La redéfinition des paramètres de la politique de gestion des crédits à l'économie s'impose au moment où les entreprises économiques, qu'elles soient du secteur public ou privé, traversent un processus de mutation accéléré. Le gouverneur de la Banque d'Algérie, M. Mohamed Laksaci, a fait savoir ouvertement qu'"un phénomène de concentration des crédits pour des groupes économiques privés et une situation de créances non performantes pour certains d'entre eux". Le constat du premier responsable de la banque des banques a été dressé, avant-hier, lors de sa réunion avec les PDG des banques et des établissements financiers consacrée à la conjoncture financière et monétaire du premier semestre de l'année en cours. Selon les chiffres qu'il a communiqués, les crédits bancaires accordés au cours du 1er semestre 2007 ont été affectés à hauteur de 53,5% au secteur privé (contre 52,9% à fin 2006) pour un montant de 1 125,6 milliards de dinars. Les crédits à moyen terme représentent un taux de 51,1% de ce volume global. Le constat dressé par la Banque d'Algérie fait ressortir aussi que les crédits accordés au secteur privé, se caractérisent par le fait qu'ils connaissent une certaine concentration au profit d'un nombre limité de groupes économiques. Laksaci a fait état de ce constat sans pour autant avancer plus de détails ni sur le nombre de ces groupes ni leur identité. Cette situation laisse déduire que le volume des crédits accordés à ces quelques groupes dépasse de loin celui des crédits dont ont bénéficié l'ensemble des PME/PMI. Pour rééquilibrer la distribution des crédits dans le secteur économique privé, il n'y a pas lieu de recommander une diminution du volume des lignes de crédits accordés aux groupes mais plutôt d'accroître les chances des PME/PMI qui en expriment un réel besoin pour le financement de leurs projets d'équipement, d'exploitation ou d'extension. Augmenter les crédits en faveur du secteur privé est d'autant plus possible lorsque l'on sait que la conjoncture actuelle est largement favorable, sachant que la disponibilité des fonds au niveau des banques a atteint actuellement des niveaux sans précédents. Les banques publiques, faut-il le préciser également, privilégient beaucoup plus les entreprises privées dans l'octroi des crédits eu égard aux gages de garantie qu'elles présentent et qui sont jugés beaucoup plus appréciables par rapport aux entreprises publiques. En tout cas, l'année dernière et à la même période, la Banque d'Algérie a présenté sont rapport de conjoncture sur la situation au premier semestre de l'année 2006. La Banque d'Algérie a déduit que sur l'ensemble des crédits débloqués au profit du secteur privé, 25% reviennent à quatre ou cinq groupes économiques seulement, sans que leurs noms ne soient révélés. Mais dès lors que le gouverneur de la Banque d'Algérie estime que certains de ces groupes présentent déjà des lacunes en matière de performances, il est urgent de redéfinir la politique des crédits à l'économie. L'on se rappelle des démêlées qu'a eu la Banque de l'agriculture et du développement rurale (Badr) avec le groupe Tonic emballage qui, il y a quelques mois, a été confronté à une situation financière qui l'empêchait de faire face aux frais découlant de la ligne de crédit dont il a bénéficié auprès de cette banque. Toutefois, les banques publiques doivent faire preuve plus de rigueur dans le respect des règles prudentielles en matière de gestion des crédits accordés aux entreprises du secteur privé.