Les Européens ont bouclé cette semaine une nouvelle année de crise en se félicitant d'être parvenus à sauver la Grèce et à mettre sur les rails le contrôle de leurs banques. Ils ont en revanche revu leurs ambitions à la baisse sur l'approfondissement de leur union économique et monétaire. Le temps où l'Europe donnait au monde le spectacle de la crise et de la désunion "est terminé", s'est félicité le président français François Hollande au second jour du dernier sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE de l'année à Bruxelles. Les 27 ont salué l'esprit de compromis qui leur a permis, jeudi et vendredi, de s'accorder sur le principe de mécanismes uniques de résolution des crises bancaires et de garanties des dépôts. Ces dispositifs doivent voir le jour respectivement fin 2013 et début 2014 et compléteront le mécanisme de supervision sur lequel leurs ministres des Finances se sont entendus. Grandes décisions pour 2014 Mais au final, ils ont mandaté le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, pour qu'il présente en juin un calendrier d'actions, moins ambitieux que celui qu'il avait lui-même proposé il y a quelques jours, renvoyant les grandes décisions à l'horizon 2014, après les élections européennes. Parmi ces actions possibles, figurent des "accords contractuels" que des Etats pourront passer avec les institutions européennes et dans lesquels ils s'engageront à des réformes structurelles en échange d'incitations financières. La chancelière allemande Angela Merkel, a en revanche prévenu que les contrats auraient "un budget très limité, pas un nombre de milliards à trois chiffres, plutôt 10, 15 ou 20 milliards d'euros". Ils n'ont par ailleurs pas retenu l'idée d'une "capacité budgétaire" permettant d'aider des pays confrontés à des problèmes économiques conjoncturels, acceptant seulement de parler de "mécanismes de solidarité" associés aux contrats. L'activité se contracte moins fortement en décembre L'activité du secteur privé dans la zone euro s'est contractée moins fortement en décembre qu'en novembre, en particulier dans les services, selon une première estimation de l'indice PMI publiée, apportant une lueur d'espoir pour la croissance, selon les analystes.L'indice PMI composite s'est inscrit à 47,3 en décembre, atteignant son plus haut niveau en neuf mois, contre 46,5 en novembre, selon la société Markit qui publie l'indice. C'est mieux que le consensus des analystes, qui s'attendaient à 46,9, note Ben May, de Capital Economics Lorsque l'indice PMI dépasse 50 points, cela signifie que l'activité progresse, tandis qu'elle se contracte s'il est inférieur à ce seuil. Dans l'industrie manufacturière, le taux de repli reste inchangé par rapport au plus bas de sept mois enregistré en novembre: il est à 46,3 contre 46,2. Mais dans les services, le recul de l'activité est le plus faible enregistré depuis juillet. Il s'inscrit à 47,8 contre 46,7 en novembre. La récession actuellement en cours dans la zone euro montre de nouveaux signes de ralentissement en décembre, nourrissant les espoirs d'une amélioration des perspectives à l'horizon 2013, note Chris Williamson, chef économiste de Markit. Il semble en effet que le taux de contraction de l'activité ait culminé en octobre, l'indice PMI s'étant depuis lors redressé de manière constante, sans pour autant afficher un rebond spectaculaire, souligne-t-il. Toutefois, les dernières données de l'indice demeurent conformes à un troisième recul trimestriel consécutif du PIB en ce dernier trimestre 2012, ajoute M. Williamson. La zone euro a enregistré une contraction de son activité de 0,1% au troisième trimestre, après s'être repliée de 0,2% au trimestre précédent, ce qui confirme son entrée en récession pour la deuxième fois en trois ans. Le secteur industriel devrait peser fortement sur l'économie au quatrième trimestre, ce qui laisse penser qu'un recul de 0,5% ou plus du PIB n'est pas à exclure, anticipe Ben May. Moins pessimistes, les analystes de Credit Suisse mettent l'accent sur l'amélioration de l'indice pour les services en Allemagne, signe probable d'un redémarrage de la demande intérieure, ce qui pour eux indique que le quatrième trimestre se termine mieux qu'il n'a commencé. L'indice PMI est une nouvelle preuve que la récession ralentit dans la zone euro, selon Martin Van Vliet, de la banque ING. Il relève que l'indice composite pour la France, à 45,0, s'est amélioré pour le quatrième mois consécutif, tandis que celui de l'Allemagne repasse au-dessus de la barre des 50 points (50,5) pour la première fois depuis avril. Selon lui, il est prématuré de penser qu'un retour à une croissance soutenue est imminent, mais on pourrait voir un retour à une croissance très limitée au deuxième trimestre de l'an prochain. L'inflation a ralenti en novembre à 2,2% L'inflation a nettement ralenti en novembre dans la zone euro, à 2,2% sur un an contre 2,5% le mois précédent, a confirmé l'office européen de statistiques Eurostat en publiant une deuxième estimation. Ce chiffre est conforme à la première estimation d'Eurostat et confirme le ralentissement de l'inflation observé depuis le début de l'année, mais qui avait été interrompu en août et septembre. Cette statistique devrait apaiser les craintes de la Banque centrale européenne, chargée d'assurer la stabilité des prix, même si l'inflation dépasse depuis 24 mois le seuil de 2% visé à moyen terme par l'institut monétaire. Les principales composantes de l'inflation en novembre ont été les boissons alcoolisées et le tabac (3,7%), le logement (3,6%) et les transports (3,0%), tandis que les taux annuels les plus faibles ont été observés pour les communications (-4,1%) ainsi que pour l'équipement ménager, et les loisirs et la culture (1,1% chacun). Dans le détail, les carburants pour le transport (+0,14 point de pourcentage), l'électricité (+0,10) et le gaz (+0,08) ont eu les plus forts impacts à la hausse sur le niveau de l'inflation en novembre. Parmi les pays de la zone euro, les taux d'inflation les plus faibles ont été observés en Grèce (0,4%) et à Chypre (1,4%), et le plus élevé en Estonie (3,8%). Au niveau de l'Union européenne, le taux d'inflation annuel a été de 2,4% en novembre, contre 2,6% en octobre. Un an auparavant, il était de 3,3%.