Nombreux sont les patrons d'entreprises exportatrices qui réfutent la première hypothèse. Quelques-uns d'entre eux, contactés par nos soins, sont unanimes dans leurs réponses : «Il n'y pas de problème de compétitivité et, pour preuve, nos partenaires étrangers sont friands des produits sortis de nos usines ou de nos exploitations agricoles, pour peu que nous arrivions à éliminer les entraves qui continuent de contraindre fortement l'essor des entreprises vers la conquête de parts de marché à l'extérieur». A la question de savoir la nature des ces contraintes, nous citerons en exemple «la parité de la monnaie, la parité appliquée sur les inputs importés étant plus élevée que la parité appliquée sur les valeurs à l'exportation». Et d'ajouter : «L'aide au transport constitue également une entrave. Le taux de subvention sur le fret reste insignifiant. Il devrait être égal à celui appliqué chez nos voisins marocains et tunisiens qui est de plus de 60%». A propos des aides financières issues du fonds spécial pour la promotion des exportations [FSPE], les patrons des entreprises exportatrices estiment qu'elles sont dispensées «avec parcimonie et avec beaucoup de lenteurs». Autre contrainte et non des moindres : pour parvenir à développer leurs exportations, les opérateurs ont besoin de créer des plates-formes dans les pays de destination, ce qui, pour le moment, reste impossible à concrétiser faute d'autorisation ; pourtant la loi sur la monnaie et le crédit prévoit cette possibilité. «Ce qui veut dire que la loi existe mais n'est pas appliquée sur le terrain», commentent nos interlocuteurs. Et d'enchaîner : «Si la démarche souffre encore de zones d'ombre qui ne permettraient pas de recevoir des autorisations de création de plate-forme, pourquoi ne pas s'inspirer des expériences de pays qui ont réussi à développer leurs exportations ?» Que font les organes chargés de promouvoir les exportations ? Algex, Anexal et Optimex, autant d'instruments de promotion qui ne semblent pas, selon des patrons de PME exportatrices, jouer le rôle de soutien et d'encouragement pour booster les volumes d'exportation. En 2008, le volume des exportations hors hydrocarbures a atteint 1,9 milliard de dollars, contre 1,3 milliard en 2007, soit une hausse de plus de 42%. Par ailleurs, le montant de 2008 est loin de l'objectif tracé par les pouvoirs publics il y a douze ans, à savoir atteindre un volume d'exportation hors hydrocarbures de l'ordre de 3 milliards de dollars. Malgré la hausse de 2008, relativement importante par rapport à 2007, les exportations hors hydrocarbures demeurent marginales et ne représentent que 2,42% seulement du volume global des exportations, qui ont atteint 78,23 milliards de dollars en 2008. Pourquoi donc ces maigres performances, peut-on s'interroger, en dépit de toute une batterie de mesures mises en place par le biais des organismes cités plus haut ? Nos interlocuteurs sont catégoriques : pour eux, le rôle joué jusqu'à présent par ces institutions se limite «à enregistrer nos doléances». En fait, «ce sont plutôt des caisses de résonance». Leur manque d'initiative sur le terrain n'a fait qu'éloigner les PME exportatrices de ces entités. Qu'on en juge : le nombre exact de PME exportatrices n'étant pas maîtrisé, sauf que l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), créée le 10 juin 2001 et constituée de chefs d'entreprise engagés, de mangers et d'experts, déclare qu'elle compte, depuis février 2009, 128 adhérents pour environ 500 entreprises versées dans le commerce extérieur. Un désintére des opérateurs qui en dit long. Pourtant, tout portait à croire, il y a quatre ans, qu'un maximum de PME allait rejoindre l'Anexal après que les pouvoirs publics eurent décidé d'introduire de nouvelles mesures incitatives à l'acte d'exporter. Pour rappel, un guide des exportateurs a été confectionné par la SFI et la Banque mondiale en collaboration avec l'Anexal. A la même époque, il a été procédé à la mise en place d'un fonds de développement dans le but de soutenir l'exportation hors hydrocarbures et d'un fonds de soutien avec un budget conséquent pour absorber une partie des charges induites par l'acte d'exportation, l'IFSPE. Et, enfin, la mise en place d'un organisme, Optimexport, chargé de former les exportateurs. Cependant, toutes ces mesures, considérées par les parties concernées comme étant d'une grande portée, n'ont pas eu les effets attendus quant au niveau des exportations hors hydrocarbures. De plus, aux dires de certains adhérents à l'association des exportateurs, l'Anexal a montré des signes d'essoufflement. «Elle a perdu de son enthousiasme», estiment certains d'entre eux. Quelles en sont les véritables raisons ? Ali Bey Nasri, vice-président de cette association, lors d'une intervention sur les ondes de la radio nationale, avait dénoncé le retard accusé dans le lancement du Conseil national consultatif de la promotion des exportations. Et d'indiquer : «Ce conseil a été créé en 2004 mais ne s'est toujours pas réuni.» Il a déploré aussi le fait que ce n'est qu'après trois ans de rude travail que ce conseil a vu le jour. «Cela fait deux ans que nous attendons son installation», a expliqué le vice-président. Toujours à propos de ce conseil, Benslim Zohir, président de l'Anexal avait déclaré à la radio : «Une fois ce dernier installé, beaucoup de problèmes seront résolus». Car Benslim considère que le conseil «aura un meilleur écho auprès des institutions parties prenantes», ajoutant : «Son rôle est primordial pour booster les exportations hors hydrocarbures». Le premier responsable de l'Anexal a par ailleurs signifié : «Il est lamentable de parler de chiffres aussi bas d'exportations hors hydrocarbures pour un pays qui recèle d'énormes potentialités et beaucoup de richesses naturelles, c'est pourquoi je préconise que les exportations hors hydrocarbures doivent faire l'objet de stratégie d'État». Le président d'Algex, Mohamed Benini, a pour sa part expliqué que, si les volumes d'exportations stagnent depuis une décennie, malgré toutes les mesures prises, c'est avant tout «par manque d'une stratégie claire concernant les exportations». Un avis que partagent nombre d'opérateurs. Benini a maintes fois fait remarquer : «C'est à croire que le commerce extérieur dans notre pays n'a été ouvert que dans un sens, celui de l'importation». Quant aux accusations des opérateurs qui estiment que les organismes n'assument pas assez leur rôle, les trois responsables cités plus haut se défendent en avançant un manque flagrant de culture de l'exportation chez nos opérateurs et d'une politique qui n'a eu de cesse de se tourner uniquement vers les importations. Mais aujourd'hui notre pays est dans l'obligation de développer ses exportations hors hydrocarbures si l'on veut prétendre bénéficier des avantages de l'accord d'association avec l'Union européenne car, jusqu'à présent, nous n'avons pas assez profité de cet accord, au grand détriment de nos potentialités à l'export de nos produits qui ne demandent qu'à conquérir des parts de marché extérieur. Z. A.