Le portraitiste Abdelatif M'rah vient de signer un documentaire, Parlez-moi de Blaoui, consacré comme son nom l'indique à l'un des précurseurs (avec Ahmed Wahbi) de ce qu'on appelle le raï moderne. L'œuvre de 75 mn a été projetée en avant-première mercredi dernier à la cinémathèque d'Oran. Monté grâce à une aide de la manifestation, “ Alger, capitale de la culture arabe”, Parlez- moi de Blaoui est une plongée dans la mémoire de cette ville, mère de tant d'artistes qui ont perpétué une tradition du chantpour en faire un art tout aussi entier qu'immortel. Dans Parlez- moi de Blaoui, le réalisateur s'en va interroger cette ville ou évoluent encore les compagnons du chantre de la musique oranaise. Abdelatif M'rah s'est départi des normes et des règles esthétiques pour aller interroger des jeunes, des vieux, des artistes, des intellectuels ainsi que les lieux où a longtemps séjourné l'un des pères fondateurs du raï moderne. Le portraitiste avoue que son œuvre est “ une ballade chronologique à travers la mémoire artistique mettant à l'honneur des chantres de la chanson oranaise et des maîtres de la musique andalouse ”, a indiqué l'auteur. Au fil des séquences, le public a été convié à la découverte de pionniers et de figures connues et méconnues de la chanson oranaise. A travers ce documentaire qui s'apparente à un hommage posthume, le réalisateur met en lumière une certaine facette de ce chanteur prolixe qui a tant donné à l'univers lyrique algérien. Né le 23 janvier 1926 à Sidi Blel dans le quartier de M'dina Jdida d'Oran, Blaoui Houari est avec Ahmed Wahby le fondateur d'un raï entre le moderne et l'authentique. Son apprentissage musical, il le fera grâce à son père Mohamed Tazi mélomane et joueur de “ Kouitra ” (sorte de guitare) ainsi que son frère Kouider Blaoui qui lui fera découvrir et aimer les sonorités du banjo et de la mandoline. Il quitte l'école vers l'âge de 13 ans pour aider son père qui tenait un café situé à l'angle du Bain de l'Horloge. Il s'occupera de l'entretien du Phonographe et de la diffusion des 78 tours produits par les grandes vedettes algériennes et égyptiennes. Avide d'apprendre la musique, il se met à l'écoute des musiciens regroupés autour de Cheikh Bouzembir. Petit à petit et sous l'influence de musiciens oranais, il va s'imprégner de la musique moderne; genre qui était prisé par les Wled El Agba (désignant des personnes originaires d'un quartier riche d'Oran) et qui écoutaient du Paso Doble, Tino Rossi ou encore Rina Kitty... Quel que soit le genre de musique envisagé au début de sa carrière, il puisera dans le vieux répertoire du bedouin oranais. Ses maîtres seront Cheikh El Khaldi, Cheikh El Madani et Mostefa Ben Brahim. Houari Blaoui était le seul musicien de son pays à manifester une prédisposition nette pour une musique algérienne bédouine à moderniser. Sa musique au début local dépasse lentement les frontières. Le genre Blaoui est incontestablement tout ce qu'il y a de pur dans la musique oranaise. Ses qualités sont même si caractéristiques que l'on peut parler d'une œuvre type, ayant sa source dans le chant populaire. Le réalisateur Abdelatif M'rah, qui excelle dans le genre portraits et documentaires, a déjà signé plusieurs œuvres consacrées, entre autres, à Cheikh Mohamed El-Ghafour, le maître du genre andalou “ hawzi ”, à Cheikha Tetma, la diva de ce même genre musical, au groupe “ Raïna Raï ”, à Cheb Hasni, ainsi qu'au dramaturge Ould Abderrahmane Kaki.