C'est hier que la ministre chargée de la Réforme financière, Mme Fatiha Mentouri, a présenté au Conseil des participations de l'Etat deux exposés portant sur l'ouverture du capital du Crédit populaire d'Algérie (CPA) ainsi que de la Banque de développement local (BDL). Il est vrai que le processus d'ouverture du capital du CPA est à sa phase finale puisque l'ouverture des plis des offres techniques des six banques préqualifiées pour la reprise de 51% du capital de la banque est prévue pour le mois en cours. Aussi, cette première "privatisation" dans le secteur bancaire algérien a drainé plus que des convoitises. Pas moins de six banques d'envergure internationale à savoir BNP Paribas (France), Citibank (Etats-Unis), Crédit Agricole (France), Natexis-Banque Populaire (France), Santander (Espagne) et Société Générale (France) sont à l'affût. Même si certains bruits courraient à propos de l'éventuel retrait de la banque espagnole Santander, rien de concret n'en est paru. Pour leur part, les banques françaises n'hésitent pas à réitérer à chaque fois leur ferme intention à se livrer une guerre sans merci pour arriver à leur fin. Il est vrai que l'enjeu est de taille. Le CPA est valorisé à 1,1 milliard d'euros. Le futur repreneur devra donc débourser au moins 550 millions d'euros. Mais d'autres facteurs entrent en considération. Le marché bancaire algérien est compétitif et la mariée est belle : 129 agences bancaires, 15 succursales, plus de 1,2 million de clients, un total d'actifs de 4,8 milliards d'euros, un portefeuille de crédits de 1,5 milliard d'euros, un portefeuille de titres de 1,5 milliard d'euros et un total de dépôt de 3,4 milliards d'euros… Mieux : il s'agit de la première opération de privatisation d'une banque publique. Et la bataille s'annonce déjà dure entre deux banques françaises en particulier. Le Crédit Agricole et BNP Parisbas. Dans ce contexte, Michel Pébereau, président de BNP Paribas a indiqué que sa banque est "très intéressée par le processus de privatisation du CPA. Nous sommes une banque particulièrement bien placée par rapport aux autres candidats, vu notre position de leader dans le Bassin méditerranéen et le Golfe". Parmi les propositions qui devraient être contenues dans l'offre de BNP Paribas figurent notamment le développement du réseau d'agences du CPA, un plan de formation pour le personnel et surtout une intégration dans le groupe BNP Paribas. Pour sa part, le Crédit Agricole semble déterminé à remporter cette bataille. "La banque est prête à signer un gros chèque pour s'emparer du CPA mais cela risque de ne pas suffire. L'Algérie n'a pas forcément besoin que d'argent dans cette opération". Mais le Crédit Agricole a d'autres arguments pour convaincre : garder le réseau d'agences actuel du CPA, développer la banque dans les zones rurales - une spécialité du Crédit Agricole - et mettre tous les moyens financiers pour la développer. En tout état de cause, il semble difficile aujourd'hui de dire qui reprendra le CPA. Dans son choix, le gouvernement n'a pas le droit à l'erreur. Un éventuel échec de l'ouverture du capital du CPA aurait des conséquences néfastes sur l'avenir de cette banque et la réforme bancaire en général. Pour ce qui est de la BDL, on en est encore aux tâtonnements. D'ailleurs, aucune date exacte n'a encore été annoncée pour le lancement de l'opération. Une chose est sûre en tout cas, celle-ci devrait intervenir à l'horizon 2008/2009 après un audit technique et comptable, un diagnostic des structures et une introduction sur le marché. Aussi, l'ouverture du capital de la BDL se fera à hauteur de 30 %. C'est donc une opération qui permettra au gouvernement algérien de trouver un partenaire tout en gardant une position majoritaire.