Le constat est amer. Les exportations hors hydrocarbures n'arrivent pas à démarrer. Elles ont nettement baissé, en dépit des nombreuses mesures prises pour booster cette activité. La régression est estimée à 40%. Elles ont atteint cette année un peu plus de 900 millions de dollars, soit 2,54% des exportations globales alors qu'en 2008 elles se sont élevées à 1,6 milliard de dollars. Les baisses sont fort inquiétantes, même si certaines raisons s'avèrent objectives, compte tenu de la suspension de l'exportation de certains engrais, des déchets ferreux et les pâtes alimentaires et le couscous. C'est l'avis des experts invités hier au forum d'El Moudjahid, à l'image de M. Benini, Directeur général d'Algex, de MM. Djilali Tariket et Zoheir Benslim, respectivement PDG de la Compagnie algérienne d'assurance et de garantie des exportations, président de l'Association nationale des exportateurs algériens. Apparemment, la dynamique d'exportation ne suit pas les mesures annoncées, en la matière, mais non appliquées jusqu'à présent. Des synergies ont été créées, prouvant qu'il y a un intérêt à développer ce type d'exportation, mais au plan pratique, rien n'a été fait. Ces mêmes experts déplorent l'absence d'une véritable stratégie d'exportation. Car au-delà des aléas liés à cette activité, il y a des pesanteurs bureaucratiques, notamment la réticence des banques à l'égard des 400 ou 500 exportateurs que compte le pays, face à près de 40.000 importateurs. D'où la nécessité de songer à une réelle stratégie d'exportation ou à la substitution à l'importation en boostant la production nationale. Selon M. Benini, cette option ne peut se faire que dans une économie ouverte, tout en encourageant les investissements locaux et étrangers, à travers la mise en place d'institution d'appui. C'est dans cet esprit d'ailleurs que s'inscrit, le programme d'Optim Export. Lequel vise la formation des exportateurs et leur accompagnent dans toutes leurs activités. Les entreprises sélectionnées au nombre de 44, visant l'excellence participeront aujourd'hui aux portes ouvertes sur le commerce extérieur, organisé au niveau d'Algex. Selon M. Benini, ce programme financé par un don de l'Agence française de développement et une partie du crédit algérien a déjà commencé avec la CACI et l'Algex. Il s'agit d'une méthode de travail, pour aborder le marché extérieur de façon plus organisée à travers des structures d'appui. Tout en relevant les contraintes liées à l'exportation, M. Tariket a souligné qu'il n'y a pas lieu de parler de mouvement global d'exportation compte tenu du nombre dérisoire des entreprises exportatrices. «Mais en dépit de tous les risques encourus et les contraintes vécues au quotidien, les exportateurs algériens, arrivent à se déployer au niveau de certains marchés, à l'exemple des marchés sub sahariens, libyens, marocains et plusieurs autres espaces. Pourtant de l'avis des experts en la matière, l'Algérie recèle énormément de produits à exporter. Comme ce fut le cas dans les années passées où les produits artisanaux algériens étaient exportés en grandes quantités vers plusieurs villes européennes. Sans toutefois oublier la déperdition de la figue algérienne. Aujourd'hui, les exportateurs algériens sont quasiment absents des grands centres de commerce extérieur. Selon les intervenants, il faut réorienter tous les efforts et changer les choses en optant pour une approche de technicité, en accordant l'intérêt requis pour la ressource humaine. C'est aussi l'avis de M. Benslim. Il relève l'absence d'expert dans le domaine de l'exportation. Il estime que l'acte d'exporter est un savoir et une expertise. Il se demande si l'Algérie ressent vraiment le besoin d'exporter hors hydrocarbures. «C'est le besoin qui fait les choses », a souligné M. Benslim, estimant que la relance et le développement des exportations hors hydrocarbures est une décision à prendre à haut niveau. Il estime qu'il faut passer par la réhabilitation des PME.