Les Etats-Unis ont l'intention de viser les sanctuaires et infrastructures du groupe Etat islamique (EI) dans le cadre de leurs futures frappes en Syrie, une campagne aérienne qui sera acharnée et longue. En outre, selon le plus haut gradé américain, le Pentagone n'exclut plus d'envoyer certains de ses conseillers militaires au combat pour épauler l'armée irakienne dans son offensive contre les djihadistes. Mais la Maison Blanche s'est empressée de tempérer ces déclarations du général Martin Dempsey. Pour Josh Earnest, le porte-parole de Barack Obama, M. Dempsey se basait sur un scénario hypothétique, dans lequel il formulerait une recommandation tactique au président concernant l'usage de troupes au sol. Et de marteler que le déploiement de soldats américains au combat n'était pas à l'ordre du jour. Le secrétaire à la Défense Chuck Hagel a annoncé lors d'une audition au Sénat que la campagne aérienne en Syrie visera les sanctuaires de l'Etat islamique en Syrie. Cela comprend ses centres de commandement, ses capacités logistiques et ses infrastructures. Cette campagne sera acharnée et longue, a renchéri le général Dempsey, lors de la même audition. Et Washington, qui devrait à terme compter 600 conseillers militaires en Irak, pourrait envoyer ces derniers sur le front avec les forces irakiennes, selon lui. Si nous en arrivons au point où j'estime que nos conseillers doivent accompagner les troupes irakiennes dans leur offensive contre des cibles de l'Etat islamique, c'est ce que je recommanderai au président, a-t-il déclaré. Ces missions se feront au cas par cas, a-t-il ajouté.
Nouvelles frappes près de Baghdad Ces déclarations tranchent avec les assurances répétées de Barack Obama de n'envoyer aucune troupe américaine au combat en Irak et de se concentrer sur des frappes aériennes. Depuis le 8 août, les forces américaines ont lancé 167 raids contre des cibles djihadistes en Irak. Jusqu'à maintenant, ils se déroulaient dans le nord et l'ouest du pays. Mais lundi le Centcom, le commandement militaire américain chargé du Moyen-Orient et de l'Asie centrale, avait annoncé une première frappe aérienne près de Baghdad. Et au cours des dernières 24 heures, les forces américaines ont de nouveau mené des raids au sud-ouest de la capitale irakienne. Les trois frappes ont détruit un système de défense anti-aérien, une petite unité terrestre et deux bateaux sur l'Euphrate qui ravitaillaient des forces de l'Etat islamique, selon le Centcom. Deux autres raids aériens ont visé des positions djihadistes au nord-ouest d'Erbil, la capitale du Kurdistan irakien. Au plan stratégique, le président américain s'est entretenu avec le général à la retraite John Allen, chargé de mener la coalition internationale contre l'EI. M. Obama a, selon la Maison Blanche, insisté sur la nécessité de mettre en place une coalition robuste avec une large participation internationale. A ce propos, le Premier ministre canadien Stephen Harper a annoncé que 69 soldats des forces spéciales canadiennes avaient été déployés dans le nord de l'Irak pour aider les troupes irakiennes à repousser l'EI. Dans la même région les combattants kurdes ont repris sept villages chrétiens après des combats contre les djihadistes. A Baghdad, le Premier ministre Haïdar al-Abadi a encaissé un coup dur après que le Parlement a rejeté les personnalités qu'il avait proposées pour les postes de ministres de la Défense et de l'Intérieur, laissant ainsi vacantes ces positions clés. Face à l'offensive lancée contre l'EI, Les branches maghrébine (Aqmi) et yéménite (Aqpa) d'Al-Qaïda ont appelé les jihadistes en Irak et en Syrie à s'unir contre la coalition hostile au groupe de l'Etat islamique (EI), dans un communiqué commun mis en ligne mardi. Dans ce communiqué sans précédent, les deux groupes exhortent leurs frères moudjahidines en Irak et au Levant à cesser de s'entretuer et à s'unir contre la campagne de l'Amérique et de sa coalition diabolique qui nous guette tous. L'appel se réfère aux divergences entre le groupe EI, qui a pris ses distances avec Al-Qaïda et proclamé un califat (Etat islamique) sur une partie de l'Irak et de la Syrie, et le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, qui est restée fidèle au chef de l'organisation Ayman Al-Zawahiri. Faites de votre rejet de la mécréance un facteur d'unité, ajoutent les deux organisations. Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa - fusion des branches saoudienne et yéménite de l'organisation) sont restés fidèles à Ayman al-Zawahiri, très critique du groupe de l'EI. Aqmi et Aqpa invitent ainsi, dans leur communiqué, tous ceux qui ont pris les armes contre le tyran Bachar et ses milices à ne pas se laisser berner par l'Amérique, et à ne pas devenir leurs pions. Les deux branches sollicitent également les tribus sunnites d'Irak et de Syrie pour qu'ils ne fassent pas partie de la coalition. Plus généralement, les deux branches exhortent les musulmans, notamment ceux de la Péninsule arabique, à empêcher leurs soldats de participer à la guerre (qui s'annonce) contre les djihadistes de l'EI. Elles appellent ces musulmans à se soulever contre leurs gouvernements qu'elles qualifient d'agents de l'Occident et de les empêcher de se lancer dans une guerre contre l'islam sous le couvert de la lutte contre le terrorisme. A la coalition anti-EI, les deux branches d'Al-Qaïda promettent des journées noires, une menace à peine voilée d'actions violentes contre les pays occidentaux et leurs alliés arabes.