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Crise ukrainienne : Ianoukovitch s'estime commandant en chef de l'armée
Publié dans Le Maghreb le 12 - 03 - 2014

Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a estimé hier qu'il reste non seulement le chef d'Etat légitime mais également le commandant en chef des Forces armées ukrainiennes.
"Je veux rappeler que je reste le seul président légitime de l'Ukraine et le commandant en chef des forces armées. Je n'ai pas quitté mes fonctions", a déclaré M. Ianoukovitch lors d'une conférence de presse tenue à Rostov-sur-le-Don (sud de la Russie). Un changement de pouvoir s'est opéré le 22 février à Kiev. La Rada suprême (parlement ukrainien) a démis le président Viktor Ianoukovitch de ses fonctions et réformé la Constitution. Ianoukovitch a qualifié ces événements de "coup d'Etat". Moscou conteste également la légitimité des décisions de la Rada. Le 27 février, lors d'une conférence de presse à Rostov-sur-le-Don, M. Ianoukovitch a expliqué qu'il avait été contraint de quitter l'Ukraine en raison de menaces.
Plusieurs régions du sud et de l'est de l'Ukraine et la République autonome ukrainienne de Crimée n'ont pas reconnu les nouvelles autorités de Kiev. La Crimée a décidé de tenir un référendum sur son statut au sein du pays.

Une Guerre civile fomentée par des "forces obscures"
Le peuple ukrainien s'enfonce dans l'anarchie, des forces obscures cherchant à provoquer une guerre civile dans le pays, a réitéré le président ukrainien.
"Des hommes cagoulés patrouillent dans les villes, l'anarchie dont le peuple ukrainien est la victime gagne du terrain. Ils limogent les officiers supérieurs de l'armée, ceux qui s'opposent à l'emploi des forces armées ukrainiennes contre les civils dans le sud-est du pays. Réfléchissez-y! Ils veulent placer l'armée sous le drapeau de Bandera (collaborateur des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale) et engager une guerre civile", a indiqué M. Ianoukovitch lors d'une conférence de presse.

La présidentielle du 25 mai prochain illégitime
Le président Viktor Ianoukovitch a appelé la communauté internationale à ne pas soutenir le coup d'Etat anticonstitutionnel perpétré fin février en Ukraine, et qualifié d'illégitime le scrutin présidentiel fixé par les nouvelles autorités au 25 mai prochain. "Je déclare que l'élection présidentielle fixée au 25 mai est absolument illégitime et illégale", a déclaré le président ukrainien lors d'une conférence de presse dans la ville russe de Rostov-sur-le-Don. Il s'est en outre engagé à s'adresser au Congrès et au Sénat et à saisir la Cour suprême des Etats-Unis afin d'exiger une évaluation juridique de la situation en Ukraine.
"A ce que je sache, la législation américaine interdit de fournir une aide financière au gouvernement de tout Etat dont le président légitime a été renversé par un coup d'Etat armé ou par tout autre acte illégal. J'envisage de m'adresser au Congrès, au Sénat et à la Cour suprême afin d'exiger une évaluation juridique des actes du gouvernement de ce pays. Selon vos propres lois, vous n'êtes pas autorisés à fournir de l'argent aux bandits", a expliqué M. Ianoukovitch.

Le Parlement adopte une déclaration d'indépendance vis-à-vis de Kiev
Le Conseil suprême (parlement) de Crimée a adopté la déclaration d'indépendance de la république autonome à l'égard de Kiev, selon le porte-parole du Parlement. "La décision vient d'être adoptée au cours d'une session extraordinaire. Le document a été approuvé par 78 des 81 députés présents ", a indiqué l'interlocuteur de l'agence. "Après la tenue d'un référendum, la Crimée, en tant qu'Etat indépendant, adressera à la Fédération de Russie une demande d'adhésion au sein de la Russie en qualité de sujet fédéral", a expliqué le porte-parole. La semaine dernière, le Parlement de Crimée a voté en faveur de l'adhésion de la république au sein de la Fédération de Russie et décidé d'organiser un référendum sur ce sujet le 16 mars 2014.

L'UE brandit de nouvelles sanctions contre la Russie
Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a déclaré hier que l'Union européenne pourrait examiner le 17 mars un nouveau paquet de sanctions contre la Russie si Moscou ne modifiait pas sa position sur la situation en Ukraine, ont annoncé des agences internationales. "Si le prochain week-end passe sans qu'il y ait de changements importants dans la position de la Russie, le Conseil européen sera obligé d'étudier le paquet de mesures suivant", a déclaré M. Steinmeier lors d'une visite de travail en Estonie où il a évoqué la situation en Ukraine avec son homologue Urmas Paet. Selon le ministre allemand, l'UE ne cherche pas la confrontation, mais le comportement de la Russie l'incite à concevoir des mesures appropriées. Plusieurs régions du sud et de l'est de l'Ukraine ainsi que la Crimée n'ont pas reconnu les nouvelles autorités de Kiev. La Crimée a décidé de tenir le 16 mars un référendum sur son futur statut politique. Selon Vladimir Poutine, le préjudice que les éventuelles sanctions occidentales contre la Russie pourraient occasionner serait réciproque, car dans le monde actuel tout est lié et tous les pays dépendent les uns des autres. La Russie est actuellement le troisième plus grand partenaire économique de l'UE. Le ministre letton des Transports ferroviaires Anrijs Matiss a fait savoir que si l'Union européenne décrétait des sanctions économiques contre la Russie, la Lettonie en subirait les contrecoups, car près de 60% des cargaisons transitant par le territoire letton proviennent de Russie. Selon M. Matiss, les sanctions porteraient atteinte à l'ensemble du système letton des transports. L'ex-secrétaire général de l'Otan et ancien ministre belge des Affaires étrangères Willy Claes a pour sa part déclaré samedi que l'Union européenne n'irait pas jusqu'à rompre ses relations économiques avec la Russie. L'Union russe de l'industrie touristique estime quant à elle qu'en cas d'interdiction de visas pour les Russes, l'économie de l'UE subirait un préjudice important, car les touristes russes arrivent en première position dans de nombreux pays européens tant pour leur nombre que pour les montants dépensés lors des voyages.

La BM prête à octroyer 3 milliards de dollars en 2014
La Banque mondiale (BM) est disposée à octroyer 3 milliards de dollars de prêts à l'Ukraine avant la fin de l'année en cours, lit-on dans un communiqué diffusé hier par l'organisation. "Le Groupe de la Banque mondiale est prêt à soutenir les réformes (en Ukraine; ndlr) et à accorder jusqu'à 3 milliards de dollars à ces fins en 2014", rapporte la Banque. Selon la BM, l'économie ukrainienne est actuellement confrontée à plusieurs "défis importants" qui nécessitent des actions "urgentes" mais également sur le plus long terme. Toujours d'après la Banque, un éventuel programme d'assistance à l'Ukraine devra notamment permettre de rétablir la stabilité macroéconomique, de s'attaquer "en profondeur" à la corruption et de réformer le secteur énergétique du pays.
Les nouvelles autorités de Kiev ont déjà demandé l'assistance financière du Fonds monétaire international, dont elles attendent 15 milliards de dollars, après avoir affirmé que les caisses de l'Etat "étaient vides".
Pour sa part, la Banque mondiale finance déjà pour 3,7 milliards de dollars de projets existants en Ukraine notamment dans l'approvisionnement en eau et les infrastructures routières.

Les comptes du Trésor de Crimée gelés
Les autorités ukrainiennes ont bloqué 1 milliard de hryvnias (110 millions de dollars) déposés au Trésor de la Crimée, selon le Conseil suprême (parlement) de la république autonome.
"Cette démarche a pour objectif de mettre à genoux les habitants de la Crimée, les privant de moyens de subsistance. Près de 200 000 personnes sont ainsi restées sans salaires et 180 000 familles ont été privées d'allocations familiales", a déclaré le Conseil dans un communiqué de presse.
Selon le Conseil, Kiev cherche à saper la tenue du référendum sur le statut de la Crimée programmé pour le 16 mars prochain. La république autonome a l'intention de contester le gel des avoirs devant la justice et de récupérer les fonds "volés" par Kiev. Auparavant, le Parlement de Crimée a voté en faveur de l'adhésion de la république au sein de la Fédération de Russie et décidé d'organiser un référendum sur ce sujet le 16 mars 2014.

Londres recommande à ses ressortissants de quitter la Crimée
Les Britanniques sont priés de ne pas se rendre en Rsssépublique autonome ukrainienne de Crimée, ceux qui y séjournent étant priés de quitter la péninsule, a annoncé le ministère britannique des Affaires étrangères dans un communiqué.
"Le ministère des Affaires étrangères recommande de s'abstenir de tout voyage en Crimée. Les Britanniques doivent quitter la Crimée dès maintenant. Le ministère ne pourra fournir des services consulaires à ceux qui ont décidé de rester en Crimée", annonce le communiqué.

La population européenne plus indulgente que ses dirigeants
Des sondages menés dans les pays de l'UE au sujet de la crise ukrainienne et des sanctions éventuelles contre la Russie montrent que la population est moins catégorique que les hommes politiques. L'idée de sanctions économiques contre la Russie n'est pas soutenue par les masses et les partisans d'une ingérence militaire de l'Occident en Ukraine sont très minoritaires, a écrit hier le quotidien russe Kommersant.
Les résultats les plus inattendus sont ceux du site de la revue berlinoise Der Tagesspiegel. Selon un sondage d'hier, sur près de 12 000 participants 80% voient un "double discours dans la critique de l'Occident et la protection par la Russie de ses intérêts légitimes". Seulement 4% se sont prononcés en faveur d'une "intervention militaire du côté de l'Ukraine" et autant "pour l'exclusion de la Russie du G8". Les "solutions diplomatiques" ont été soutenues par 12% des personnes interrogées.
Les experts ne sont pas convaincus que les résultats du sondage reflètent totalement les mœurs de l'opinion publique allemande. "Un sondage sur un site internet a peu à voir avec un sondage classique. Ceux qui y répondent ne peuvent pas être considérés comme un public représentatif", explique Andreï Milekhine, président du centre Romir.
Les "sondages classiques" réalisés dans les pays européens montrent qu'un grand nombre d'habitants sont prêts à soutenir l'adoption de sanctions contre la Russie, mais les partisans d'une intervention militaire de l'Occident dans le conflit sont très minoritaires. 50% des personnes interrogées dans le cadre du sondage réalisé au Royaume-Uni par la société YouGOv à la demande du Sunday Times pensent que la crise ukrainienne concerne également Londres, et pas uniquement Kiev et Moscou. Ces mêmes 50% ont déclaré qu'ils soutenaient plutôt le nouveau gouvernement ukrainien, 34% ne soutiennent aucune des parties et seulement 3% sont plutôt du côté de la Russie. 42% des personnes interrogées se sont prononcées pour des sanctions économiques contre Moscou. En ce qui concerne l'ingérence militaire de l'Occident, l'enthousiasme est bien plus modéré. L'idée d'accorder une aide militaire à Kiev a été soutenue par seulement 15% des personnes interrogées et 11% pour l'envoi des troupes en Russie.
Un autre sondage, mené en Allemagne par l'institut Infratest Dimap à la demande de la chaîne ARD, a donné des résultats similaires : seulement 12% des Allemands soutiennent l'idée d'accorder une aide militaire à l'Ukraine. 62% seraient prêts à exercer une "pression politique" sur Moscou, et 38% prônent des sanctions économiques.
En ce qui concerne l'aide économique au profit de l'Ukraine, l'opinion européenne est divisée. Les Allemands sont les plus généreux - 72% des personnes interrogées sont prêtes à accorder une assistance financière à Kiev. Les Français et les Britanniques sont plus modestes. D'après l'institut Ifop, l'idée d'une aide financière de la part de Paris et de l'UE n'est soutenue que par 35% des Français. Les Britanniques ne sont que 32%. Il est à noter également que le soutien de l'adhésion de l'Ukraine à l'UE a baissé significativement en France, passant de 68 à 33%.


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