Au troisième jour de débat autour du projet de loi de finances 2008, plusieurs intervenants ont fait observer une prédominance persistante de la fiscalité pétrolière et des impôts sur les revenus salariaux dans les recettes fiscales de l'Etat. Dans ce sens, ils ont considéré que la part des différents produits fiscaux prélevés dans le secteur économique et des affaires reste relativement faible dans les recettes fiscales globales, notant le faussé existant entre le taux des reserves de change atteint et le pouvoir d'achat des citoyens. Dans ce cadre, le député du RND, M. Abdelkrim Harchaoui a souligné, dans son intervention, que les dépenses doivent être orientées vers la relance des entreprises économiques et non la construction des infrastructures comme c'est le cas dans la politique actuelle. Pour l'ex-ministre des Finances, il ne suffit pas de construire des autoroutes ou autres au moment où il n'y a pas de production hors hydrocarbures. Il a ajouté qu'il est temps de réorienter les ressources, car selon, M. Harchaoui, il ne suffit pas d'émettre des budgets immenses dans un secteur ou autre, comme c'est le cas du fonds spécial pour l'agriculture "qui n'a rien soutenu en réalité". Dans le même contexte, il a évoqué la nécessité d'avoir une relation publique avec les ressources et s'arrêter sur, notamment, les conditions de construction des projets de croissance, maîtriser le coût de la production et la relation entre les crédits budgétaires et les résultats des projets. Il a également appelé à une évaluation des projets et non à ce que les autres appellent le contrôle de budget de l'Etat. Par ailleurs, M. Harchaoui a affirmé que la politique de développement économique doit se baser sur un choix des secteurs et des énergies nationales, d'autant plus que les ressources naturelles, dont le pétrole, ont des limites. En outre, il a noté que l'économie nationale est face aux grands dangers et défis ajoutant qu'il est temps de définir les priorités et mettre en place un cadre de développement et de travail productif "car on a besoin d'une croissance". Aussi, les députés ont examiné de manière approfondie, lundi soir, dans le cadre du débat sur le projet de loi de finances 2008, les budgets sectoriels, les investissements et les résultats des indices économiques figurant dans le projet. Dans leurs interventions sur les budgets sectoriels, les députés ont souligné la nécessité de rationaliser les dépenses des ministères, en se conformant aux besoins de chaque secteur, critiquant, à ce propos, "les importants budgets d'équipement affectés à certains départements ministériels", tout en estimant que le budget alloué à certains secteurs sensibles tel l'éducation, la santé et l'habitat, nonobstant son réajustement cette année, demeure en déça des besoins réels de chaque secteur. A titre d'exemple, l'Etat a alloué pour 2008 une enveloppe budgétaire pour la création de 2000 postes universitaires, au moment ou les besoins s'élèvent, selon un député, à 15000 postes. D'autres députés ont préconisé l'annulation de la taxe sur l'inscription à l'examen du baccalauréat et "qui obère les moyens limités des familles démunies". Au sujet du secteur industriel, les membres de la chambre basse du parlement ont proposé de réduire le prix du foncier destiné notamment aux petites et moyennes entreprises qui génèrent une valeur ajoutée, au regard de leur capacité à s'intégrer dans les espaces économiques et internationaux, regrettant, dans la foulée, l'annulation de la mesure portant soutien des entreprises publiques confrontées à des problèmes financiers, du projet de loi 2008. Pour ce qui est du secteur agricole, des députés ont proposé de relever le soutien accordé à l'agriculture pour la hisser aux normes en vigueur de par le monde et de revoir les mécanismes d'octroi de cette aide, pour en faire bénéficier ceux qui en ont réellement besoin. Le budget complémentaire affecté au secteur de l'agriculture a reculé cette année de 4 PC par rapport à 2007, rappelle t-on. S'agissant de la santé, les députés ont proposé de consolider l'enveloppe budgétaire allouée à ce secteur sensible, de promouvoir les contrats pré-emploi (CPE) en postes permanents et de construire de nouveaux centres hospitalo-universitaires (CHU) au sud du pays, outre la valorisation des salaires des médecins et l'interdiction de l'importation des médicaments produits localement. Au sujet du secteur bancaire, des membres de la chambre basse du parlement se sont interrogées sur le retard qu'accuse l'ouverture de guichets islamiques non usuraire au niveau des banques. Pour l'investissement qui peine à se relancer en dépit des mesures incitatives prises à ce niveau, du fait de déficits en capitaux, un député a proposé de créer un fonds publique d'investissement, qui sera financé par les réserves de fonds algériens déposés dans les banques américaines D'autres députés ont demandé la révision de la loi-cadre régissant la loi de finances et le budget de l'Etat en vigueur depuis 1984 qu'ils considèrent ne plus être en harmonie avec les larges réformes engagées au cours de ces dernières années. ''Les articles relatifs au financement du parti unique contenus dans cette loi-cadre démontrent la caducité de ce texte encore en vigueur''. Concernant le Fonds de régulation des recettes (FRR) dont les disponibilités dépassent actuellement les 3.000 milliards de DA, des parlementaires ont suggéré que les affectations de ce fonds soient élargies pour financer les projets des communes particulièrement pauvres en projets économiques et sociaux. Il a été proposé la mise en place d'un dispositif financier qui permettrait d'opérer des prélèvements fiscaux pour le financement de la Caisse nationale de retraite (CNR) et de la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS) qui connaissent des difficultés financières. Au cours des débats, des députés ont abordé le problème du chômage des jeunes. Sur ce point, ils ont souhaité que les banques simplifient les conditions d'accès aux crédits destinés à cette frange de la société tout en respectant les règles prudentielles régissant le secteur bancaire. Ils ont aussi jugé impératif d'affecter une enveloppe budgétaire plus importante pour la réalisation des cantines scolaires et l'affectation de moyens de transport pour les élèves habitant les communes enclavées afin de réduire les grosses déperditions scolaires constatées dans cette catégorie de zones. En outre, les députés ont appelé à plus d'investissements dans les raffineries pour réduire les importations en gas-oil dont la production locale n'arrive pas à satisfaire toute la demande nationale. Par ailleurs, l'APN a adopté les deux projets de loi relatifs aux ressources en eau et celui des assurances sociales.