Le premier absent est le principal accusé, Rafik Khalifa, étant déjà incarcéré depuis décembre 2013 en Algérie à la suite de son extradition par les autorités britanniques. Pour les deux autres absents, il s'agit d'un cas d'empêchement pour maladie pour l'un des prévenus et du décès d'un autre. Parmi les neuf accusés présents il y a un notaire, des anciens représentants du Groupe Khalifa en France, dont l'ex-épouse d'Abdelmoumène, ainsi qu'un constructeur et équipementier aéronautique. Certains parmi les accusés ont été déjà condamnés en mars 2007 par le tribunal criminel de Blida à des peines de prison. À l'ouverture de l'audience, la présidente du tribunal, Me Fabienne Siredey-Garnier, a commencé par faire un rappel des faits. Elle a ainsi précisé que trois parquets français ont été saisis au départ du dossier Khalifa, avant d'en confier la compétence au tribunal de Grande instance de Nanterre, ville où les principales activités du Groupe Khalifa en France étaient domiciliées. La juge a évoqué une «fulgurante» et «surprenante» montée de «l'empire économico-financier» de l'ancien milliardaire en quelques années en France, avant de rappeler que deux instructions judiciaires ont été ouvertes dans cette affaire suite à de «sérieux signalements» de dysfonctionnements dans les différentes sociétés du Groupe Khalifa. La présidente du tribunal a cité notamment des «soupçons de blanchiment» d'argent par le Groupe, surtout à travers les activités de Khalifa Airways et d'Antinéa Airlines (filiale) en France, ainsi que le signalement anonyme du «non-paiement» des salariés de Rent a Car, l'autre filiale de location de voiture du Groupe Khalifa. Elle a précisé, à ce propos, qu'excepté Krg Pharma - dont la principale animatrice n'est autre que l'ex-épouse de Rafik Khalifa (Nadia Amirouchene) présente à l'audience-, toutes les autres entités ayant appartenu au Groupe Khalifa ont été «mises en liquidation». Après la présentation des faits, le tribunal devait commencer dans l'après-midi d'hier l'audition à la barre des neuf accusés présents. Les réponses de ces derniers devraient permettre au tribunal de Nanterre d'être mieux éclairé sur les détournements de fonds et les malversations qui ont accompagné la déconfiture des filiales françaises de la compagnie aérienne Khalifa Airways et de Khalifa Rent a car. L'audition pourrait également lever le voile sur les délits de banqueroute par dissimulation et détournement d'actifs puisque, rappelons-le, il y a eu la vente et la cession de plusieurs véhicules de luxe appartenant aux sociétés Khalifa ainsi que de la vente de la villa «Bagatelle» de Cannes, achetée par Khalifa Airways en juillet 2002 pour environ 36 millions d'euros et revendue 16 millions d'euros l'année suivante. Il y a eu également la ré-immatriculation de trois avions de la compagnie aérienne, d'une valeur d'environ 1,7 million d'euros chacun, au profit d'une autre compagnie qui n'avait aucun rapport avec elle. A préciser que les plaidoiries des parties civiles n'interviendront pas avant le 16 juin. Rappelons que le procès de Nanterre a été renvoyé une première fois car la défense avait soulevé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur le délai raisonnable rejetée par la Cour de cassation mais aussi des questions de compétence. Pour Me Jean-Yves Le Borgne, avocat d'un des prévenus, la compagnie aérienne Khalifa Airways et El Khalifa Location de Voitures, au coeur de la dissimulation supposée des avions et du parc de voitures de luxe, sont certes immatriculées au tribunal de commerce de Nanterre, mais ce sont des sociétés de droit algérien : «On assiste ici à un mélange de reproches qui ont du sens et d'autres qui sont fantasmés.» Selon lui, les trois avions n'ont pas été dissimulés : ils ont été vendus mais sont restés dans le giron du groupe. Il est à préciser enfin que Rafik Khalifa est en prison depuis son extradition par Londres vers l'Algérie, le 24 décembre dernier. Condamné par contumace en mars 2007 à la réclusion à perpétuité par le tribunal criminel près la Cour de Blida pour «association de malfaiteurs, vol qualifié, détournement de fonds, faux et usage de faux», il devra être rejugé. Son affaire sera enrôlée sur la base du même dossier de ses coaccusés de 2007. Abdelmoumène Khalifa sera jugé seul. Les autres accusés seront entendus dans son procès comme témoins. H. Y.