Constat n En dépit des colossales sommes d'argent mobilisées et des efforts consentis, les pouvoirs publics n'ont pas réussi à répondre aux aspirations et attentes des jeunes. Résultat : beaucoup d'entre eux ont fini par perdre espoir comme en témoigne leur recours de plus en plus fréquent à l'émigration clandestine, à la violence terroriste et à la consommation de drogue, entre autres. Tel est le constat amer établi hier, mardi, par bon nombre d'intervenants lors de la rencontre gouvernement-walis consacrée exclusivement au dossier de la jeunesse. Ainsi, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, n'y est pas allé par trente-six chemins pour reconnaître que les politiques nationales «n'ont pas toujours été à la hauteur des attentes de nos jeunes», en ce sens qu'elles ont manqué «d'efficacité et de cohérence du fait de l'absence de mécanismes opérationnels de concertation et de coordination des diverses institutions chargées des questions de la jeunesse». De son côté, le ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hachemi Djiar, a indiqué que l'Etat n'a pas lésiné sur les moyens pour permettre aux jeunes de s'émanciper. Pour autant, les résultats n'ont pas toujours été au rendez-vous. Citant une enquête réalisée, en août dernier, par le Centre national d'études et d'analyses pour la population et le développement (Ceneap) dans 14 wilayas, il a déclaré que 60,6% des jeunes scolarisés ont des perspectives d'avenir «floues», 73,7% trouvent que le cadre de vie est «difficile et sans perspective», 33,7% pensent qu'ils auront plus de chance à travailler à l'étranger, alors qu'une infime partie veut quitter le pays définitivement, 58,2% ne pratiquent aucune activité sportive et 90,6% ne font partie d'aucune association. Les résultats de cette enquête traduisent «un marasme certain qui prend ses racines dans toutes les crises vécues par notre pays depuis les années 1980», a poursuivi le ministre. Toujours est-il que tout n'est pas noir et ce marasme «n'est pas insurmontable», selon M. Djiar pour qui les efforts consentis par l'Etat depuis 1999 commencent à porter leurs fruits. De leur côté, les participants aux ateliers installés lors de cette rencontre ont relevé des lacunes dans les dispositifs d'emploi, les programmes scolaires et de formation ainsi que les méthodes de prise en charge des jeunes. Difficultés d'accès au logement, à l'emploi et aux crédits nécessaires au lancement de projets d'investissement, manque de moyens de détente et absence d'activités extrascolaires, d'échanges culturels et sociaux, les jeunes souffrent le martyre, selon les experts ayant pris part à ces ateliers. Partant de ces constats, le président de la République a annoncé l'élaboration prochaine d'une «nouvelle politique d'intégration» à même d'«améliorer l'efficacité des actions engagées et rénover les méthodes de travail».