Le procès de l'ancien flamboyant homme d'affaires algérien Rafik Khalifa, ainsi que dix autres prévenus poursuivis pour banqueroute et détournements de fonds, s'est ouvert, hier à Nanterre, en l'absence du principal intéressé emprisonné en Algérie. Le fondateur du groupe Khalifa, écroué à Londres depuis 2007, a été extradé vers Alger le 24 décembre. Paris a demandé à l'"emprunter" le temps du procès, mais le gouvernement algérien n'a pas donné suite à cette demande Sur les douze prévenus dans cette affaire, neuf étaient présents à l'ouverture du procès qui s'étalera jusqu'au 21 juin prochain, le principal accusé, Rafik Khelifa, étant déjà incarcéré depuis décembre 2013 en Algérie pour affaire similaire, suite à son extradition par les autorités britanniques. Un cas d'empêchement pour maladie d'un des prévenus et le décès d'un autre ont en réduit le nombre des accusés présents à neuf dont un notaire, des anciens représentants du Groupe Khalifa en France ainsi qu'un constructeur et équipementier aéronautique. Certains parmi les accusés ont été déjà condamnés en mars 2007 par le tribunal criminel de Blida à des peines de prison. Dans son réquisitoire, la présidente du Tribunal, Me Fabienne Siredey-Garnier, a fait un rappel des faits, affirmant que trois parquets français en étaient saisis au départ, avant d'en confier la compétence au Tribunal de Grande instance de Nanterre, ville où les principales activités du Groupe Khalifa en France étaient domiciliées. Tout en évoquant une "fulgurante" et "surprenante" montée de "l'empire économico-financier" de l'ancien milliardaire algérien en quelques années en France, elle a indiqué que deux instructions judiciaires ont été ouvertes dans cette affaire suite à de "sérieux signalements" de dysfonctionnements dans les différentes sociétés du Groupe Khalifa. La présidente du Tribunal a cité notamment des "soupçons de blanchiment" d'argent par le Groupe, surtout à travers les activités de Khalifa Airways et d'Antinéa Airlines (filiale) en France, ainsi que le signalement anonyme du "non-paiement" des salariés de Rent Car, l'autre filiale de location de voitures du Groupe Khalifa. Elle a signalé, à cette occasion, qu'excepté Krg Pharma, dont la principale animatrice n'est autre que l'ex-épouse de Rafik Khelifa (Nadia Amirouchen) présente à l'audience, toutes les autres entités ayant appartenu au Groupe mis en cause ont été "mises en liquidation". Dans l'après-midi, le Tribunal devait commencer à auditionner les accusés dans cette affaire. Les plaidoiries des parties civiles interviendront le 16 juin. Rafik Khelifa, qui sera jugé par défaut lors de ce procès, a déjà été condamné en 2007 en Algérie par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité pour association de malfaiteurs et faillite frauduleuse. Mais la Cour suprême algérienne a cassé en 2012 cette condamnation et il doit être de nouveau jugé dans son pays. Le procès de Nanterre a été renvoyé une première fois en septembre 2013 car la défense avait soulevé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur le délai raisonnable rejetée par la Cour de cassation. Selon Me Jean-Yves Le Borgne, avocat d'un des prévenus, il poserait aussi des questions de compétence, la compagnie aérienne Khalifa Airways et El Khalifa Location de Voitures étant certes immatriculées au tribunal de commerce de Nanterre, mais ce sont des sociétés de droit algérien. Notons que l'opinion publique algérienne, en particulier, et internationale en générale aimerait que ce procès donne les clés pour comprendre l'ascension fulgurante de M. Khalifa qui a bâti en très peu de temps, à la fin des années 90, un empire présent dans les secteurs aérien, bancaire et pharmaceutique, mais aussi les médias et les transports. Toutefois, les débats risquent d'être décevants en l'absence du principal prévenu. En effet, seul Abdelmoumen Khalifa peut donner des réponses aux nombreuses questions qui se posent ! Une chose est sûre, est que procès exposera une partie des faits. Sur ce, seul le temps donnera des réponses aux interrogations. L'affaire suit….