L'inflation est restée stable en décembre à 2,2% sur un an dans la zone euro, comme en novembre, a indiqué l'office européen de statistiques Eurostat dans une première estimation. Ce chiffre, qui correspond aux attentes des analystes interrogés par DowJones Newswires, confirme le ralentissement de l'inflation constaté depuis début 2012, et qui avait été interrompu deux mois en août et septembre. Eurostat détaille les principales composantes de l'inflation. Une fois encore, c'est l'énergie qui connaît le taux annuel le plus élevé, à 5,2%, signalant malgré tout un ralentissement par rapport à novembre (5,7%). Ce ralentissement a été compensé d'une part par une légère accélération dans le secteur "alimentation, boissons alcoolisées et tabac", à 3,1% contre 3,0% en novembre, et surtout dans les services (1,8%, comparé à 1,6% en novembre). L'inflation est restée stable dans les biens industriels hors énergie (1,1%). "Il n'y a rien de vraiment alarmant dans les chiffres de l'inflation de décembre dans la zone euro car les pressions inflationnistes sous-jacentes restent absentes sur fond de faiblesse de l'activité économique et de hausse du chômage", souligne Howard Archer, d'IHS Global Insight. Autrement dit, même s'il dépasse depuis 25 mois le seuil de 2% visé à moyen terme par la Banque centrale européenne, ce niveau d'inflation n'est pas de nature à inciter la BCE à relever ses taux d'intérêt. L'institution monétaire, qui a laissé son principal taux directeur à 0,75% depuis juillet, un niveau historiquement bas, est de fait plus préoccupée par la relance de la croissance dans la zone euro, entrée en récession au 3e trimestre 2012, et anticipe désormais un recul du PIB de 0,3% en 2013. Pour M. Archer, "il semble probable que l'inflation va descendre sous les 2% dans les prochains mois, ce qui va faire du bien au pouvoir d'achat des consommateurs et facilitera la tâche de la BCE pour stimuler l'économie". Martin Van Vliet, d'ING, pense lui aussi que l'inflation va passer sous les 2% "vers le milieu de l'année", notamment sous l'effet de la baisse des prix de l'énergie, et que les pressions inflationnistes vont rester absentes "pendant un certain temps". "Pour l'instant, étant donné que les tensions sur le marché de la dette dans la zone euro s'apaisent et que la croissance mondiale semble repartir, la BCE devrait maintenir sa position attentiste concernant les taux d'intérêt. Mais si la reprise ne se matérialise pas, elle risque d'être forcée à agir", estime-t-il. Selon Howard Archer, "il semble probable que la BCE va s'abstenir de baisser ses taux d'intérêt lors de sa réunion du 10 janvier", mais elle devrait être amenée à faire passer son principal taux directeur de 0,75% à 0,50% "au cours du premier trimestre". La contraction de l'activité a ralenti en fin d'année La contraction de l'activité a ralenti en décembre dans la zone euro, grâce à l'Allemagne, qui a renoué avec la croissance, et malgré la prolongation de la récession en France, en Italie et en Espagne, selon le cabinet Markit. L'indice PMI composite, publié, s'est inscrit à 47,2 dans la zone euro en décembre, soit à peine moins que dans la première estimation (47,3), et nettement mieux qu'en novembre (46,5). Lorsque l'indice dépasse les 50 points, cela signifie que l'activité progresse, tandis qu'elle se contracte s'il est inférieur à ce seuil. Ces résultats "laissent entrevoir une possible atténuation de la forte récession à double creux que traverse actuellement la zone euro", selon Chris Williamson, chef économiste de Markit. En effet, souligne-t-il, "dans les quatre principales économies de la région, les indices PMI nationaux atteignent en décembre des sommets de plusieurs mois, indiquant un ralentissement de la contraction en France, en Italie et en Espagne, et une stabilisation de l'activité en Allemagne". En Allemagne, l'indice était à 50,3 en décembre, soit son plus haut niveau en huit mois. A 45,7 en Italie, il a atteint un plus haut de 11 mois. En Espagne, il était à 43,9, soit son plus haut niveau en neuf mois, et en France à 44,6, son plus haut niveau en quatre mois. Comme souvent, l'Irlande fait figure d'exception avec un vigoureux indice à 54,2, marquant tout de même un plus bas de trois mois. Même si l'amélioration de l'indice pour la zone euro n'a pas suffi, selon M. Williamson, à empêcher une accélération de la contraction au quatrième trimestre 2012, "les dernières données de l'enquête semblent en partie conforter l'idée selon laquelle le plus fort de la crise est passé, et permettent d'espérer un retour à la croissance à l'horizon 2013". Publié en même temps que l'indice composite, l'indice PMI dans les services s'est redressé en décembre à 47,8 contre 46,7 en novembre, et a atteint son plus haut niveau depuis cinq mois.