Le pétrole coté à New York a terminé en hausse avant-hier, dans un marché stimulé par l'espoir d'un regain de demande de brut aux Etats-Unis et surveillant l'évolution de la situation en Libye. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mai a gagné 34 cents sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) pour s'établir à 103,74 dollars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a terminé à 107,33 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 13 cents par rapport à la clôture de la veille. Plusieurs éléments incitent les investisseurs à tabler sur une plus forte consommation d'énergie dans les semaines et mois à venir aux Etats-Unis, selon l'analyste indépendant Andy Lipow. On arrive d'une part sur la fin de la période de maintenance des raffineries et leur taux d'utilisation devrait remonter à l'approche de la saison des grands déplacements en voiture, a-t-il relevé. La demande en brut devrait être d'autant plus importante que les réserves d'essence ont fortement baissé ces dernières semaines. Comme les prix de l'essence ne cessent d'augmenter, et donc les marges des raffineries, ces dernières vont sans doute accélérer leur production, a souligné Andy Lipow. L'annonce vendredi d'un rebond plus fort que prévu du moral des ménages américains en avril, selon un indice de l'Université du Michigan, est aussi de bon augure pour la consommation énergétique. Les acteurs du marché ont par ailleurs conservé un œil attentif sur la Libye. La Compagnie pétrolière nationale libyenne (NOC) avait annoncé jeudi la levée de l'état de force majeure dans le port d'Al-Hariga, dans l'est du pays, ouvrant la voie à la reprise des opérations dans ce port bloqué depuis neuf mois par des rebelles autonomistes. La veille, l'armée avait annoncé avoir aussi pris le contrôle du port de Zwitina, conformément à un accord conclu dimanche avec les autonomistes, et des négociations sont en cours pour le déblocage de deux autres ports. Le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) Abdallah El-Badri a déclaré vendredi à Paris qu'il tablait sur un retour à une production d'or noir d'un million de barils par jour en Libye d'ici à la mi-juin. Mais les observateurs restent prudents car plusieurs tentatives de résolution des tensions entre les autorités et les rebelles libyens ont échoué au cours des derniers mois. La persistance des tensions sur la crise ukrainienne est aussi restée à l'esprit des investisseurs, qui craignent qu'une escalade ne conduise les Occidentaux à prendre d'autres mesures contre la Russie, touchant cette fois les secteurs du pétrole et du gaz russes. Plusieurs analystes mettaient par ailleurs en avant le faible volume des transactions enregistré au cours des dernières séances. Même le net recul des indices à Wall Street ces derniers jours n'a pas ébranlé les prix, a ainsi remarqué Carl Larry de Oil Outlooks and Opinion. Cela signifie sans doute que les courtiers estiment justifié le niveau actuel des cours mais qu'ils restent sur leurs gardes car à tout moment les tensions géopolitiques peuvent entraîner un rebond. En Asie, les cours du pétrole creusaient leurs pertes dans les échanges matinaux, pénalisés par la possibilité d'une reprise des exportations libyennes et des indicateurs décevants en provenance de Chine. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai perdait 16 cents, à 103,24 dollars, le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance, se repliant de 12 cents, à 107,34 dollars.