Lafarge et le groupe minier Anglo American ont annoncé vendredi leur intention de fusionner leurs activités matériaux de construction au Royaume-Uni au sein d'une co-entreprise à 50-50. L'accord conclu entre Lafarge, premier cimentier mondial, et Anglo American, vise à regrouper l'ensemble des activités ciment, granulats, béton prêt à l'emploi et enrobés bitumineux des deux groupes sur le marché britannique. L'activité d'Anglo dans ce domaine est assurée par sa filiale Tarmac qu'il cherche à céder depuis plusieurs années. La nouvelle entité, qui permettra à Lafarge de se renforcer outre-Manche, représentera un chiffre d'affaires combiné de 1,8 milliard de livres sterling (2,1 milliards d'euros) sur la base de 2010. "C'est une opportunité qui est née de la crise et qui permet de créer de la valeur dans une période déprimée", a expliqué le PDG de Lafarge, Bruno Lafont, au cours d'une conférence de presse téléphonique. "C'est un deal créateur de valeur parce qu'il y a des synergies fortes, de coûts et de revenus." "L'objectif d'Anglo American reste certes de céder à terme ses intérêts dans la co-entreprise, mais cette transaction est favorable pour nous en termes de maximisation de valeur", commente la directrice générale d'Anglo, Cynthia Carroll dans un communiqué. Notons par ailleurs que Lafarge a annoncé hierun ambitieux programme visant à réduire d'au moins deux milliards d'euros sa dette en 2011, grâce à une baisse de moitié de son dividende, de nouvelles cessions d'actifs et une limitation de ses investissements. Le premier cimentier mondial, qui a également annoncé dans la matinée le regroupement de ses activités britanniques avec celles du groupe minier Anglo American, a pâti l'été dernier d'un regain d'inquiétudes sur le niveau de son endettement et de ses conséquences potentielles sur la note du groupe. Lafarge est noté BBB- par Standard & Poor's et Baa3 par Moody's, dans les deux cas juste au-dessus de la catégorie spéculative. Pour se désendetter, le groupe prévoit de verser un dividende limité à un euro, en espèce, au titre de l'exercice écoulé, contre deux euros l'année précédente, et de réaliser 750 millions d'euros de cessions d'actifs non stratégiques après avoir sécurisé plus de 500 millions de désinvestissements en 2010. il vise aussi 200 millions d'euros de nouvelles réductions de coûts, contre 220 millions en 2010, et compte réduire de 400 millions d'euros ses dépenses d'investissement, autant de mesures qui réduisent aux yeux des investisseurs le risque de voir le groupe procéder à une nouvelle augmentation de capital. La lourde dette du groupe, héritée en grande partie de l'acquisition du cimentier égyptien Orascom Cement fin 2007, flirtait encore avec les 14 milliards d'euros au 31 décembre dernier (+1% par rapport à fin 2009). Vers 10h50, le marché saluait ces initiatives du groupe par une hausse de 4% à 47,85 euros du titre Lafarge, qui enregistre de loin la plus forte hausse du CAC 40. "C'est possible parce que nous avons déjà pris des décisions de limitation des Capex, parce que nous annonçons la décision de diminuer le dividende, et ceci nous permet déjà d'anticiper une réduction d'au moins un milliard d'euros de l'endettement par rapport à 2010", a déclaré le PDG de Lafarge, Bruno Lafont, au cours d'une téléconférence. L'opération Orascom, destinée à renforcer la présence du groupe sur les marchés émergents où 70% de ses capacités de ciment sont désormais installées, avait entraîné un quasi-doublement de la dette entre fin 2007 et fin 2008. Une baisse de deux milliards d'euros de la dette du groupe représenterait une réduction de 14% environ par rapport au niveau de 13,99 milliards affiché fin 2010. "La question sur Lafarge est la faiblesse de la génération de free cash flow pour réduire une dette qui reste excessive", souligne Frédéric Buzaré, responsable de la gestion actions chez Dexia AM, pour qui l'opération au Royaume-Uni va par ailleurs dans le bon sens et permet d'extraire des synergies.