Déjà bien seule dans l'Union européenne en raison de ses incessants blocages, la Pologne s'est encore un peu plus isolée ces derniers jours en s'opposant avec virulence à deux organisations pourtant très consensuelles, le Conseil de l'Europe et l'OSCE. Avec une belle assurance patriotique, le gouvernement du Premier ministre Jaroslaw Kaczynski estime avoir raison contre tous et pratique une culture de l'affrontement sans concession qui est inhabituelle dans l'UE et encore plus dans les enceintes feutrées comme l'OSCE. Jaroslaw Kaczynski et son jumeau, le président Lech Kaczynski, ont fini par exaspérer la plupart des autres dirigeants européens, même si personne ne l'avoue publiquement. "Je me demande combien de temps les 26 autres Etats membres de l'UE vont accepter de supporter cela sans broncher", s'est interrogé cette semaine Martin Schulz, le chef du groupe socialiste au Parlement européen. "Mentalement, les frères Kaczynski ne sont pas encore entrés dans l'UE. Ils ne voient pas l'Union comme une partie d'eux-mêmes mais comme un adversaire potentiel", analyse Stephen Bastos, un chercheur de l'institut d'études allemand DGAP. "C'est un problème, les frères Kaczynski mènent un combat du bon contre le méchant qui ne connaît pas le compromis", ajoute-t-il. Le gouvernement polonais, et sa ministre des affaires étrangères Anna Fotyga, ont ainsi cherché noise à l'Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE) qui voulait simplement envoyer une mission d'observateurs à l'occasion des élections législatives anticipées du 21 octobre. Varsovie a refusé tout net et a accusé l'organisation de traiter la Pologne comme un pays du Tiers-Monde. Depuis, le gouvernement est prêt à reconsidérer sa décision, mais exige un geste de l'OSCE pour sauver la face. Jeudi, c'est le Conseil de l'Europe qui a essuyé une attaque virulente de Mme Fotyga. Elle n'a pas accepté que ce forum pan-européen de 47 pays ait institué pour le 10 octobre une "Journée européenne contre la peine de mort". Le projet émanait d'abord de l'UE mais il avait été refusé par la Pologne qui l'avait bloqué contre l'avis de ses 26 partenaires. Contrairement à l'UE, la décision ne réclamait pas l'unanimité au Conseil de l'Europe, qui est une organisation distincte Dans le même temps, le gouvernement polonais a ouvert un nouveau front avec la Commission européenne et ses voisins de la Baltique en refusant de respecter une interdiction de pêche au cabillaud dont les stocks ont considérablement diminué. Selon diplomates et analystes, l'approche des élections législatives, qui sont une entreprise risquée pour le parti conservateur des frères jumeaux Kaczynski, peut expliquer ces nouveaux éclats.