La monnaie russe est tombée avant- hier à un nouveau record de faiblesse face au dollar, plombée par le renforcement des sanctions occidentales contre une économie russe au bord de la récession. Pour la deuxième journée consécutive, le rouble a battu un record à la baisse. Le dollar est monté dès l'ouverture des échanges de la Bourse de Moscou au-dessus de son précédent record de jeudi et poursuivait son envolée dans la journée, atteignant 37,97 roubles. Il valait vers 15H00 GMT/17h00 HEC, 37,89 roubles. Face à la monnaie européenne, le rouble baissait aussi à 49,00 roubles mais restait au-dessus de ses plus bas niveaux du printemps. La chute du rouble risque de renforcer encore l'inflation, déjà à près de 8% actuellement en Russie et qui accélère à cause de l'embargo décrété début août sur la plupart des produits alimentaires européens et américains. Moscou a déjà prévenu que d'autres mesures de rétorsion contre les Occidentaux, pouvant restreindre les importations automobiles ou de certains vêtements, étaient prêtes. Les analystes de VTB Capital ont expliqué la chute de la monnaie russe par le renforcement des sanctions occidentales mais aussi par la baisse des cours du pétrole, négative pour un pays très dépendant des exportations d'énergie. La chute du rouble s'est accentuée à l'annonce par la banque centrale du maintien de son taux directeur à 8%. Le marché s'interrogeait sur un possible nouveau durcissement monétaire afin d'enrayer la dépréciation de la monnaie qui accentue l'inflation. Cette nouvelle a en revanche été bien accueillie à la Bourse car le niveau élevé des taux, au moment où l'économie souffre, est de plus en plus critiquée. En baisse à l'ouverture, la Bourse de Moscou a fini sans direction claire, l'indice Micex (libellé en roubles) prenant 0,61% et le RTS (en dollars) cédant 0,38%. Les nouvelles sanctions européennes contre Moscou sont entrées en vigueur vendredi matin malgré les réticences qu'avaient exprimées certains Etats membres vu le cessez-le-feu en vigueur dans l'est de l'Ukraine. Elles visent surtout le secteur pétrolier: Rosneft, Transneft et la branche pétrolière de Gazprom, Gazprom Neft. Cinq grandes banques publiques (Sberbank, VTB, Gazprombank, VEB et Rosselkhozbank), déjà affectées, voient leurs accès aux financements encore réduits. L'accès aux capitaux européens est également bloqué pour plusieurs groupes dans le secteur de la défense et de l'armement: Kalachnikov, le fabricant de chars OPK Oboronprom, United Aircraft Corporation, maison mère des entreprises fabriquant les avions Mig et Soukhoï, et l'entreprise aérospatiale publique Ouralvagonzavod, qui produit des hélicoptères. La holding Rostec, qui chapeaute la plupart des entreprises de la défense, a prévenu en réaction que les sanctions n'allaient que "stimuler" la production nationale afin de remplacer les équipements importés. A la fin de la séance boursière russe, Washington a annoncé ses propres sanctions, ajoutant notamment la puissante Sberbank à sa liste noire. Ces nouvelles mesures "n'ajoutent rien" car "de facto les marchés (occidentaux, ndlr) sont déjà fermés", a commenté le président de l'établissement public, Guerman Gref, cité par les agences russes. L'Association of European Businesses, qui regroupe la plupart des sociétés occidentales implantées en Russie, a regretté l'adoption de nouvelles sanctions occidentales, réclamant aux Etats-Unis, à l'Union européenne, à l'Ukraine et à la Russie de "définir une nouvelle politique pour mettre fin au conflit en Ukraine et de laisser les entreprises en dehors de la politique".