Le chef du puissant Hezbollah chiite prosyrien, Hassan Nasrallah, a affirmé jeudi que le sit-in observé depuis une semaine à Beyrouth par l'opposition se poursuivrait jusqu'à la chute du gouvernement de Fouad Siniora. "Ceux qui misent sur notre reddition se font des illusions", a dit cheikh Nasrallah, dont le mouvement soutenu par Damas et Téhéran est le fer de lance de l'opposition, dans un discours retransmis en direct sur un écran géant installé au centre de Beyrouth devant des milliers de manifestants. "Nous insistons sur notre exigence de former un gouvernement libanais d'union nationale car c'est le seul moyen d'éviter une tutelle étrangère sur le Liban", a ajouté le chef du Hezbollah chiite libanais qui vit dans la clandestinité depuis la guerre contre Israël en juillet-août derniers, avant de prévenir: "nous ne quitterons pas la rue avant d'avoir atteint notre objectif". L'opposition, incluant le courant chrétien du général Michel Aoun et des groupes pro-syriens, a appelé à une nouvelle manifestation dimanche au centre de Beyrouth, menaçant de recourir à d'"autres moyens de protestation" pour obtenir la chute du cabinet issu de la majorité parlementaire anti-syrienne. L'opposition, qui n'a pas précisé la nature de ses actions futures, demande le départ du gouvernement qu'elle juge illégitime depuis la démission des six ministres pro-syriens à la mi-novembre, plongeant le pays dans une grave crise. Une première manifestation avait rassemblé des centaines de milliers de personnes dans le centre de Beyrouth le 1er décembre. Depuis, des milliers de manifestants participent à un sit-in illimité devant le Sérail, siège du gouvernement, où se trouvent M. Siniora et plusieurs ministres. Avant le discours de M. Nasrallah, M. Siniora dont le gouvernement est soutenu par l'Occident a réitéré son appel au dialogue. "Nous savons tous qu'aussi longtemps que puisse durer la crise, les Libanais devront s'asseoir ensemble" pour la résoudre, a déclaré M. Siniora depuis le Sérail, où se succèdent quotidiennement des centaines de citoyens pour lui affirmer leur soutien. M. Aoun, chef du Courant patriotique libre, un pilier de l'opposition, a promis une "escalade de la pression populaire". Craignant une escalade violente après des affrontements qui ont fait un mort et une vingtaine de blessés entre partisans de la majorité et de l'opposition ces derniers jours, le commandant en chef de l'armée, Michel Sleimane, a mis en garde contre "les dangers d'un dérapage si la crise actuelle perdurait". L'armée et la police ont déployé près de 20.000 hommes à Beyrouth, renforcés par des centaines de véhicules blindés et de chars. Selon des sources proches du chef pro-syrien du Parlement Nabih Berri, que "les médiations, même si elles ont permis de faire baisser la tension, n'ont pas abouti à une solution de sortie de crise". Parmi ces initiatives, l'Eglise maronite, représentant la plus importante communauté chrétienne du Liban, a proposé un scénario englobant une élection présidentielle anticipée et la formation d'un gouvernement d'entente nationale ou un cabinet formé de personnalités indépendantes. La majorité parlementaire réclame le départ du président Emile Lahoud, dont le mandat a été prorogé de trois ans en septembre 2004 à la demande de la Syrie. Pour M. Lahoud, "la Chambre actuelle n'est pas représentative et ne peut élire un nouveau chef d'Etat".