Moussa Boutahraoui est un artiste, compositeur et auteur des chansons éducatives et sociales. Plusieurs de ses œuvres ont été diffusées à la Radio nationale durant la décennie noire. Il est atypique, prolifique et très régulier dans sa production artistique. Malgré la sous-médiatisation dont il est victime et l'indifférence des responsables, le natif de la région de la Chiffa à Blida, s'est tracé un chemin dans sa vie. Boutahraoui, 60 ans, a bien voulu nous livrer certains secrets, " J'ai consacré toute ma vie pour servir l'Algérie et notre société même dans les moments les plus difficiles qu'on a vécus tous, durant cette période je ne voulais pas m'éclipser au contraire, tellement j'étais touché j'ai écrit et improvisé plusieurs poèmes sur ce malheur, mes ouvrages ont été destinés aux enfants et au public adulte, les poèmes et " kssid " que j'ai écrits traiter des différents sujets qui ont sali notre société, à savoir le terrorisme, la violence, la drogue, etc…", a-t-il souligné. Avant de poursuivre: "Je ne regrette jamais ce que j'ai fait, car j'étais honnête et direct, je voulais aider mon pays à ma façon et tout ça c'est grâce à Dieu". Dans ce contexte, M. Boutahraoui a indiqué que : "Je n'ai jamais voulu m'adresser aux médias ou aux journaux pour leur raconter la misère et la difficulté de la vie, je pense que maintenant je suis obligé de le faire ". Tout en ajoutant " en tant qu'artiste je n'ai pas de statut réel en Algérie, ça me touche énormément, je pense que les responsables préfèrent certains aux autres et pourtant nous sommes tous des artistes, voilà les raisons principales de la marginalisation. Dans un pays où la médiocrité règne en maître absolu, l'art n'a aucun droit d'exister", a-t-il souligné. Je profite d'une telle opportunité pour lancer un appel au président de la République, M. Bouteflika, et à Mme. Labidi, ministre de la Culture, pour qu'ils aident les artistes malheureux, l'avenir ne se construit pas avec du vent", a-t-il conclu. Dans le cas de Boutahraoui, l'œuvre a dépassé l'homme, car cet artiste n'était pas du genre à s'exhiber devant les caméras ou à se produire devant les ministres pour des honneurs, il était un poète effacé et discret. Il ne cherchait pas la gloire mais à donner un sens à la vie. Il a mené une vie d'artiste, celle où les échecs se succèdent. Une vie d'homme éternellement incompris. Un parcours instable où la déchéance et le désespoir ne laissent aucune place à la facilité. La tristesse de la vie de Boutahraoui est perceptible dans ses chansons. Ainsi, l'exil dont il a lui aussi pâti a été au centre de son œuvre.