Des traces de polonium-210 ont été retrouvées sur les affaires personnelles et dans l'organisme du dirigeant palestinien Yasser Arafat décédé fin 2004, indique une étude réalisée par des scientifiques suisses, a écrit le quotidien russe " Kommersant " se référant à la revue médicale "The Lancet ". Les résultats d'une expertise, menée à la demande de la veuve d'Arafat par des experts légistes de trois pays - dont la Russie - n'ont toujours pas été rendus publics. Selon certaines informations, l'enquête officielle est déjà terminée et montre que le dirigeant palestinien a bien été empoisonné au polonium. "Amélioration de la qualité de l'expertise médico-légale en cas d'empoisonnement au polonium" : derrière le titre de cet article publié dans le dernier numéro du magazine " Lancet " se cachent des conclusions sensationnelles. En effet, l'examen des échantillons biologiques et des effets personnels d'Arafat "confirme la version de son empoisonnement au polonium-210". L'article en question a été écrit par les chercheurs de l'Institut de radiophysique (IRA) et du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) de Lausanne. Leurs découvertes, l'an dernier, avaient déjà basé un documentaire diffusé sur Al Jazeera concernant les véritables causes de la mort du premier dirigeant de l'Autorité palestinienne. Cette fois, les chercheurs suisses détaillent leurs conclusions et citent de nouvelles preuves. "Nous avons procédé à 75 analyses d'échantillons, dont 38 biologiques ou prélevés sur les effets personnels de Yasser Arafat. Les 37 autres échantillons ont été prélevés pour comparaison et n'étaient pas contaminés artificiellement avec du polonium-210, annonce l'étude. Plusieurs échantillons du sang et de l'urine d'Arafat contenaient un pourcentage plus élevé de polonium-210 par rapport aux prélèvements sélectionnés pour la comparaison et qui n'appartenaient pas à Arafat. Ces conclusions renforcent la théorie d'un empoisonnement d'Arafat au polonium-210." Yasser Arafat est décédé en décembre 2004 dans un hôpital de la région parisienne. Il avait 75 ans. Selon l'article du " Lancet ", les premiers symptômes de sa maladie - nausées, vomissements, maux de ventre, diarrhée - se sont déclarés le 12 octobre 2004. "Son état de santé a commencé à se dégrader et les symptômes de maladie gastrique se sont aggravés en l'absence d'inflammation ou de fièvre, annonce l'article. Son état a empiré jusqu'à l'insuffisance rénale et le coma neurologique. Il a été transféré en réanimation où il est décédé d'une hémorragie cérébrale. En dépit de nombreux examens toxicologiques et cliniques, la cause de la mort restait inconnue jusqu'à présent." Aucune annonce officielle sur la cause de la mort d'Arafat n'a suivi, engendrant de nombreuses rumeurs - y compris celle d'un empoisonnement. L'an dernier, la chaîne qatarie Al Jazeera a lancé une enquête sur les circonstances du décès d'Arafat. La famille du dirigeant palestinien a remis aux journalistes plusieurs effets personnels du défunt et des échantillons de tissus qui ont été envoyés à l'IRA et au CHUV pour une expertise médico-légale. Après les analyses préliminaires, les chercheurs ont déclaré que la soudaine détérioration de l'état de santé suivie de la mort du dirigeant palestinien aurait pu être provoquée par un empoisonnement aux isotopes radioactifs. Après quoi à la demande des proches d'Arafat, le Parquet français a ouvert une enquête officielle sur son éventuel empoisonnement. La veuve d'Arafat, Souha, a donné l'autorisation pour exhumer son corps en automne dernier. Les médecins légistes français ont demandé de l'aide à leurs homologues suisses et russes pour confirmer ou réfuter la version d'un empoisonnement d'Arafat au polonium-210 puis, si cette version était confirmée, tenter de déterminer où avait été fabriqué l'élément radioactif. Les résultats du travail des experts restent confidentiels. Ils devaient être annoncés en septembre mais cela n'a pas été le cas. Les experts pensent que l'information est tenue au secret afin de ne pas perturber les négociations sur le règlement du conflit israélo-palestinien, réactivées depuis une quinzaine de jours. Par ailleurs, selon les sources qui ont eu connaissance des résultats de l'enquête internationale, "elle confirme la version d'un empoisonnement d'Arafat au polonium". Selon certaines informations, les conclusions de l'expertise ont été d'abord présentées à Souha Arafat. On estime que c'est à elle de décider si elles doivent être rendues publiques ou non.