Wall Street a terminé la semaine sans direction, après avoir été victime en séance d'un brusque décrochage déclenché par l'annonce d'un incident militaire en Ukraine: le Dow Jones a perdu 0,30% tandis que le Nasdaq gagnait 0,27%. Selon des résultats définitifs, le Dow Jones a reculé de 50,67 points à 16 662,91 points et le Nasdaq s'est apprécié de 11,93 points à 4 464,93 points. L'indice élargi S&P 500 est resté quasiment stable, cédant 0,12 point à 1 955,06 points. Après un début de journée en hausse, les indices se sont brusquement enfoncés dans le rouge en milieu de matinée à New York, quand Kiev a annoncé avoir en partie détruit une colonne de blindés russes entrée la veille sur son territoire. C'est exactement le genre de nouvelles qui, un vendredi en plein milieu de l'été avec peu de participants, ne peut que rendre les gens nerveux, a commenté Gregori Volokhine de Meeschaert Financial Services. Si la situation dégénérait en véritable conflit armé entre l'Ukraine et la Russie, les premières répercussions se feraient sentir principalement en Europe, avec un durcissement des sanctions économiques contre la Russie et automatiquement des mesures de rétorsion de la part de Moscou, a expliqué le gérant de fonds. L'impact serait moins important sur les Etats-Unis mais cela contribuerait à une certaine peur du risque, a-t-il ajouté. Toutefois, à chaque fois qu'on a observé ce genre de mouvements de vente massifs inspirés par l'Irak, Ghaza ou l'Ukraine, cela n'a jamais duré très longtemps, a nuancé le spécialiste. De fait, les indices ont par la suite peu à peu effacé leurs pertes. Cette évolution semble indiquer que les courtiers sur le marché des actions restent plus sensibles aux fondamentaux économiques qu'aux événements extérieurs, a jugé Peter Cardillo de Rockwell Global Capital. En l'occurrence, le manque d'éclat des indicateurs publiés vendredi conforte l'idée que la Fed ne va sans doute pas modifier de sitôt la trajectoire de sa politique monétaire, particulièrement accommodante, a-t-il ajouté. Si la production industrielle aux Etats-Unis a continué de progresser en juillet pour le sixième mois d'affilée, la hausse des prix à la production a été plus modérée que prévu sur la même période. Quant au moral des ménages américains, il a baissé en août, selon la première estimation de l'indicateur établi par l'Université du Michigan. Ces statistiques s'ajoutent à d'autres chiffres en demi-teinte concernant l'économie américaine diffusés plus tôt dans la semaine, comme la stagnation des ventes de détail en juillet ou l'augmentation plus importante que prévu des inscriptions hebdomadaires au chômage. Tous ces indicateurs "apaisent les craintes sur un éventuel relèvement plus tôt que prévu des taux d'intérêt par la Fed", ont souligné les analystes de Charles Schwab. Il est désormais acquis que la Réserve fédérale mettra fin à l'automne à son programme de rachats massifs d'actifs sur les marchés, mais les courtiers redoutent maintenant le moment où l'institution décidera de commencer à relever les taux d'intérêt, actuellement proches de zéro pour inciter au crédit. Sur le front des valeurs, le groupe de cosmétiques Estée Lauder baissait de 0,50% à 75,52 dollars. L'entreprise a terminé en beauté son exercice fiscal décalé 2013/2014 grâce à une accélération des pré-commandes pour l'année suivante, mais elle reste très prudente dans ses prévisions de bénéfices. Le géant des boissons sans alcool Coca-Cola s'appréciait de 1,36% à 40,73 dollars. Affecté par la désaffection pour ses sodas, le groupe tente de se renforcer dans les boissons énergisantes avec l'acquisition de 16,7%, pour 2,15 milliards de dollars, du spécialiste des boissons survitaminées Monster Energy, qui bondissait de 26,46% à 90,61 dollars. Le groupe de médias Gannett cédait 0,21% à 33,98 dollars. L'investisseur Carl Icahn a annoncé avoir pris une participation de 6,6% dans l'entreprise et soutient le projet de scission de sa branche de journaux annoncé début août. Le marché obligataire a profité de la ruée en cours de séance vers les actifs jugés moins risqués. Signe d'une demande accrue, le rendement des bons du Trésor à 10 ans a reculé à 2,345% contre 2,400% jeudi soir, à son plus bas niveau en clôture depuis juin 2013. Celui des bons à 30 ans a terminé à 3,135% contre 3,192% la veille, descendant à un niveau plus atteint depuis mai 2013.