Les prix du pétrole ont progressé avant-hier à New York et à Londres, les opérateurs craignant une nouvelle escalade des tensions entre la Russie et les Occidentaux au cours du week-end et son impact éventuel sur l'approvisionnement en brut. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mai, dont c'était le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, s'est apprécié de 56 cents, à 99,46 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a fini à 106,92 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 47 cents par rapport à la clôture de la veille. Après la Crimée, la plupart des opérateurs n'anticipent pas de mouvements de la Russie en direction de l'est de l'Ukraine, a souligné Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Mais avec les nouvelles sanctions annoncées jeudi par les Etats-Unis et vendredi par l'Union européenne contre la Russie, la tendance est nettement haussière car personne ne veut partir en week-end en pariant à la baisse, a-t-il expliqué. Alors que Moscou était en passe de finaliser le rattachement de la Crimée, une péninsule russophone du sud de l'Ukraine, Bruxelles a porté vendredi à 33 personnes le nombre de personnalités russes ou pro-russes ciblées par des sanctions. La veille, Washington avait durci le ton, ajoutant 20 personnes à la liste des 11 individus dont les avoirs sont gelés et visant des proches collaborateurs du président russe, Vladimir Poutine. Le marché s'est principalement concentré sur les mesures punitives prises à l'encontre du milliardaire Guennady Timtchenko, cofondateur de la société de commerce d'hydrocarbures Gunvor, basée en Suisse. C'est la première fois que l'on s'est autant rapproché du marché de l'énergie, avec les sanctions du Président Obama contre (M. Timtchenko) même s'il a vendu ses positions dans Gunvor dès mercredi, a commenté Carl Larry, de Oil Outlook and Opinion. On craint maintenant que la situation ne dégénère encore et qu'elle finisse par avoir des conséquences sur les flux de pétrole et de gaz naturel dans la région, a précisé M. Lipow. Les sanctions occidentales n'ont jusqu'ici pas directement perturbé les secteurs du pétrole et du gaz. L'adoption de mesures plus globales dirigées contre le secteur de l'énergie reste toutefois peu probable, a nuancé Matt Smith, de Schneider Electric. Les quelque 3 millions de barils de brut russes importés chaque jour l'année dernière en Europe représentent un tiers des importations européennes et 71% des exportations russes, selon la Société Générale. D'autre part, des craintes persistantes sur la Libye, plongée dans le chaos et l'insécurité depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, et un acteur clef dans la production pétrolière en Afrique, continuent à soutenir les prix, a estimé M. Lipow. Le marché a aussi profité de la bonne humeur du marché des actions, selon M. Larry. Malgré un accès de faiblesse vendredi, les grands indices boursiers de Wall Street se dirigeait vers une clôture en hausse sur la semaine. Cela donne des raisons aux investisseurs d'être optimistes sur la croissance de l'économie américaine et sur la demande en brut, a-t-il expliqué. Les Etats-Unis sont le premier consommateur mondial de pétrole, absorbant un cinquième de la production mondiale. En Asie, les cours du pétrole poursuivaient leur recul dans les échanges matinaux, en raison du renforcement du dollar, mais la baisse était limitée par la crise en Ukraine. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai cédait 33 cents à 98,57 dollars, et le baril de Brent de la mer du Nord, même échéance, lâchait 18 cents à 106,27 dollars.