Dans un discours prononcé hier à Alger, à l'occasion de la cérémonie de clôture de la rencontre gouvernement-walis consacrée exclusivement à la jeunesse, Abdelaziz Bouteflika est revenu longuement sur les échecs officiels en matière de prise en charge de la jeunesse. Le fossé séparant la jeunesse et les pouvoirs publics s'élargit et se confirme. Le constat est fait et les hautes autorités du pays font leur mea-culpa. Le premier à exposer le diagnostic est le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. « Il faut reconnaître que les politiques nationales n'ont pas toujours été à la hauteur des attentes de nos jeunes. Elles ont en particulier manqué d'efficacité et de cohérence du fait de l'absence de mécanismes opérationnels de concertation de la jeunesse », avoue-t-il. Dans un discours prononcé hier à Alger, à l'occasion de la cérémonie de clôture de la rencontre gouvernement-walis consacrée exclusivement à la jeunesse, Abdelaziz Bouteflika est revenu longuement sur les échecs officiels en matière de prise en charge de la jeunesse. Il qualifie la situation actuelle de véritable « crise ». Une crise qui se manifeste, selon lui, par l'affaiblissement du sentiment patriotique, la perte des repères identitaires et culturels, l'éloignement des valeurs fondamentales de la société et par une grande difficulté à se doter de perspectives d'avenir. « Ce sont autant de signes qui prédisposent le jeune à toute sorte de déviances et d'extrémismes et l'exposent, souvent injustement, à la stigmatisation collective », souligne-t-il. Ce sont ces facteurs, enchaîne-t-il, qui ont donné naissance à deux phénomènes dangereux : « Les kamikazes et les harraga. » Le premier magistrat du pays met en garde dans ce sens contre toute mauvaise appréciation de ces phénomènes. « Les 2400 harraga recensés et les kamikazes d'Alger, de Lakhdaria, de Batna et de Dellys pourraient devenir bien plus nombreux si l'on n'y prenait sérieusement garde », lance-t-il. Poursuivant dans l'exposition du bilan établi, l'orateur a mis également l'accent sur la crise de confiance qui s'est installée entre les jeunes et les pouvoirs publics. « Les sondages effectués sur les attentes de la jeunesse confirment ce constat qui illustre la déconnexion de la relation entre les jeunes et l'action des pouvoirs publics », affirme-t-il. En effet, les résultats d'une enquête sur la jeunesse réalisée par le Centre national d'études et d'analyses pour la population et le développement (CENEAP) sont sans appel. Lu devant l'assistance par le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, cette enquête confirme le marasme et le désespoir dans lesquels se sont enlisés les jeunes Algériens. « 60,5% des jeunes scolarisés déclarent avoir un avenir flou, 73% sont sans aucun cadre de vie, 58% ne pratiquent aucune activité sportive, 90% n'ont adhéré à aucune association et 33% affirment avoir des possibilités de vivre à l'étranger. Il n'y a qu'une infime minorité qui veut quitter définitivement le pays », dira Hachemi Djiar. Rappelant « les enveloppes financières (150 milliards de dinars) allouées au secteur de la jeunesse et des sports », Abdelaziz Bouteflika estime que cette état de fait met d'emblée en jeu l'avenir de la nation. « Nous avons aujourd'hui besoin de renouveler notre regard sur la jeunesse, de modifier notre attitude à son égard et d'adopter de nouvelles approches et de nouvelles méthodes dans la prise en charge de ses attentes », explique-t-il. L'orateur incite ainsi le gouvernement et les collectivités locales à associer les jeunes dans la réalisation des programmes qui les concernent. Cela, précise-t-il, devra se faire à travers la mise en place d'une nouvelle politique d'intégration. Ce constat a été fait il y a bien longtemps. Reste à savoir si l'engagement pris sera traduit concrètement sur le terrain…