Les cours du pétrole étaient mitigés hier matin en Asie, les prises de bénéfices après la hausse des derniers jours étant limitées par le mauvais temps aux Etats-Unis et les tensions au Soudan du Sud et au Venezuela, pays pétroliers. Dans les échanges matinaux, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars gagnait 29 cents à 102,72 dollars, tandis que le Brent, échéance avril, reculait de 26 cents à 110,20 dollars. "Les températures extrêmes (de cet hiver) dopent la demande de fioul de chauffage, ce qui profite au prix du WTI", a indiqué Tan Chee Tat, analyste chez Phillip Futures à Singapour. La veille, les cours avaient affiché de nettes hausses et atteint des records depuis octobre pour le WTI et le début d'année pour le Brent. Un regain des violences au Soudan du Sud et au des manifestations au Venezuela soutiennent également les cours du brut. Le cessez-le-feu signé au terme de négociations laborieuses fin janvier a volé en éclats au Soudan du Sud, après la vaste offensive menée par les rebelles pour reprendre aux forces gouvernementales la ville stratégique de Malakal, capitale de l'Etat pétrolier du Haut-Nil (nord-est). Au Venezuela, l'opposant en fuite Leopoldo Lopez s'est rendu à la police à Caracas lors d'une journée marquée par la mobilisation des partisans et des opposants au président Nicolas Maduro, confronté depuis 15 jours à une grogne sociale parfois violente. Les analystes attendent par ailleurs la publication de l'indice PMI de l'industrie manufacturière en Chine pour février, publiée jeudi par la banque HSBC, pour avoir une idée plus précise de la santé de la deuxième économie mondiale. En janvier, la production manufacturière en Chine s'était contractée, atteignant son plus bas niveau depuis six mois. La veille, le prix du pétrole new-yorkais s'est envolé à son plus haut niveau en quatre mois, profitant de tensions géopolitiques dans plusieurs pays producteurs de brut, d'un hiver américain toujours rigoureux et de l'anticipation d'une nouvelle baisse des stocks à Cushing. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars a grimpé de 2,13 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) pour s'établir à 102,43 dollars, un niveau plus atteint depuis le 10 octobre. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a terminé à 110,46 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 1,28 dollar par rapport à la clôture de lundi, son plus haut niveau depuis le début de l'année. Le marché se prépare à l'annonce d'un nouveau recul des réserves de brut à Cushing (Oklahoma), où est entreposé le brut servant de référence au WTI, selon l'analyste indépendant Andy Lipow. Cette baisse serait la conséquence directe de la mise en route fin janvier de la partie de l'oléoduc Keystone reliant cette ville aux raffineries du golfe du Mexique. Les investisseurs attendent la confirmation de cette intuition jeudi, le département de l'Energie dévoilant cette semaine son rapport hebdomadaire sur les réserves de produits pétroliers aux Etats-Unis un jour plus tard qu'habituellement en raison du lundi férié. Le cours du WTI a aussi profité de la réapparition de "poches de tensions géopolitiques", a remarqué Matt Smith, de la lettre d'informations pétrolières The Daily Distillation. "Le flux de production en Libye reste sous les 400 000 barils par jour", en raison de mouvements de protestation entravant l'extraction et l'acheminement du brut, et "des violences au Nigeria se propagent au Niger et au Cameroun", a-t-il relevé. "Le Soudan du Sud s'est ajouté à la liste des inquiétudes actuelles", a ajouté Tim Evans de Citi: les rebelles ont lancé mardi matin une vaste offensive pour reprendre aux forces gouvernementales la ville stratégique de Malakal, capitale de l'Etat pétrolier du Haut-Nil (nord-est), faisant voler en éclats le cessez-le-feu signé laborieusement fin janvier par les belligérants. De l'autre côté de l'Atlantique, les troubles au Venezuela, important importateur de produits raffinés américains, participaient aussi à la progression du baril de WTI, selon Carl Larry de Oil Outlooks and Opinion: partisans du pouvoir et de l'opposition participaient mardi à une nouvelle journée de mobilisation, six jours après de violentes échauffourées qui avaient fait trois morts et plus de 60 blessés dans la capitale. Le Venezuela est détenteur avec l'Arabie Saoudite des plus grandes réserves pétrolières au monde. Par ailleurs, "la persistance du temps froid aux Etats-Unis soutient la demande" en produits pétroliers, a souligné Andy Lipow. "Malgré le gel et l'entrée en saison de maintenance, les raffineries continuent d'évoluer à une cadence élevée pour cette période de l'année." Enfin, la faiblesse de la monnaie américaine a également soutenu les cours du brut, en rendant le baril libellé en dollars moins coûteux pour les investisseurs munis d'autres devises.