Les deux Corées ont repris hier leurs discussions en vue de trouver un accord permettant la réunion de familles séparées par la guerre, malgré des exercices militaires à venir entre le Sud et les Etats-Unis qui irritent Pyongyang. Ces discussions n'ont pas d'ordre du jour précis, mais le premier tour de table mercredi, qui ne s'est soldé par aucun résultat tangible, a clairement fait ressortir les points de discorde. Le Sud exige du Nord qu'il garantisse la prochaine réunion de familles séparées par la guerre (1950-53) prévue du 20 au 25 février dans la station du mont Kumgang, en territoire nord-coréen. La Corée du Nord insiste de son côté sur le report du début des manœuvres annuelles entre les forces armées sud-coréennes et américaines, prévu le 24 février. Cette question devait être au cœur des pourparlers vendredi dans le village frontalier de Panmunjom, où fut signé l'armistice de 1953. Pyongyang considère ces exercices comme un entraînement à une invasion de son territoire. Séoul et Washington affirment qu'il s'agit de manœuvres défensives. Séoul a pour le moment opposé une fin de non-recevoir à cette demande, arguant que les manœuvres et les réunions des familles ne pouvaient dépendre l'une de l'autre. Ces discussions, les premières à ce niveau de représentation depuis 7 ans, font suite aux récentes déclarations des dirigeants des deux pays --le Nord-Coréen Kim Jong-Un et la Sud-Coréenne Park Geun-Hye-- plaidant pour une amélioration des relations bilatérales. Un accord ouvrirait potentiellement la voie à l'examen d'autres sujets épineux, selon Robert Carlin, un ancien diplomate américain qui collabore au site 38 North consacré à la Corée du Nord. Quand elles le veulent (ce qui malheureusement ne se produit pas souvent) les deux parties sont capables d'apporter des solutions ingénieuses à des problèmes réputés inextricables, affirme-t-il. Le fait que le Nord demande un simple report des exercices militaires est en soi un progrès, souligne-t-il, alors que Pyongyang a toujours réclamé leur suppression définitive. De passage à Séoul la veille, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a apporté son soutien aux efforts de Park Geun-Hye pour établir un climat de confiance avec le Nord. Il a toutefois appelé le régime nord-coréen à ne pas prendre en otage les familles attendant de revoir leurs proches en faisant du report ou de l'annulation des manœuvres une condition à leur réunion. M. Kerry se trouvait vendredi à Pékin, où il devait encourager la Chine à s'appuyer sur l'influence unique dont elle dispose pour convaincre Pyongyang de prouver sa volonté réelle de redémarrer les négociations à Six (les deux Corées, la Russie, le Japon, la Chine et les Etats-Unis). Ces négociations, interrompues fin 2008, visent à convaincre la Corée du Nord d'abandonner son programme nucléaire en échange d'une aide, notamment énergétique. Le site 38 North a révélé hier que la Corée du Nord avait accéléré de façon significative les travaux d'excavation sur son principal site nucléaire de Punggye-ri. Il n'y a aucun signe indiquant qu'un essai est en préparation, a cependant ajouté le site. La Corée du Nord a procédé l'an dernier à son troisième essai nucléaire souterrain, défiant les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. Les experts internationaux estiment qu'elle détient suffisamment de matériaux fissiles (du plutonium notamment) pour fabriquer entre six et dix bombes nucléaires.