Quelque 60% des jeunes scolarisés ont déclaré que les perspectives d'avenir leur semblent " floues", a révélé une enquête menée par le Centre national des études appliquées et présentée mardi, à Alger, par le ministre de la Jeunesse et des Sports, M. El Hachemi Djiar. L'enquête, lancée en août 2007 dans 14 wilayas du nord, sud, est et ouest, sur un échantillon d'environ 3000 jeunes, a montré que 60,6% des jeunes interrogés pensent que leur avenir leur semble flou, alors que 73,7% trouvent que le cadre de vie est "difficile" et "sans perspective". Parmi les jeunes sondés, 58,2% ont indiqué ne pratiquer aucune activité sportive, 90,6% ne sont membres d'aucune association, 33,7% pensent qu'ils auront plus de chance à travailler à l'étranger, tandis qu'une infime partie a déclaré "vouloir quitter le pays définitivement". Le ministre, qui intervenait lors de la rencontre gouvernement-walis sur la politique nationale de la jeunesse, a estimé que les résultats de cette enquête "traduisent un marasme certain qui prend ses racines dans toutes les crises qui ont ébranlé l'Algérie depuis les années 1980". Il a néanmoins affirmé que ce marasme "n'est pas insurmontable pour peu que l'on s'attelle résolument à poursuivre la mise en œuvre de la politique de restructuration nationale et à conduire la politique publique en direction de la jeunesse". Par ailleurs, le ministre a estimé que la présente rencontre est d'une "extrême importance" et vient "impulser un nouveau rythme au redressement national en ouvrant l'immense chantier de la jeunesse". Aussi, les participants aux différents ateliers ont mis en exergue la nécessité de promouvoir une éducation et un apprentissage fondés sur l'esprit critique, les valeurs nationales et l'ouverture sur les valeurs universelles. La promotion de ces valeurs a pour vocation d'"éviter toutes les dérives actuelles" des jeunes, selon le rapport du 2e atelier sur "l'éducation, la formation, l'apprentissage et l'accès aux connaissances". Cela se concrétise à travers le confortement de la refonte des contenus pédagogiques et de la modernisation des méthodes d'enseignement, accompagnée d'une évaluation des résultats atteints par des organismes de recherche, indique le document. La formation des formateurs qui agit sur le comportement devant promouvoir le respect de l'autre, la tolérance et la reconnaissance de la valeur du travail, devront être formalisés dans le cadre d'une charte d'éthique, précise-t-il. L'atelier a proposé, par ailleurs, à propos de la déperdition, l'échec scolaire, le décrochage et l'analphabétisme, d'assurer par les établissements le soutien et le rattrapage scolaire aux élèves en situation d'échec. Par ailleurs, les participants à la rencontre gouvernement-walis ont recommandé, mardi, la création d'un centre de recherche multidisciplinaire sur la jeunesse et d'un réseau national d'informations, pour faciliter la prise de décision des pouvoirs publics. Le quatrième des six ateliers préparatoires à la réunion en plénière de la rencontre gouvernement-walis, chargé de faire des recommandations sur "l'intégration des jeunes dans l'environnement social", a précisé dans son rapport que ce centre devra mener des recherches en psychologie, sociologie et sciences juridiques. Aussi, des experts réunis autour de l'atelier sur "l'emploi et l'insertion professionnelle des jeunes" ont recommandé la création d'un fonds dédié à la micro-entreprise et à l'emploi des jeunes. Le fonds, régi par des règles souples, favoriserait la promotion de l'esprit de partenariat dans le cadre du financement des activités génératrices de richesse. Il s'inspire de l'expérience latino-américaine dénommée "Credito Palabro" où le financement des activités productives est assuré en concours direct et avec un taux de remboursement de l'ordre de 80%, lit-on dans le rapport qui sera soumis par l'atelier à la plénière. Les experts regrettent, à titre d'exemple, que "dix ans après le lancement du dispositif de l'Ansej et avec l'arrivée des autres dispositifs Cnac et Angem, aucune agence bancaire n'est dotée d'un guichet chargé de réceptionner les dossiers des jeunes chômeurs porteurs de projets et éligibles aux différents dispositifs". Les participants au cinquième atelier de la rencontre gouvernement-walis ont présenté, quant à eux, plusieurs recommandations pour combattre les "déviations et les fléaux sociaux", portant sur la communication, l'éducation et la lutte contre la toxicomanie et la violence. Dans leur rapport, élaboré à l'issue de deux jours de travaux, les membres du 5e atelier ont préconisé d'"insérer l'information sur la toxicomanie au niveau des programmes d'éducation civique et religieuse" et de "multiplier les centres de désintoxication". Ils ont également plaidé pour la "mise en place d'un programme de lutte contre les différents réseaux criminels de recrutement des jeunes, d'endoctrinement, d'incitation à l'intolérance, à la violence et au terrorisme". Dans ce cadre, ils ont appelé à "faire émerger une élite (référence) religieuse compétente devant servir de modèle crédible en direction des jeunes, capable de porter le message de l'islam et de contrecarrer les actions d'endoctrinement et d'incitation à l'intolérance, en se référant aux valeurs religieuses authentiques".