Il est évident que les manifestations du 11 Décembre 1960 ont marqué l'entrée en scène des Algériens résidant dans les villes. Des milliers d'Algériennes et d'Algériens avaient investi les quartiers européens d'Alger, arborant le drapeau vert, blanc et rouge, et scandant des slogans favorables au FLN et au GPRA. Ces manifestations se sont étendues pour embraser l'ensemble du territoire algérien. Les manifestants réprimés dans le sang par l'armée et la police françaises, ont montré le ras-le-bol face à l'occupation française. Elles ont été l'occasion pour les colonialistes de faire valoir leur vengeance permanente. Ces événements sanglants qui ont frappé les villes comme les campagnes, du 9 au 11 décembre 1960, ont démontré clairement la détermination de l'armée française d'exterminer le peuple algérien qui revendique son droit légitime à la liberté et à l'indépendance. Pour les Algériens, cet événement est vécu comme une victoire, voire une nouvelle phase visant l'indépendance et la liberté. Les manifestations partout en Algérie, étaient une réponse ferme à la déclaration du général De Gaule: "Je ne négocie pas avec le FLN". Il avait comme alternative de mettre sur la sellette une troisième force pour négocier au nom du peuple algérien. Le retentissement de ces manifestations, en Algérie occupée, en France et partout dans le monde, ont obligé De Gaule à reconnaître qu'il n'y avait pas d'autre solution que l'indépendance de l'Algérie et la négociation avec le FLN. Nombre d'historiens qui se penchés sur ces événements soulignent que le général De Gaule, dès le mois de décembre 1960, s'était appuyé sur le Secrétaire d'Etat Louis Joxe, qu'il a chargé de rencontrer secrètement le ministre des Affaires étrangères du GPRA, Saâd Dahlab. A l'étranger, l'Inde, qui n'avait pas pris parti jusque-là, avait dénoncé cette répression française contre le peuple algérien. Le président chinois, Chou En Lai, avait exprimé au nom du gouvernement et du peuple chinois son extrême indignation. "La République Populaire de Chine et le peuple chinois expriment leur indignation extrême devant l'atrocité d'une tuerie générale du peuple algérien perpétrée par les colonialistes français à Alger et dans d'autres ville d'Algérie et élèvent leur protestation la plus énergétique à cet égard". Le dirigeant chinois de l'époque souligne encore : " L'héroïque peuple algérien a opposé une résistance résolue aux colonialistes français au moment où De Gaule est allé en Algérie pour mener des activités de complots". Pour tous les dirigeants du camp socialiste, ces événements tragiques qui avaient suscité leur indignation et leur profonde compassion confirmaient qu'il était indispensable de reconnaître au peuple algérien le droit à l'autodétermination. Ces manifestations avaient justifié la position du GPRA demandant un référendum sous le contrôle des Nations unies. Suite à ces événements sanglants, l'Assemblée générale des Nations unies avait voté une résolution, demandant l'autodétermination de l'Algérie sur la base de son droit à l'indépendance et de son intégrité territoriale.