L'activité privée de la zone euro a continué de progresser en décembre et a même accéléré après deux mois de ralentissement, un "signe que la zone euro n'a pas quitté la voie de la reprise", même si la France inquiète, indique le cabinet Markit. Le PMI composite de la zone euro s'est établi à 52,1 contre 51,7 en novembre, selon une première estimation publiée cette semaine. Lorsque l'indice dépasse les 50 points, cela signifie que l'activité progresse, tandis qu'elle se replie s'il est en dessous de ce seuil. Le PMI composite s'établit à son plus haut niveau en trois mois et devrait mettre en évidence la plus forte croissance trimestrielle au sein de la zone euro depuis deux ans et demi. "La hausse de l'indice PMI après deux mois de replis consécutifs est un grand soulagement", estime Chris Williamson, économiste chez Markit, qui y voit le "signe que la zone euro n'a pas quitté la voie de la reprise". Cela devrait toutefois se traduire par une croissance très faible (+0,2%) au 4e trimestre. Par conséquent, "la pression va rester forte sur la Banque centrale européenne pour prendre de nouvelles mesures décisives pour soutenir la reprise économique l'année prochaine", commente Ben May, de Capital Economics. Mais "la plus grosse inquiétude concerne la France où l'activité du secteur privé se replie pour le 2e mois consécutif". Le PMI français s'est établi à 47 contre 48 le mois précédent, à son plus bas niveau depuis mai. En cause: la faiblesse du secteur manufacturier. Cette situation renforce l'image d'"homme malade de l'Europe" de l'Hexagone, affirme M. Williamson, qui craint de voir la deuxième économie de la zone euro retomber en récession, qui se définit techniquement par deux trimestres consécutifs de repli du PIB. "Il reste à voir si la faiblesse du PMI français sera confirmée par les enquêtes de la Banque de France et de l'INSEE qui ont jusqu'ici, mieux prévu la croissance du PIB que les PMI", relativise Violante di Canossa, économiste pour Credit Suisse. En revanche, les données de l'enquête PMI signalent un bon trimestre de croissance en Allemagne, où le PIB devrait progresser de 0,5% même si le PMI a légèrement reculé en décembre. Ces données laissent supposer que le rebond du PMI de la zone euro dans son ensemble est attribuable à l'Italie et à l'Espagne, les troisième et quatrième économies de l'Union monétaire. Dans l'ensemble de la zone euro, la croissance se révèle toutefois irrégulière: "elle se concentre sur le secteur manufacturier qui, grâce à la hausse des exportations, enregistre sa plus forte expansion depuis deux ans et demi (indice à 52,7, plus haut en 31 mois). Mais dans le secteur des services, la faiblesse de la demande intérieure entraîne un nouveau ralentissement de la croissance (indice à 51,0, plus bas depuis quatre mois)", indique l'économiste de Markit.
Excédent commercial de 17,2 milliards d'euros La zone euro a enregistré un excédent commercial de 17,2 milliards d'euros en octobre, contre 10,9 milliards en septembre (chiffre revu à la baisse), selon les premières estimations publiées par l'office européen de statistiques Eurostat. En données corrigées des variations saisonnières, les exportations ont augmenté de 0,2% comparé à septembre, et les importations ont baissé de 1,2%, précise Eurostat dans un communiqué. Un an plus tôt, en octobre 2012, la zone euro avait enregistré un excédent commercial de 9,6 milliards d'euros. L'Union européenne dans son ensemble a enregistré un excédent commercial de 4,3 milliards d'euros en octobre, selon de premières estimations, contre un déficit de 10,2 milliards d'euros un an plus tôt. Sur la période allant de janvier à septembre 2013 dans l'ensemble de l'UE, le déficit dans le domaine de l'énergie a continué à se réduire, à 287,1 milliards d'euros contre un déficit de 315,3 milliards sur la même période un an plus tôt. L'excédent pour les produits manufacturés a augmenté, à 286,6 milliards d'euros contre 254,2 milliards de janvier à septembre 2012. Les importations de l'UE en provenance de la plupart de ses partenaires ont diminué sur la période de janvier à septembre 2013 par rapport aux neuf premiers mois de 2012, à l'exception de celles en provenance de Turquie (+4%) et d'Inde (+1%). Les baisses les plus importantes ont concerné les importations en provenance du Japon (-15%), du Brésil (-14%), de Suisse (-12%) et de Norvège (-11%). Concernant les exportations, les plus fortes hausses ont été enregistrées vers la Suisse (+32%) et la Turquie (+5%), et les baisses les plus marquées ont concerné les exportations vers l'Inde (-5%), les Etats-Unis et le Japon (-3% chacun).
L'inflation est repartie à la hausse en novembre L'inflation a légèrement accéléré en novembre dans la zone euro, a confirmé l'office européen des statistiques Eurostat, après avoir atteint le mois précédent son plus bas niveau en presque quatre ans, alimentant les craintes de déflation. La hausse des prix a été de 0,9% sur un an, après seulement 0,7% le mois précédent. Il y a un an, en novembre 2012, le taux d'inflation était encore de 2,2%. Les prix sont repartis à la hausse notamment dans l'"alimentation, boissons alcoolisées et tabac", secteur qui devrait connaître le taux annuel le plus élevé en novembre, à 1,6% (mais en baisse par rapport à octobre où il était à 1,9%), suivi des services (1,4% après 1,2% en octobre). Le secteur des biens industriels hors énergie a vu ses prix continuer de progresser malgré un léger ralentissement (+0,2% en novembre après +0,3% le mois précédent). Mais les prix dans le secteur de l'énergie, en baisse depuis plusieurs mois, ont pesé sur la tendance: ils se sont repliés de 1,1% en novembre, après un recul de 1,7% en octobre. En novembre, les taux annuels d'inflation les plus faibles ont été observés en Grèce (-2,9%) et à Chypre (-0,8%), et les plus élevés en Estonie (2,1%), en Finlande (1,8%) et en Allemagne (1,6%). Ces chiffres restent très en-dessous de l'objectif fixé par la Banque centrale européenne, dont le mandat est de maintenir l'inflation proche (mais en-dessous) du seuil de 2% à moyen terme. Début décembre, la BCE a estimé que la zone euro allait connaître "une période prolongée de basse inflation" avant que celle-ci n'accélère de nouveau progressivement. L'institut monétaire a revu à la baisse ses prévisions de hausse des prix désormais attendue à 1,4% en 2013 (contre +1,5% auparavant) et à 1,1% pour 2014 (contre +1,3%). En 2015, la hausse des prix devrait toutefois regagner en vigueur (+1,3%). En novembre, c'est cette faiblesse des prix qui avait conduit la BCE à abaisser son principal taux directeur, à 0,25%, un niveau historiquement bas.