Un nouvel attentat a secoué Le Caire hier matin alors que l'Egypte commémorait dans une atmosphère extrêmement tendue le troisième anniversaire du début du soulèvement populaire contre Hosni Moubarak en 2011. L'explosion, qui n'a pas fait de blessé, selon le ministère de l'Intérieur, s'est produite près d'une académie de police de la capitale égyptienne, au lendemain d'une vague d'attentats contre les forces de l'ordre. Les attentats de vendredi ont été revendiqués par Ansar Baït al Makdis, un groupe djihadiste du Sinaï lié à Al Qaïda, a indiqué hier la société SITE de surveillance des sites islamistes. Des groupes islamistes ont multiplié les attaques contre la police et l'armée depuis le renversement du président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, en juillet dernier, et surtout la dispersion sanglante - plus d'un millier de morts - des sit-in de ses partisans en août au Caire. Une répression implacable s'est parallèlement abattue sur les Frères musulmans, qui disent prôner une résistance "pacifique" mais ont été qualifiés en décembre d'organisation "terroriste" par le nouveau pouvoir après un précédent attentat revendiqué par Ansar Baït al Makdis. La répression s'est récemment étendue aux autres voix discordantes, dont plusieurs figures de proue de la "révolution du Nil" de 2011, jetées en prison pour avoir contesté une nouvelle loi restreignant le droit de manifester, ce qui a suscité la critique des pays occidentaux et des défenseurs des droits de l'homme. Ces derniers dénoncent un climat de "revanche" de l'appareil sécuritaire et des partisans d'Hosni Moubarak. De nouvelles violences sont redoutées pendant la journée de samedi lors des rassemblements prévus par les islamistes d'un côté, les partisans de l'armée de l'autre, qui appellent son chef, le général Abdel Fattah al Sissi, à se présenter à la présidentielle du printemps prochain. Les lieux stratégiques du Caire, dont la place Tahrir, épicentre du soulèvement de 2011, ont été bouclés et des hélicoptères militaires survolent la ville quadrillée par la police et l'armée.
Ansar Baït al Makdis revendique les attentats Un groupe djihadiste égyptien qui s'inspire d'Al-Qaïda a revendiqué les quatre attentats meurtriers qui ont visé la police au Caire la veille, recommandant aux Musulmans de rester éloignés des installations des forces de sécurité hier. Sur un forum djihadiste sur internet, Ansar Beït al-Maqdess (Les Partisans de Jérusalem), un groupe d'insurgés islamistes qui s'attaque depuis deux ans aux forces de l'ordre dans la péninsule du Sinaï, d'où il tire régulièrement des roquettes sur le territoire israélien voisin, a revendiqué les quatre explosions de bombes qui ont fait six morts vendredi au Caire. Depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi le 3 juillet par l'armée, ce groupe a multiplié ses attentats contre les forces de l'ordre, jusqu'au cœur du Caire, en représailles selon lui au massacre des partisans du chef de l'Etat déchu. Plus d'un millier de manifestants pro-Morsi ont été tués par les policiers et les militaires depuis 7 mois. Or samedi, le pouvoir intérimaire dirigé de facto par l'armée a appelé les Egyptiens à descendre massivement dans la rue pour célébrer le troisième anniversaire de la révolte populaire qui emporta le régime de Hosni Moubarak début 2011, en même temps que les Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi, qui appelle à manifester. Dans ce contexte, nous renouvelons notre appel aux Egyptiens: tenez-vous éloignés des installations de la police et des forces de sécurité parce que nous faisons beaucoup d'efforts pour essayer d'éviter de blesser des musulmans, conclut le communiqué de Ansar Beït al-Maqdess.