Les cours du pétrole s'affichaient en nette hausse lundi matin en Asie, en raison de l'aggravation de la crise en Ukraine, un maillon clé pour l'acheminement du brut en Europe. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril gagnait 1,15 dollars à 103,74 dollars en milieu de matinée tandis que le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance s'appréciait de 1,43 dollars à 110,50 dollars. "Pour le moment, nous avons tous les yeux rivés sur l'Ukraine, sur la situation en Crimée. Je crois que pour les jours à venir au moins, ce facteur éclipsera tous les autres", a déclaré Desmond Chua, analyste chez CMC à Singapour. "Etant donné que l'Ukraine se situe dans la chaîne de fourniture du Brent, la prime de risque a augmenté, poussant vers le haut les prix" du brut, a-t-il ajouté. L'Ukraine n'est ni un producteur pétrolier majeur ni un gros consommateur, mais le pays occupe une position géographique stratégique pour le transport des hydrocarbures russes, soulignent les analystes de la division matières premières chez JP Morgan. Ainsi, plus de 70% du gaz et du pétrole russes passe par l'Ukraine, et l'Europe représente 90% des achats du pétrole russe. La crise dans cette ex-République de l'Union soviétique s'est accélérée ce weekend. Samedi, le Conseil de la Fédération (Sénat) russe a approuvé une demande d'intervention militaire en Ukraine présentée par le président russe Vladimir Poutine. L'Ukraine s'est alors déclarée "au bord de la catastrophe" à la suite de cette "déclaration de guerre" et semblait perdre dimanche le contrôle de la Crimée, ce qui a poussé les Occidentaux du G7 à faire bloc contre Moscou. Les dirigeants de sept pays membres du G8 ont ainsi condamné la "claire violation" de la souveraineté de l'Ukraine par Moscou et annoncé la suspension de leurs préparatifs en vue du sommet du groupe à Sotchi (Russie) en juin. Un haut responsable ukrainien a annoncé la mobilisation des réservistes afin d'assurer "la sécurité et l'intégrité du territoire". Les Occidentaux tentent d'accentuer leur pression pour trouver une issue à ce qui apparaît déjà comme l'un des plus graves conflits avec Moscou depuis la guerre froide. Vendredi, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril avait gagné 19 cents à 102,59 dollars le baril sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord avait fini à 109,07 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 11 cents.