La Chine et l'Algérie ont décidé d'élever le niveau des relations bilatérales, le faisant passer d'un partenariat stratégique, conclu il y a dix ans, à un partenariat stratégique global, à l'occasion du 55e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques sino-algériennes. Il s'agit du premier partenariat stratégique global qu'a conclu la Chine avec le monde arabe, reflétant l'importance particulière qu'accordent les deux pays à leur partenariat riche tant en étendue qu'en profondeur tout au long de plus d'un demi-siècle écoulé.
Amitié à toute épreuve Le partenariat trouve sa racine dans la glorieuse histoire de la Révolution. Depuis plus d'un demi-siècle, les Chinois et les Algériens s'accordent aide et soutien, sans jamais s'abandonner les uns les autres, même dans les moments les plus difficiles. Dans les années 1950, alors que les Algériens se livraient à une lutte acharnée pour leur indépendance vis-à-vis des colonisateurs français, la nouvelle Chine, qui venait de voir le jour, n'a pas tardé à témoigner de sa solidarité envers l'Algérie, en lui fournissant des armes, munitions et autre matériel. Le 22 septembre 1958, soit trois jours après la création du gouvernement provisoire algérien, le gouvernement chinois l'a officiellement reconnu avant d'établir des relations diplomatiques avec le régime temporaire trois mois plus tard, en signe de soutien à la lutte du peuple algérien contre le colonialisme et pour l'indépendance nationale. Fait à noter, cela est survenu bien avant l'indépendance de l'Algérie, déclarée le 3 juillet 1962. Zhou Enlai, le Premier ministre chinois d'alors, s'était rendu en visite en Algérie à deux reprises, soit en 1963 et en 1965, suite à quoi un boulevard de la capitale d'Alger a été rebaptisé "Avenue de Pékin". En contrepartie, la Chine n'aurait pas pu reprendre son siège à l'ONU sans le soutien de l'Algérie, qui a joué un rôle crucial en lançant en 1965, avec d'autres pays amis, une proposition réclamant le retour de la Chine au Conseil de sécurité. Cette proposition était à l'origine de la résolution 2758, adoptée le 25 octobre 1971 par l'Assemblée générale de l'ONU avec l'approbation de 29 pays. Ainsi, la Chine est rentrée dans le giron de l'ONU au bout de 26 ans d'isolement. Ces histoires restent, jusqu'à aujourd'hui, gravées dans la mémoire de bon nombre d'Algériens, qu'ils soient fonctionnaires d'Etat ou habitants ordinaires. Grâce à ce legs historique, les deux peuples sont liés par une amitié qui résiste à toutes les épreuves.
Partenariat de complémentarité, de continuité et d'exemplarité Le rehaussement du partenariat sino-algérien marque un nouveau départ pour le développement des relations bilatérales, qui revêt un caractère de complémentarité, de continuité et d'exemplarité, a indiqué à Xinhua l'ambassadeur de Chine en Algérie, Liu Yuhe. Sur fond des impacts combinés de la crise financière planétaire et de l'instabilité régionale, la Chine, comme l'Algérie, sont toutes deux confrontées à d'âpres défis dans leurs processus de développement respectifs : la précédente se livrant à un approfondissement de sa réforme, et la dernière se trouvant dans une phase de transformation politico-économique en profondeur. A cet effet, les deux pays présentent une grande complémentarité dans tous les domaines, tels que la politique, le commerce, la culture, le journalisme, la santé et les affaires militaires. Les faits parlent d'eux-mêmes. Côté commerce, le volume des échanges bilatéraux ne cesse de s'accroître d'année en année, étant passé de 800 millions de dollars en 2003 à milliards de dollars en 2013, ce qui a fait de la Chine le premier partenaire commercial de l'Algérie, au-delà de la France. Autre record, l'Algérie est devenue le premier marché de travail de la Chine en Afrique et dans le monde arabe, avec un montant de 45 milliards de dollars jusqu'à la fin 2013. Ces chiffres et faits, ayant résisté aux aléas internationaux, portent à croire que les coopérations et les échanges vont se poursuivre entre les deux pays, a affirmé l'ambassadeur. Etant respectivement le premier pays en développement de la planète, et le plus vaste pays d'Afrique doté d'influence dans le monde arabe, la Chine et l'Algérie ont joué une coopération de grand dynamisme, basée sur le respect mutuel et l'avantage réciproque. Le rehaussement du partenariat devrait ainsi servir d'exemple pour la coopération Sud-Sud, et pour le développement des relations bilatérales avec d'autres pays africains, a fait remarquer le diplomate.
Les apports du nouveau partenariat Le mot "global" se traduira tous azimuts Aux dires de M. Liu, les deux pays sont en train d'élaborer le plan de coopération stratégique pour les années à venir, qui comprend notamment les échanges au niveau du gouvernement, du Parlement et des partis politiques, de manière à bâtir une plate-forme visant à faciliter la coopération concrète dans divers domaines. Pour sa part, le conseiller économique de l'ambassade chinoise, Lü Yifeng, a indiqué qu'en plus des travaux d'infrastructures, l'attention serait désormais portée sur les secteurs de l'investissement, du transfert des technologies et des ressources humaines. La coopération en matière de travaux publics va s'élargir en étendue et en profondeur, compte tenu de la politique algérienne de continuer d'investir dans le secteur, et des succès des entreprises chinoises, qui ont réalisé à temps et en qualité des projets phares dans le pays, comme la Grande Mosquée d'Alger (la 3e plus grande du monde), ainsi que plusieurs centaines de milliers de logements, a dévoilé le conseiller. Sur le plan du commerce, il est à noter que les échanges bilatéraux, avec un montant de plus de huit milliards de dollars, pourraient accuser une croissance de 10% chaque année, a-t-il fait savoir. En ce qui concerne les investissements, M. Liu a noté que le rehaussement du partenariat devrait donner un coup de pouce aux apports des entreprises chinoises sur le marché algérien, qui se trouvent à présent à un niveau relativement bas. Cependant, il a indiqué qu'un rehaussement des relations politiques ne signifiera pas que les Chinois pourront bénéficier de privilèges exceptionnels au-delà des Algériens. De son côté, Rachid Tlemçani, politologue et enseignant-chercheur à la faculté de sciences politiques de l'Université d'Alger, a relevé que le rehaussement du niveau du partenariat entre l'Algérie et la Chine constituait un aboutissement normal et logique vu l'excellence des relations entre les deux pays dans tous les domaines. Il s'agit d'un moment opportun pour que l'Algérie ouvre tous les secteurs à la coopération avec les Chinois, notamment celui lié à la sécurité et à la défense, a indiqué l'expert. De plus, il a appelé les entreprises chinoises à apporter leur savoir-faire de pointe, surtout dans les domaines industriel, agroalimentaire et des nouvelles technologies, un élément dont l'Algérie a le plus grand besoin, a poursuivi cet expert. Fin Par Xinhua (agence de presse chine nouvelle).