Face à la récurrence, parmi l'opinion publique algérienne, des interrogations quant à la pertinence d'utiliser la fracturation hydraulique pour la future et proche exploitation du gaz et du pétrole de schiste en Algérie, la réaction du Pouvoir semble se radicaliser. En effet, les déclarations de l'actuel ministre des Ressources en eau sur le sujet se font de moins en moins nuancées. L'exploitation du gaz de schiste, projetée à partir de 2025 et qui nourrit des débats en Algérie, serait une option pour le future et ne constituerait pas une menace pour les réserves hydriques du pays, à en croire le ministre des Ressources en eau, M. Hocine Necib. "Dans la technique de fracturation hydraulique, les eaux utilisées peuvent être récupérées et recyclées à un taux minimal de 80 %", a indiqué le ministre au cours d'une conférence de presse, en marge du 2ème séminaire sur la stratégie de l'eau en Méditerranée occidentale. "Les ressources hydriques sont, de ce fait, préservées en terme quantitatif", a-t-il assuré, ajoutant qu'au plan environnemental, "la technique s'est également développée pour réduire les additifs chimiques à une douzaine seulement aujourd'hui, contre 700 utilisés à l'avènement du procédé". "Les 12 additifs chimiques restants sont des matières connues dans les cosmétiques et autres segments de notre environnement de tous les jours", a fait observer M. Necib, en rappelant que "ces produits n'ont pas été reconnus comme nocifs". "Le message essentiel à retenir est que le gaz de schiste est une option pour les générations futures, un choix stratégique pour la sécurité énergétique du pays", a souligné le ministre, faisant remarquer que "si, en l'espace de quelques années, la technique a évolué au point de réduire les additifs à 12 seulement, qu'en restera-t-il encore dans 15 ou 20 ans ?". M. Necib a rappelé à cet égard que "la législation algérienne en matière de protection environnementale fait déjà obligation à l'opérateur de procéder à l'étude d'impact pour tout forage pétrolier dépassant le seuil phréatique, l'incitant notamment à procéder à la double cimentation pour éviter l'infiltration des hydrocarbures". "L'Algérie a également pris les devants en misant sur le développement de ses propres compétences, notamment à travers l'idée de création de la future Grande école de formation d'experts de haut niveau", a fait valoir le ministre. D'autres sujets ayant trait à la gestion rationnelle des ressources hydriques ont été abordés au cours de la conférence de presse qui a, en outre, permis à M. Necib de mettre en relief les projets relevant de son département pour le futur quinquennat (2015-2019). Le ministre était accompagné de la ministre espagnole de l'Agriculture, de l'Alimentation et de l'Environnement, Isabel Garcia Tejerina, qui a évoqué, pour sa part, l'expérience de son pays dans le domaine des études hydrographiques. Les deux ministres avaient co-présidé l'inauguration du 2ème séminaire préparatoire à la prochaine conférence ministérielle du Dialogue 5+5 Eau, prévue avant la fin de l'année en cours en Algérie. La mise en œuvre d'une Feuille de route pour une Stratégie de l'eau commune aux dix pays de la Méditerranée occidentale, a constitué l'objectif majeur de cette rencontre marquée par la participation de nombreux experts. La décision est prise, et elle semble irrévocable : l'Algérie exploitera bel et bien ses gisements de gaz de schiste. Car l'exploitation de cet hydrocarbure non conventionnel est une option stratégique décidée par l'Algérie, et fait partie de la stratégie énergétique du pays. Hélas, cette exploitation est au détriment de l'environnement. En effet, les responsables auront beau nous rassurer, mais en vain. Il faut dire que les différentes recherches en la matière ne cessent de prouver le danger de cette exploitation.