M. Benslim Zohein, accompagné de MM. Nasri Ali Bey et Zoheir Benini, les trois invités, hier, au débat animé à l'émission "En toute franchise ", sont unanimes à dire que l'absence de stratégie claire, en matière de promotion des exportations, l'inexistence d'un département international dont le rôle est de booster le produit algérien dans les marché extérieurs sont les deux contraintes majeures qui freinent gravement toutes velléités d'exportation. M. Benslim, en tant que président de l'Association nationale des exportateurs algériens qui déplore l'absence de "culture " d'exportation, de visibilité des objectifs nationaux chez les opérateurs, puise néanmoins dans le dernier discours du président de la République devant les walis et cadre de l'Etat, des raisons de satisfaction et d'optimisme. "On est content que le président ait tiré, lui aussi, la sonnette d'alarme, j'estime que c'est un signal fort à l'adresse des responsables à l'exportation", dira-t-il. "On est satisfait, qu'en pleine période d'aisance financière, le chef de l'Etat parle de l'après pétrole…C'est une vision réaliste, en fait. J'espère qu'on pense immédiatement à définir la stratégie algérienne ", relève à son tour M. Nasri Ali Bey. Rejoignant les intervenants, M. Benini, le président de l'Algex (l'Agence nationale algérienne pour la promotion des exportations), met l'accent sur l'impératif de semer une culture d'exportation. Elle doit faire partie de nos préoccupations quotidiennes. Dans le discours de M. Abdelaziz Bouteflika devant les walis, M. Benini retient surtout que "notre aisance financière actuelle risque de se retourner…Les grands chantiers risquent d'être en partie compromis, freinés ou carrément mis à l'arrêt". En effet, pour lui, la raison est simple : "la fixation du prix du pétrole ne dépend pas de nous !". Au-delà de ce fait, il semble important, aux yeux de M. Benini, de vulgariser la réelle portée de " réserves de changes ", qui est une richesse qui ne se crée pas, seule, ni celle des PME, et des postes d'emplois. Pour le président de l'Algex, donc, " Nous n'avons pas un problème d'exportation, mais un profond problème économique, induit par l'inachèvement des réformes globales engagées depuis plus d'une décennie et qu'il faudrait mener à terme ". Ce qui permettra du coup, estime-t-il, à une sérieuse et impérative opération de mise à niveau de nos unités, chez qui la compétitivité n'a pas beaucoup évolué, à force de s'être longtemps contentée de satisfaire les besoins du marché national. " Il faut mettre en place une stratégie de guerre ! ", s'entendent à dire les trois invités de la chaine III. Les représentants de ANEXAL souhaitent cependant que le discours de Bouteflika trouve l'écho auprès des hauts responsables qui sont en charge du dossier des exportations. " On a mis cinq ans pour installer le Conseil national consultatif pour la promotion des exportations et il n'est toujours pas actif. Cette instance qui peut clarifier les objectif de l'Etat, fournir des outils concrets aux opérateurs doit rapidement reprendre ses missions ", dit M. Benslim. Et d'ajouter que ce Conseil est une indispensable "institution, au sein de laquelle, on pourra débattre de l'exportation hors hydrocarbures, ainsi, beaucoup de problèmes seront résolus ". Revenant à la question de stratégie, M. Nasri défend la création d'un ministère chargé du commerce extérieur, à même de mettre en œuvre en collaboration avec les opérateurs et les acteurs économiques, une véritable stratégie d'exportation, " avec obligation de résultats… " " Nous manquons d'un chef d'orchestre qui coordonne les actions à ce propos… Nous avons suffisamment parlé du diagnostic des faits, ce qui nous manque vraiment, c'est un outil capable de mettre en œuvre des mesures suivant les contraintes relevées auparavant ".