministre a aussi rejeté l'idée que le Trésor pourrait rassurer les marchés en rendant prioritaires certains paiements (par exemple, les intérêts de la dette) par rapport à d'autres (les sous-traitants). "Je ne sais pas comment faire pour choisir entre la retraite, les anciens combattants, la santé ou l'aide alimentaire", a-t-il dit, en expliquant que ce serait juridiquement et techniquement difficile. "Nous écrivons 80 millions de chèques par mois, le système est automatique", a-t-il expliqué. "Ce serait le chaos".
Concessions sur l'Obamacare? Le porte-parole a souligné que M. Obama voulait aussi parvenir à une solution dans l'autre volet de la crise, la paralysie partielle de l'Etat fédéral faute de budget depuis 10 jours. "Nous disons depuis le début qu'ils devraient rouvrir les services de l'Etat et relever le plafond de la dette. Ils devraient faire les deux", a-t-il insisté. Avant une réunion prévue en milieu d'après-midi avec le président Obama, il était toutefois difficile de savoir si les républicains accepteraient une réouverture des administrations fédérales fermées depuis le 1er octobre sans exiger des concessions de la part de la Maison-Blanche. Ces concessions concerneraient surtout le dossier de l'"Obamacare", la loi sur l'assurance maladie qui constitue la principale pierre d'achoppement depuis le début de cette crise.
Obama heureux de l'apaisement, souhaiterait une solution à long terme Barack Obama est heureux d'un apaisement apparent à Washington avec la proposition des républicains de retarder de plusieurs semaines l'échéance de la dette, mais préfèrerait une solution à long terme, a affirmé, avant-hier, son porte-parole. Lors de son point de presse quotidien, Jay Carney a expliqué que le président américain réservait encore son jugement sur la proposition des républicains, qui n'a pas été couchée sur le papier, même s'il promulguerait sans doute un tel texte de loi. Une délégation des membres républicains de la Chambre des représentants, le président de l'assemblée John Boehner en tête, est attendue en milieu d'après-midi à la Maison Blanche. M. Boehner a annoncé plus tôt qu'un vote serait organisé prochainement pour relever la limite légale de la dette de façon temporaire en échange de l'ouverture de négociations sur le budget et d'une réforme des programmes sociaux, comme le système de retraite. Cette solution repousserait de plusieurs semaines l'échéance du plafond de la dette, une mesure temporaire visant à éviter un défaut de paiement mais qui ne résoudrait pas durablement l'impasse budgétaire. Le président est heureux que la situation se calme, ou semble se calmer à la Chambre, et qu'au moins il paraisse que le défaut de paiement (des Etats-Unis) n'est pas sur la table, a expliqué Carney. Le président pense toutefois qu'il serait bien mieux pour le Congrès de relever le plafond de la dette pour une longue période, a-t-il ajouté. Le porte-parole a souligné que M. Obama voulait aussi parvenir à une solution dans l'autre volet de la crise, la paralysie partielle de l'Etat fédéral faute de budget depuis dix jours. Nous disons depuis le début qu'ils devraient rouvrir les services de l'Etat et relever le plafond de la dette. Ils devraient faire les deux, a-t-il insisté, à propos des républicains. Le Bureau du budget du Congrès (CBO) estimait en septembre que cette date se situait entre le 22 octobre et la fin du mois.