«Il n'y aura pas de discussions demain» (aujourd'hui), a déclaré une porte-parole du ministère sud-coréen de l'Unification, chargé des affaires intercoréennes, sans préciser si le rendez-vous est différé ou annulé. La Corée du Sud a annoncé hier l'annulation des pourparlers avec la Corée du Nord prévus mercredi, les premiers depuis plusieurs années à ce niveau et après des mois de tensions entre Pyongyang et les Etats-Unis, menacés de destruction nucléaire par le régime communiste. «Il n'y aura pas de discussions demain» (aujourd'hui), a déclaré une porte-parole du ministère sud-coréen de l'Unification, chargé des affaires intercoréennes, sans préciser si le rendez-vous avait été simplement différé ou annulé. Séoul avait fait état quelques heures auparavant de difficultés dans la composition des délégations qui devaient se retrouver aujourd'hui et demain à l'hôtel Grand Hilton de la capitale sud-coréenne. La Corée du Nord a fait savoir que «notre chef de délégation lui posait problème», avait indiqué un responsable gouvernemental sud-coréen sous couvert de l'anonymat. Après des mois de tensions militaires qui n'ont cessé de croître depuis l'arrivée au pouvoir du jeune Kim Jong-Un fin 2011, la Corée du Sud et ses alliés ainsi que les puissances régionales, Chine et Japon en tête, se réjouissent de voir Pyongyang désireux de renouer le dialogue. Mais pour obtenir des résultats, les négociations doivent être menées par des représentants dotés de véritables pouvoirs de décision et l'échec des tractations sur les délégations hier signale le degré de défiance qui s'est installé entre les deux pays depuis la partition à l'issue de la Guerre de Corée en 1953. La Corée du Sud avait souhaité deux jours de pourparlers entre le ministre de l'Unification, Ryoo Kihl-Jae, en charge des relations avec la Corée du Nord, et son homologue nord-coréen, Kim Yang-Gon. Un dialogue de ce niveau ne s'est pas tenu depuis 2007. Mais la Corée du Nord a refusé, et les deux parties sont convenues de désigner des hauts fonctionnaires dont les responsabilités dans la gestion des affaires intercoréennes restent floues. L'accord sur la tenue d'une première rencontre rapide à haut niveau de responsabilité avait été obtenu lundi après de longues tractations entre des responsables des deux Corée dans le village frontalier de Panmunjom. Un lieu chargé d'histoire et de symboles puisque c'est là que fut signé l'armistice qui a mis fin à la Guerre de Corée (1950-1953). Séoul avait souhaité un ordre du jour très large mais Pyongyang s'y opposait, exigeant d'aborder en priorité les dossiers économiques et au premier chef l'avenir du site industriel de Kaesong. Crucial pour l'obtention de devises étrangères par le régime communiste, ce complexe, où travaillaient plus de 50.000 employés nord-coréens et des centaines de cadres sud-coréens, avait pourtant été fermé unilatéralement par Pyongyang début avril, à l'acmé des tensions militaires avec Séoul et son allié américain. La réunion de Panmunjom survenait après un retournement inattendu de la position de Pyongyang, qui a subitement mis en sourdine ses menaces belliqueuses et proposé d'ouvrir un dialogue avec la Corée du Sud. L'apparent fléchissement nord-coréen a été accueilli avec un soulagement teinté de grande prudence à Séoul, les rendez-vous manqués entre les deux pays jalonnant leur histoire commune. La Corée du Nord et la Corée du Sud restent techniquement en état de guerre puisque la guerre de Corée s'est terminée par un armistice et non par un traité de paix. La présidente sud-coréenne Park Geun-Hye a dit hier espérer que ces pourparlers poseraient «un premier jalon» dans un processus de rapprochement devant mener à une paix durable sur la péninsule coréenne.