Les députés portugais ont adopté, avant-hier, le budget 2014, marqué par des coupes sévères dans les dépenses publiques et des hausses d'impôts s'élevant au total à 3,9 milliards d'euros, soit 2,3% du produit intérieur brut. La loi de finances a été adoptée par les élus de la coalition gouvernementale de centre droit dirigée par le Premier ministre Pedro Passos Coelho, qui dispose de 132 des 230 sièges du Parlement. L'ensemble de l'opposition de gauche, dont le Parti socialiste, a voté contre ce budget. "Le budget 2014 est un pas décisif pour permettre au Portugal de récupérer son autonomie financière" et "conclure son programme d'assistance financière" comme prévu en juin 2014, a fait valoir la ministre des Finances Maria Luis Albuquerque. Dans le cadre de son programme de sauvetage de 78 milliards d'euros obtenu en mai 2011, le Portugal s'est engagé vis-à-vis de ses créanciers à ramener son déficit public à 4% du PIB en 2014, contre 5,5% en 2013. Les mesures d'austérité qui entreront en vigueur le 1er janvier 2014 frappent de plein fouet les fonctionnaires et les retraités. Les fonctionnaires devront subir des réductions de leurs salaires allant de 2,5% à 12% pour les revenus dépassant 675 euros bruts par mois, ce qui a suscité les vives protestations des syndicats et de l'opposition de gauche. Ces coupes salariales s'ajoutent à des réductions de près de 10% dans les retraites des fonctionnaires supérieures à 600 euros par mois, une mesure que le président Anibal Cavaco Silva a soumise samedi au crible de la Cour constitutionnelle. Le budget prévoit également le report de l'âge de départ à la retraite à taux plein de 65 à 66 ans et la mise sous conditions de ressources des pensions de veuvage à partir d'un seuil de 2 000 euros. L'application de ces mesures dépendra en dernière instance de la Cour constitutionnelle, qui a déjà censuré à plusieurs reprises des décisions du gouvernement dont celle visant à faciliter le licenciement des fonctionnaires.
"Démission" Aux cris de "gouvernement, démission!" et "y en a marre des escrocs, on veut des élections", des milliers de Portugais protestaient devant le Parlement à l'appel de la CGTP, la principale confédération syndicale du pays. "Même si cette manifestation ne change pas le résultat du vote, c'est important que le gouvernement et les députés sachent que les Portugais s'opposent à ces mesures", a témoigné Isabel Quintas, une fonctionnaire à la retraite âgée de 61 ans. En tant qu'ancienne cadre de la Sécurité sociale, sa pension de retraite sera réduite de 300 euros à 1 300 euros par mois l'an prochain. Les fonctionnaires et retraités sont les catégories les plus touchées par la douloureuse cure d'austérité que le gouvernement a administrée au pays. L'effort demandé est immense, 3,9 milliards d'euros, soit 2,3% du PIB. Les sacrifices demandés aux Portugais doivent permettre au pays de ramener son déficit public à 4% du PIB en 2014, contre 5,5% en 2013. Inflexible, la troïka des créanciers (UE-FMI-BCE) avait refusé début octobre d'alléger cet objectif et de le porter à 4,5%. Elle sera de retour à Lisbonne le 4 décembre.
"Mesures injustes" En première ligne, les fonctionnaires subissent des baisses salariales allant de 2,5% à 12% qui viennent s'ajouter aux coupes dans leurs retraites. Seule concession du gouvernement, les coupes s'appliqueront finalement à partir d'un seuil de 675 euros et non de 600 euros comme prévu dans un premier temps. "Couper le salaire de quelqu'un qui rapporte à peine plus de 600 euros à la maison au bout d'un mois de travail, c'est vraiment inhumain", s'est emporté le député communiste Antonio Filipe durant le débat budgétaire. A l'instar de l'ensemble de l'opposition de gauche, le Parti socialiste devait voter à nouveau contre le budget, refusant de "donner un chèque en blanc" au gouvernement et de cautionner les contreparties au plan de sauvetage de 78 milliards d'euros qu'il avait pourtant cosigné en 2011. Son secrétaire général Antonio José Seguro a appelé le président Cavaco Silva à porter l'ensemble du budget 2014 devant la Cour constitutionnelle, pour corriger au plus vite d'autres mesures "injustes". Le PS a essuyé cependant un premier revers lundi, la Cour constitutionnelle ayant jugé conforme à la loi l'allongement de 35 à 40 heures du temps de travail hebdomadaire des fonctionnaires. Alors que les spéculations vont bon train sur une nouvelle hausse de la TVA pour se substituer à des mesures censurées, le ministre de l'Economie Antonio Pires de Lima a assuré qu'"il n'y a aucun plan B": "augmenter les impôts serait mauvais pour l'économie qui commence à remonter". Le Portugal a confirmé au troisième trimestre sa sortie de récession, en enregistrant une timide croissance de 0,2%. Mais la reprise est encore fragile et ne supporterait guère un nouveau choc fiscal.