Une nouvelle association de bédéistes et de dessinateurs de presse algériens sera créée prochainement, a annoncé à Oran le bédéiste algéro-américain Nadjib Berber. Outre le regroupement de bédéistes et dessinateurs de presse algériens, l'objectif de cette association est la relance du 9ème art en Algérie, a soutenu ce spécialiste de la BD et de la caricature. Il a rappelé, à ce propos, l'existence de grands créateurs ayant fait les beaux jours de la BD en Algérie au lendemain de l'indépendance et participé à l'émergence de publications et albums quand ils ne se sont pas recyclés dans le dessin de presse, citant au passage Slim (Menouar Merabtene), Riadh, Aïder, Maz, Haroun, le défunt Melouah et autres noms prestigieux de la BD algérienne. "Qu'importe son appellation, l'important est de voir naître cette association et renouer avec ce mode d'expression qui a rayonné à l'échelle maghrébine et arabe. L'Algérie a été le pays pionner de la BD dans le Maghreb", a-t-il souligné. Après la disparition de l'Entreprise nationale du livre (ENAL), ces bédéistes ont travaillé pour la plupart dans "El Manchar", une publication satirique qui a cessé de paraître après les événements douloureux qu'a connus l'Algérie durant la décennie noire, a-t-il ajouté. Il est prévu également la création d'un salon spécialisé sur la BD et le dessin de presse (dessin satirique) pour réunir les grands noms de la caricature du monde arabe après l'éclosion de nouveaux journaux avec la jeune démocratie naissante et les nouvelles mutations que vit la région, selon Nadjib Berber qui a estimé que la 6e édition du festival international de la bande dessinée d'Alger (FIBDA) a été une bonne occasion pour regrouper tous les bédéistes algériens d'ici et d'ailleurs, considérés comme les mieux indiqués dans le Maghreb arabe dans la bande dessinée et la caricature. Le bédéiste Nadjib Berber, qui vit actuellement à Los Angeles (USA), est connu pour avoir travaillé dans la revue "Kaous Kouzah" (Tunisie) et collaboré dans la revue "Révolution Africaine" et plusieurs journaux algériens dont " Horizons " et " Le Soir d'Algérie". Il est également l'auteur de plusieurs expositions au Musée "Ahmed Zabana" d'Oran dans les années 80, et de conférences et expositions au Musée "Paul Guetty" de l'Université de UCLA (Californie) avec la présence de Slim, auteur de "Bouzid", "El Gat" et "Zina". Nadjib Berber est sur deux projets pratiquement achevés : "La secte des assassins" (Les hashashine) et "A quoi rêvent les loups" du roman de Yasmina Khadra.
La jeune bédéiste Yasmine Boubakir signe son second album Après une première tentative de Fella Matougui intitulée "Nahla et les Touareg", les éditions Z-Link ont enrichi leur collection de mangas destinés au lectorat féminin avec un nouvel album collectif titré "Loundja" de l'auteur Amir Cheriti et de la talentueuse dessinatrice Yasmine Boubakir. Ce manga version féminine relate le quotidien d'une lycéenne attachante, prénommée Loundja atteinte d'une "maladie" rare qui lui fait inverser les expressions de tristesse et de joie sur son visage, ce qui l'expose aux moqueries de ses camarades et l'exclut peu à peu de la vie sociale : plus Loundja est triste plus elle rit aux éclats et inversement, un état qui l'empêche de vivre sa vie d'adolescente et inquiète au plus haut point ses parents et son unique amie. Pensionnaire d'un orphelinat, la petite Camélia devient la confidente de Loundja et l'aide à surmonter progressivement son handicap. En retour, Loundja s'avère d'un appui précieux à la jeune orpheline traumatisée. Grâce à une solidarité sans faille et leur sens de l'entraide, les deux amies arrivent à soulager leurs peines et à sortir de l'isolement... Par son style minutieux et son souci de l'esthétique, Yasmine Boubakir sert avec un certain art le genre "Shôjo" de manga destiné à un jeune lectorat féminin. L'influence des mangas japonais est aussi très claire dans le style de l'auteur qui a créé des personnages dans ce genre de BD. Reconnue pour son talent en matière d'illustration, Yasmine Boubakir était la première dessinatrice à rejoindre l'équipe de la revue spécialisée "Laabstore" en 2008 avant d'éditer son premier "Dz-Shôjo" intitulé "Une geisha, un destin". "Loundja" se révèle le parfait exemple d'un travail d'équipe professionnelle où chaque bédéiste s'occupe du volet qu'il maîtrise le mieux. L'album est le fruit d'une collaboration avec Amir Cheriti qui en signe le scénario. Auteur à ses débuts de BD courtes, il a déjà réalisé un album, "Roda", paru en 2012. S'il confirme la tendance du manga destiné au lectorat féminin à s'éloigner de la fiction pure au profit de situations vécues, le scénario de "Loundja", élaboré en français, son découpage évoquerait, cependant, plus un épisode de sitcom qu'une narration cinématographique, observe-t-on.