Issue d'une famille de migrants algériens, rien ne destinait Zahia Ziouani à devenir un jour chef d'orchestre. A 35 ans, elle est à la tête de Divertimento et cherche à transmettre sa passion de la musique classique à tous, y compris aux personnes des milieux populaires. Ses parents mélomanes, sont venus en France dans les années 60 où ils ont vécu modestement, près de Paris. C'est grâce à eux que leurs deux filles et leur fils ont commencé à fréquenter le conservatoire. La sœur jumelle de Zahia est aujourd'hui violoncelliste concertiste. L'orchestre symphonique Divertimento, dont le siège est situé à Stains, en Seine-Saint-Denis, vient de briller au festival des Folles journées de Nantes consacré, cette année, à la musique américaine du XXe siècle. Sous la baguette de Zahia, ont ainsi été interprétés aussi bien des airs de comédies musicales, de la musique contemporaine que des bandes originales de films. Quand cette jeune femme brune, toute vêtue de noir, se penche sur son pupitre pour réclamer le silence, le public retient son souffle. Et quand elle lance la charge de la Guerre des étoiles, de John Williams avec ses 70 musiciens, elle emporte le public, toutes générations confondues. Devenue une artiste reconnue, elle s'insurge encore contre les schémas sociaux et ne veut pas se cantonner à jouer de la musique populaire pour les classes défavorisées. Avec l'école de musique de Stains, qu'elle dirige également, elle cherche à déceler les futurs talents des orchestres de demain, mais aussi former un public de mélomanes de jeunes qu'on croit habitués à n'écouter que du rap. C'est à l'âge de 17 qu'elle a été reconnue par le Roumain, Sergiu Celibidache, considéré comme un des plus grands chefs du XXe siècle qui, après l'avoir vue diriger, la choisit pour suivre ses cours avec une dizaine d'autres privilégiés en la mettant en garde. Sa culture, mais surtout ses qualités artistiques, lui ont permis de diriger, durant plusieurs années, à titre d'invité, l'Orchestre national symphonique d'Algérie.
