Les spéculations sur la privatisation du Crédit populaire d'Algérie (CPA) s'amplifient au fur et à mesure que la date butoir pour l'examen des soumissions approche. Hier encore, c'est le Crédit Agricole (banque française), l'un des six prétendants à la reprise du CPA, qui vient de commenter à nouveau la conjoncture dans laquelle le CPA se prépare à ouvrir son capital au privé. Dans sa lecture, le Crédit Agricole n'a pas manqué de faire un lien entre les préparatifs de cette privatisation et la crise qui plane actuellement sur de nombreux marchés financiers à l'échelle planétaire. Selon le quotidien on-line "Tout sur l'Algérie", le président de cette banque hexagonale a laissé entendre, avant-hier, qu'"il serait peu sérieux d'affirmer que cette la crise financière internationale actuelle touche à sa fin. (...) Sur les activités du marché nous sommes encore loin des niveaux d'il y a trois mois". Le Crédit Agricole a toujours affiché l'apparence du candidat le plus ambitieux pour la reprise de la première banque algérienne privatisable. Pour mieux mettre dans une mauvaise posture ses concurrents dans la course, le Crédit Agricole estime aussi que ces derniers "traversent une période difficile à l'image de BNP Paribas", avant de préciser qu'à l'ombre de cette crise financière "les cinq premières banques européennes en termes de capitalisation boursière ont vu près de 45 milliards d'euros de valorisation s'envoler en fumée depuis le 10 juillet dernier". Les cercles proches des candidats à l'entrée dans le capital du CPA estiment que "si le gouvernement algérien avait privatisé le CPA il y a un an, il aurait obtenu beaucoup plus que ce qu'il ne peut espérer aujourd'hui". D'emblée, il est clair que les promoteurs de cette thèse tentent de dissuader la partie algérienne en l'invitant à ne pas placer "la barre très haut" dans l'ouverture du capital du CPA. Dans le même sens, le Crédit Agricole semble sur le point de renoncer à la volonté qui l'animait auparavant quant à sa détermination de "casser la baraque" et présenter la meilleure offre financière dans cette opération. Aujourd'hui, sur la base d'une étude qui a valorisé la banque algérienne à 1,1 milliard d'euros, le Crédit Agricole est à la recherche de "subterfuges" qui justifieraient son éventuel pas en arrière, en estimant qu' "il est difficile d'offrir 550 millions d'euros" en cette conjoncture. En tout cas, contrairement à BNP Paribas qui compte accompagner son offre financière avec un vaste programme de développement et de modernisation du CPA, le Crédit Agricole, quant à lui, compte jouer toutes ses cartes sur le plan financier en laissant même entendre qu'il est prêt à remettre "un gros chèque" pour l'entrée dans le capital du CPA. Mais, quelques jours plus tard, la tendance est à la révision à la baisse des ambitions chez le Crédit Agricole. Par ailleurs, dans la vague des perturbations que connaissent les places financières à l'échelle mondiale actuellement, des sources bancaires à Paris estiment que dans la région du Maghreb, les banques ont une moyenne de valorisation correspondant à 2,4 fois leurs fonds propres. Sur cette base, le CPA a été valorisé à 1,1 milliard d'euros. Le marché bancaire algérien est compétitif et le CPA se trouve en position de force avec son réseau de 129 agences, 15 succursales, plus de 1,2 million de clients, un total d'actifs de 4,8 milliards d'euros, un portefeuille de crédits de 1,5 milliard d'euros, un portefeuille de titres de 1,5 milliard d'euros et un total de dépôt de 3,4 milliards d'euros.