Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, a affirmé hier à Alger que "l'Algérie n'extrade pas les citoyens algériens pour qu'ils soient jugés à l'étranger". M. Louh, qui répondait, en marge du débat autour du plan d'action du gouvernement à l'APN, à la question d'un journaliste sur la demande d'extradition d'Abdelmoumene Rafik Khelifa, principal accusé dans l'affaire "Khalifa", pour être jugé en France, a précisé que "l'Algérie n'extrade pas les citoyens algériens pour qu'ils soient jugés à l'étranger, conformément à la loi, notamment l'article 698 du Code de procédure pénale". Pour rappel, le procès de l'ancien homme d'affaires algérien Abdelmoumène Rafik Khelifa, poursuivi ainsi que dix autres prévenus pour notamment "banqueroute" et "détournement de fonds", s'est ouvert avant-hier au Tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine), a-t-on constaté. Sur les douze prévenus dans cette affaire, neuf étaient présents à l'ouverture du procès qui s'étalera jusqu'au 21 juin prochain, le principal accusé, Rafik Khelifa, étant déjà incarcéré depuis décembre 2013 en Algérie pour affaire similaire, suite à son extradition par les autorités britanniques. Un cas d'empêchement pour maladie d'un des prévenus et le décès d'une autre ont en réduit le nombre des accusés présents à neuf dont un notaire, des anciens représentants du Groupe Khalifa en France ainsi qu'un constructeur et équipementier aéronautique. Certains parmi les accusés ont été déjà condamnés en mars 2007 par le tribunal criminel de Blida à des peines de prison. Dans son réquisitoire, la présidente du Tribunal, Me Fabienne Siredey-Garnier, a fait un rappel des faits, affirmant que trois parquets français en étaient saisis au départ, avant d'en confier la compétence au Tribunal de Grande instance de Nanterre, ville où les principales activités du Groupe Khalifa en France étaient domiciliées. Tout en évoquant une "fulgurante" et "surprenante" montée de "l'empire économico-financier" de l'ancien milliardaire algérien en quelques années en France, elle a indiqué que deux instructions judiciaires ont été ouvertes dans cette affaire suite à de "sérieux signalements" de dysfonctionnements dans les différentes sociétés du Groupe Khalifa. La présidente du Tribunal a cité notamment des "soupçons de blanchiment" d'argent par le Groupe, surtout à travers les activités de Khalifa Airways et d'Antinéa Airlines (filiale) en France, ainsi que le signalement anonyme du "non-paiement" des salariés de Rent Car, l'autre filiale de location de voitures du Groupe Khalifa. Elle a signalé, à cette occasion, qu'excepté Krg Pharma, dont la principale animatrice n'est autre que l'ex-épouse de Rafik Khelifa (Nadia Amirouchen) présente à l'audience, toutes les autres entités ayant appartenu au Groupe mis en cause ont été "mises en liquidation".