Les deux cimentiers Holcim et Lafarge ont divulgué une liste provisoire de cessions prévues dans le cadre de leur fusion, afin de se conformer aux demandes des régulateurs. Les groupes suisse et français veulent notamment vendre des actifs en Europe, au Canada et au Brésil pour un total de 3,5 milliards d'euros. La fusion entre les deux géants est toujours prévue au premier semestre 2015. Le comité de désinvestissement, mis en place en prévision du mariage entre les deux groupes, a publié une liste des actifs à vendre, "afin d'anticiper les doutes éventuels des autorités de la concurrence", ont souligné Holcim et Lafarge dans un communiqué commun. Les deux groupes veulent notamment céder une cimenterie en Autriche, la plus grande partie des actifs de Holcim en France - à l'exception de la cimenterie d'Altkirch et des sites béton et granulats dans le Haut-Rhin - et ceux de Lafarge à La Réunion hormis la participation dans Ciments de Bourbon. D'autres participations en Allemagne, en Hongrie, en Roumanie, en Serbie et au Royaume-Uni doivent également être vendues. Hors Europe, des cessions sont prévues au Canada, sur l'Île Maurice, aux Philippines et au Brésil. Le P-DG de Lafarge Bruno Lafont a indiqué, lors d'une conférence téléphonique, que "ces cessions représentent environ 3,5 milliards d'euros du chiffre d'affaires combiné des deux groupes", soit environ 10% du chiffre d'affaires mondial. Des cessions supplémentaires sont encore possibles. Le groupe fusionné entend disposer à terme d'une présence "équilibrée" en Europe, de l'ordre de 20% de son chiffre d'affaires. Lafarge-Holcim compte être présent dans 90 pays au niveau mondial.
Liste provisoire "La liste publiée est provisoire et non complète", a insisté le directeur général (CEO) de Holcim, Bernard Fontana. Les deux groupes ont déjà reçu des demandes concrètes de la part de potentiels repreneurs, a-t-il ajouté. "Nous sommes en ligne avec le plan de marche et nous apportons aujourd'hui la partie la plus importante des désinvestissements que nous aurons à faire", a affirmé M. Lafont. Selon M. Fontana, "notre approche privilégie la cession d'entités entières dans un pays, ce qui constitue une assurance de pérennité pour l'activité". Les deux groupes veulent céder des actifs représentant 5 milliards d'euros, soit entre 10 et 15% du chiffre d'affaires combiné de 32 milliards d'euros. Début avril, les deux groupes avaient annoncé leur fusion avec l'objectif de créer le numéro 1 mondial des matériaux de construction. La nouvelle entité, baptisée Lafarge-Holcim, pèsera 40 milliards d'euros en Bourse. La Commission européenne avait alors averti qu'elle mènerait un examen approfondi du projet de rapprochement entre Lafarge et Holcim.
Investisseurs rassurés L'Europe est sans surprise la plus concernée par les cessions annoncées à ce jour. Les ventes de cette région reculeraient d'actuellement 26% du total des deux groupes à environ 20%, ont souligné les analystes de Vontobel. Ces derniers voient de possibles autres désinvestissements en Inde, au Maroc et en Espagne. La liste dévoilée ce lundi représente une capacité annuelle de production de ciment de 25 à 30 millions de tonnes, alors que la banque table sur des cessions représentant au total 43 millions de tonnes. Ces annonces devraient renforcer la confiance des investisseurs dans la fusion prévue, a estimé Vontobel. La divulgation du plan de cession a de nouveau réveillé l'intérêt pour le titre, a pour sa part estimé Natixis. Les cessions prévues devraient engendrer un flot de nouvelles dont bénéficiera l'action, ont ajouté les analystes, recommandant le titre à "buy" pour un objectif de cours à 91francs suisse.