Le P-DG d'Alstom Patrick Kron a répondu au cours du week-end aux deux courriers de Siemens proposant une alliance entre les deux groupes, rapporte hier la presse allemande, évoquant une lettre aux accents revêches. Dans sa lettre adressée au patron de Siemens Joe Kaeser, M. Kron prend note de l'offre du conglomérat allemand, qui a proposé de reprendre les actifs d'Alstom dans l'énergie convoités également par l'américain General Electric et de céder au français son activité trains et métros. Mais avant de répondre à ces lettres je voudrais m'inscrire résolument en faux contre des propos injustes proférés par vos collègues, écrit le patron français, cité par le quotidien allemand Frankfurter Allgmeine Zeitung (FAZ). Le FAZ précise que le courrier de M. Kron à des accents revêches tandis que le quotidien des affaires Handelsblatt, qui en a également pris connaissance, évoque un échange épistolaire glacial. La direction de Siemens s'était adressée à deux reprises, les 26 et 29 avril, directement à M. Kron pour lui soumettre ses propositions, dans deux lettres. Dans le second courrier, les responsables de Siemens déploraient l'absence de réaction au premier, et dénonçaient une inégalité de traitement avec le prétendant américain. Dans sa réponse, M. Kron a précisé s'être entretenu au téléphone avec M. Kaeser, et avoir affirmé que les propositions de celui-ci valaient la peine d'être étudiées plus avant, selon le Handelsblatt. Des conseillers des deux côtés se sont rencontrés, ajoute le courrier, et les conseillers d'Alstom reprendront contact avec Siemens dès que cela sera possible pour discuter des prochaines étapes. Le conseil d'administration d'Alstom s'est prononcé la semaine dernière en faveur de l'offre de GE, alors que le ministre français de l'Economie Arnaud Montebourg ne cache pas sa préférence pour Siemens.
GE lance une offre sur deux filiales cotées d'Alstom en Inde L'américain General Electric a lancé hier deux offres d'un montant total d'environ 281 millions d'euros pour acquérir les titres de deux filiales d'Alstom cotées en Inde, conséquence de son offre sur la branche énergie de l'industriel français. Le groupe précise qu'il ne mènera à son terme ces offres que s'il parvient à racheter la branche énergie d'Alstom pour laquelle il propose 12,35 milliards d'euros. GE propose de racheter les 25% d'Alstom T&D India cotés en Bourse au prix de 261,25 roupies par action, soit un maximum de 16,7 milliards de roupies (200,7 millions d'euros), selon les détails de l'offre publiés par Credit Suisse qui organise l'opération. Le groupe américain propose également le rachat des 26% d'Alstom India cotés au prix de 382,20 roupies par action, soit un maximum de 6,68 milliards de roupies (80,2 millions d'euros), selon l'offre. Cette double offre en Inde intervient après que le conseil d'administration du groupe français a décidé fin avril de se donner jusqu'à la fin mai pour étudier d'éventuelles offres de rachat pour sa branche énergie, avant d'entrer en négociations exclusives avec GE, dont l'offre de 12,35 milliards d'euros a sa préférence. Le titre Alstom T&D India gagnait 2,88% à 279 roupies en fin de matinée à la Bourse de Bombay tandis qu'Alstom India reculait de 2,80% à 451,50 roupies dans un marché en hausse de 0,55%. Le groupe américain précise aussi qu'il achètera à Alstom les 75% d'Alstom T&D India et 68,56% d'Alstom India que le groupe français détient si son offre globale réussit. Alstom T&D India regroupe l'activité de transmission d'électricité du groupe français en Inde.
Problème de compétitivité en France Pour le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, le dossier Alstom est révélateur du problème de compétitivité des entreprises françaises et constitue un argument supplémentaire en faveur de son amélioration. Ce dossier montre bien que certaines entreprises françaises ont du mal à survivre seules, et donc là aussi on retrouve le problème de compétitivité, de capacité d'investir, de se développer, a estimé M. Noyer sur Europe 1. Selon lui, c'est un argument de plus pour montrer que l'augmentation de la compétitivité des entreprises françaises est indispensable. L'industriel Alstom, qui cherche à vendre sa branche énergie pour faire face à des difficultés financières, est courtisé à la fois par le conglomérat américain General Electric (GE) et par l'allemand Siemens. S'il a annoncé mercredi sa préférence pour l'offre de GE, il a laissé la porte entrouverte à d'autres propositions, dont celle de Siemens, comme le souhaitait le gouvernement qui surveille de près le dossier. M. Noyer a souligné que GE était une entreprise bien connue et très française d'une certaine façon, avec beaucoup d'employés en France, des activités industrielles en France et des partenariats importants, par exemple avec Safran sur les moteurs d'avion.
Les Français jugent normale l'intervention de l'Etat Une majorité de Français trouve normal que l'Etat intervienne dans le dossier Alstom même s'il ne s'agit pas d'une entreprise publique, selon un sondage Tilder-LCI-OpinionWay publié ce week-end. 58% des personnes interrogées considèrent que cette intervention est normale, contre 40% qui estiment le contraire, selon cette enquête. Par ailleurs, ils sont également 58% à préférer qu'Alstom soit racheté par une entreprise européenne plutôt qu'américaine, contre seulement 6% à préférer une entreprise d'outre-Atlantique. 35% des personnes interrogées estiment que l'origine de l'entreprise qui rachètera Alstom n'a pas d'importance. Sondage OpinionWay-Tilder-LCI réalisé en ligne les 29 et 30 avril 2014 auprès d'un échantillon de 952 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, constitué d'après la méthode des quotas. Une majorité de Français souhaite une nationalisation temporaire de l'entreprise Alstom, selon un sondage réalisé pour une chaine d'information continue. L'idée, avancée par le leader du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon, séduit 55% des Français (70% à gauche), selon un sondage réalisé par l'institut BVA pour iTélé, a indiqué la chaine dans un communiqué. Six Français sur dix, selon ce même sondage, se disent mécontents de la gestion du dossier Alstom par le gouvernement. Enquête réalisée via internet les 29 et 30 avril auprès de 1 102 personnes sélectionnées selon la méthode des quotas.