Les cours du pétrole étaient mitigés hier matin en Asie, dans un marché attentif à la crise en Ukraine, qui n'a pas pour le moment causé de perturbation dans les approvisionnements de brut, et dans l'attente de la réunion de la Fed. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril cédait 24 cents US à 97,84 dollars en milieu de matinée. Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mai, prenait 11 cents à 106,35 dollars, rebondissant après la perte de près de 2 dollars la veille. "Les opérateurs semblent attendre une vision plus claire des marges de manœuvre de la diplomatie dans la crise de la péninsule de la mer Noir", ont indiqué les analystes de CMC Markets Singapore dans une note sur le référendum en Crimée. Plus de 70% des exportations de gaz et de pétrole de la Russie vers l'Europe passent par l'Ukraine et les investisseurs veulent savoir si les sanctions contre la Russie pourraient perturber les exportations. Le marché suit également la réunion du Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine, qui se déroule mardi et mercredi. Selon les analystes, la Fed devrait réduire encore un peu son programme de soutien à l'économie des Etats-Unis, qui est en phase de reprise. La veille, les cours du pétrole coté à New York ont terminé en baisse, les investisseurs observant que la crise ukrainienne n'avait pas pour l'instant provoqué de perturbations majeures sur le marché de l'énergie. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en avril a cédé 81 cents sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) pour s'établir à 98,08 dollars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a terminé à 106,24 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 1,97 dollar par rapport à la clôture de vendredi, soit son plus faible niveau depuis début février. En Crimée, le référendum de dimanche a débouché sur un vote massif en faveur du rattachement de la péninsule ukrainienne à la Russie et la région a demandé officiellement lundi son rattachement à Moscou. En dépit de la décision du Parlement ukrainien de mobiliser une partie de ses forces armées pour faire face à l'ingérence de la Russie, la situation est pour l'instant restée pacifique même si les dirigeants occidentaux continuent de qualifier le référendum " d'illégal et d'illégitime ", a souligné Tim Evans de Citi. L'Union européenne et les Etats-Unis ont bien adopté lundi des sanctions ciblées contre de hauts responsables russes ou pro-russes pour envoyer, selon, eux un message fort au Kremlin. Mais les sanctions adoptées jusqu'à présent sont plus mesurées que ce que la rhétorique politique de certains avait laissé entendre. Le marché semble avoir le sentiment que le pétrole et le gaz vont continuer à couler à flot (depuis la Russie vers l'Europe), y compris via l'Ukraine, a relevé Tim Evans. Personne ne s'attend à ce que les secteurs pétrolier et gazier soient affectés (par les sanctions), puisque les conséquences économiques négatives seraient simplement trop graves pour les deux côtés, ont signalé de leur côté les experts de Commerzbank. En effet, environ un tiers des importations de pétrole et de gaz de l'Union européenne (UE) viennent de Russie et la Russie tire environ 70% de ses revenus à l'exportation du secteur énergétique, ont-ils précisé. Les investisseurs sont aussi restés attentifs à la situation en Libye, alors qu'un pétrolier chargé de brut acheté illégalement aux rebelles libyens a été saisi par les forces spéciales de la marine américaine en Méditerranée. Les soldats américains ont ainsi mis fin à la première tentative des protestataires qui bloquent les terminaux pétroliers depuis juillet en réclamant l'autonomie de la région orientale de Libye, de vendre directement le pétrole qu'ils détiennent. En suspendant de fait les exportations de brut depuis juillet, les rebelles ont privé le pays de sa principale source de revenus, et provoqué une chute de la production à 250 000 barils par jour, contre près de 1,5 million b/j auparavant.