Alors que les travailleurs de la laiterie publique de Colaital ont mis un terme à leur mouvement de protestation, la pénurie de lait persiste dans la Capitale. En effet, apparemment les pouvoirs publics peinent à trouver une solution concrète à la crise du lait. Dans les différentes communes de la Capitale, les habitants souffrent le martyre à cause de la rareté du lait en sachet. La livraison ne se fait que deux fois par semaine. Les quantités distribuées sont réduites de moitié et les commerces sont souvent pris d'assaut. Hier, à 8h du matin, dans l'un des quartiers populaires d'Alger, le lait en sachet a déserté les magasins. En effet, les habitants ont beau parcourir les épiceries pour s'approvisionner de cette denrée alimentaire, mais en vain. D'innombrables foules s'amassent devant les épiceries dans l'espoir d'acquérir un sachet de lait, au plus deux. Dans certaines régions du pays, des témoignages renseignent sur l'acuité de la pénurie. Des pères de famille ouvrent le bal de la chaîne humaine devant le commerçant très tôt le matin, ceux parmi eux qui ont une famille nombreuse n'hésitent pas à impliquer leurs petits-enfants, les réveillant parfois à 4 heures du matin pour tromper la vigilance de l'épicier qui distribue, par souci de servir tous ses clients, les quantités de lait en sachet de façon équitable, à savoir deux sachets au maximum par personne. Les ministères du Commerce et de l'Agriculture et du Développement rural ont publié récemment une instruction pour organiser et encadrer la production et la commercialisation du lait pasteurisé en sachet par un meilleur contrôle de la transformation de la poudre de lait subventionnée et l'encouragement de la production nationale, a annoncé le ministre du Commerce, Mustapha Benbada. Publiée le 5 mars dernier dans le cadre de l'accompagnement du secteur de l'agriculture dans l'organisation de la filière du lait, l'instruction vise à faciliter les opérations de contrôle pour que ce produit ne soit pas détourné de sa finalité, à savoir la production de lait en sachet administré depuis 2001 à 25 DA. Le marché algérien a connu ces derniers mois des perturbations dans la distribution de ce produit de large consommation, ce qui a amené le ministère du Commerce à diligenter une enquête pour déterminer les véritables "raisons" à l'origine de ces perturbations. L'enquête a montré que la pression sur le lait en sachet subventionné était due au recours d'un grand nombre de consommateurs à ce type de lait suite à la hausse des prix des autres marques de lait non subventionné qu'ils consommaient d'habitude. Le ministre a tenu à souligner que le rôle du ministère du Commerce consiste essentiellement à contrôler le marché du lait quant à la quantité et la qualité et au respect des prix appliqués, conformément aux textes réglementaires régissant l'opération, alors que celui du ministère de l'Agriculture consiste à assurer la production du lait et sa disponibilité sur le marché. La décision ministérielle exige des laiteries la tenue de trois registres pour suivre le mouvement des stocks de lait. Il s'agit d'un registre pour les quantités de lait cru et de lait subventionné qui entrent et qui sortent, d'un registre pour les quantités de poudre de lait provenant de l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL) et la vente du lait produit à partir de cette poudre et d'un troisième registre pour les quantités de poudre de lait acquises en dehors de la part assurée par l'ONIL. L'instruction exige aussi la différenciation des emballages des différents types de lait pour permettre aux consommateurs de les reconnaître aisément et aux agents chargés du contrôle de distinguer les prix libres et les prix administrés. Pour rappel, l'Office national interprofessionnel du lait et produits laitiers (Onil), avait affirmé que les stocks actuels de poudre de lait couvrent les besoins du marché national pour plusieurs mois. En dépit de cette assurance les citoyens peinent toujours à s'approvisionner en cette matière première. Une perturbation dans la distribution du lait pasteurisé en sachet a été enregistrée ces derniers jours à Alger en raison de la grève déclenchée jeudi dernier par les travailleurs du complexe laitier de Birkhadem (Alger) "Colaital". Mardi, l'activité a repris au niveau de cette unité après la satisfaction des revendications salariales des employés de Colaital, la plus grande laiterie à Alger. L'Onil avait lancé, en janvier dernier, un avis d'appel d'offres international pour l'importation de poudre de lait. Cet avis d'appel d'offres s'adressait aux entreprises spécialisées dans la production ou le commerce de la poudre de lait et de la matière grasse. Il portait sur la fourniture de poudre de lait écrémé (qualité medium heat et low heat), de poudre de lait entier à 26% de matière grasse et de matière grasse laitière. En février dernier, l'Office avait retenu 13 fournisseurs étrangers ayant soumissionné à l'appel d'offres international pour la fourniture des matières premières laitières. Il s'agit de la Hollande, la France, la Belgique, le Singapour, l'Allemagne, la Suisse, l'Irlande, le Royaume-Uni et d'Australie. Pourvu que ces mesures apportent leurs fruit, et règlent la crise radicalement !