Les cours du baril de brut coté à New York se sont hissés, avant-hier, en clôture au-dessus des 108 dollars pour la première fois depuis plus de 16 mois, dopés par l'optimisme des investisseurs sur la demande américaine de brut.Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en août a grimpé de 1,56 dollar, à 108,04 dollars, son plus haut depuis le 1er mars 2012, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Les prix de l'or noir texan ont par ailleurs effleuré en cours d'échanges le seuil des cours du Brent londonien, se hissant jusqu'à 108,43 dollars, à moins d'un dollar du baril de référence coté sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, qui a terminé en hausse de 9 cents à 108,70 dollars. Le pétrole américain n'a pas dépassé le Brent en clôture depuis le 16 août 2010. Cet envol du pétrole est tout à fait propre au WTI car le Brent et l'essence n'ont pas connu le même parcours étincelant jeudi, a relevé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Propulsé par une demande croissante des raffineries américaines et de nettes améliorations logistiques pour l'acheminement du brut stocké au terminal pétrolier de Cushing, Oklahoma, (centre des Etats-Unis) vers le Golfe du Mexique, le WTI se reconnecte peu à peu au marché mondial du brut, a-t-il estimé. Les raffineries ont utilisé la semaine dernière leur plus gros volume de pétrole depuis presque huit ans et les stocks sont descendus à leur plus bas depuis janvier, a précisé Matt Smith, de Schneider Electric. Au total, selon les chiffres du département américain de l'Energie (DoE), les stocks de brut dans le pays ont dégringolé de près de 27 millions de barils au cours des trois dernières semaines, beaucoup plus que ce à quoi s'attendaient les analystes. Trop longtemps sous-évalués, selon les analystes, en raison de ces difficultés logistiques et du goulet d'étranglement des réserves d'or noir à Cushing (qui servent de référence au WTI), les prix du pétrole américain reprennent ainsi le chemin d'un brut jugé de bonne qualité par les experts. Cette tendance devrait se confirmer dans les prochains mois, a estimé M. Lipow, avec la mise en route de nouveaux oléoducs fin 2013 et 2014, acheminant du brut de Cushing vers les raffineries du Golfe, à un coût bien moindre que le rail. Le marché a par ailleurs bien accueilli l'annonce d'un recul plus marqué que prévu des inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis la semaine dernière, une bonne nouvelle pour les perspectives de demande énergétique du plus gros consommateur d'or noir au monde. Les propos prudents du président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Ben Bernanke, qui s'est exprimé mercredi et jeudi devant le Congrès américain, ont aussi rassurés les opérateurs. Ben Bernanke a notamment réitéré son intention de faire évoluer la politique monétaire américaine en fonction de la situation économique et estimé qu'il était trop tôt pour dire si la Fed réduirait son soutien extraordinaire à l'économie, très apprécié des marchés financiers, dès septembre. En Asie, le pétrole se repliait légèrement dans les échanges matinaux après les propos mesurés du président de la banque centrale américaine sur les mesures de stimulation à l'économie et une nouvelle baisse des stocks de brut aux Etats-Unis. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en août perdait 11 cents, à 106,37 dollars, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre glissant d'autant, à 108,50 dollars.