Les forces kurdes ont lancé hier une offensive sur trois fronts contre les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) dans le nord de l'Irak, ont annoncé des officiers peshmergas. Les opérations, qui ont débuté avant l'aube, se déroulent au nord de la ville de Mossoul, contrôlée par les djihadistes, au sud de la ville pétrolière de Kirkouk et contre une ville à la frontière syrienne, ont-ils précisé. Un haut gradé a indiqué que des peshmergas, les combattants kurdes, étaient entrés dans la ville de Rabia, à la frontière syrienne, après avoir pris deux villages, As-Saudiyah et Mahmoudiyah. Les soldats sont en train de se battre dans le centre de Rabia, située à une centaine de km au nord de Mossoul, deuxième ville d'Irak, a-t-il précisé. Soutenus par des frappes aériennes, les peshmergas ont également attaqué la ville de Zoumar, à environ 60 km de Mossoul et à proximité du lac du barrage de Mossoul. L'officier, qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat, n'a pas donné de détails sur la nature du soutien aérien. Les appareils de l'armée irakienne effectuent des missions quotidiennes au-dessus du pays, tandis que ceux de la coalition, notamment américains et français, mènent des raids ciblés sur des installations de l'EI. Rabia et Zumar sont deux localités dont les forces kurdes avaient pris le contrôle lors de la vaste offensive lancée en juin par l'EI qui avait mis en déroute l'armée irakienne, notamment à Mossoul. Deux mois plus tard, les combattants djihadistes avaient mené une offensive contre les positions des peshmergas qui avaient été contraints de reculer. Plus au sud, les forces kurdes ont repris des villages autour de Daquq qui étaient contrôlés par l'EI depuis juin. Ils ont libéré les villages de Saad et Khaled, et ont pris le contrôle total de la zone après de durs combats, a souligné le général kurde Westa Rasul. Il a précisé que les peshmergas faisaient face à une forte résistance en avançant vers un autre village, Al-Wahda, à une trentaine de km au sud de Kirkouk.
Destruction des sites historiques Le groupe Etat islamique se livre à la destruction de sites historiques en Irak, tout en vendant des antiquités pour se financer, ont affirmé des experts et des diplomates au cours d'un colloque de l'Unesco sur le patrimoine irakien en danger. Le patrimoine irakien est en très grand danger. Nous pouvons éprouver des scrupules à dénoncer des crimes perpétrés contre le patrimoine, alors que les pires horreurs sont commises contre les hommes. Quand les morts se comptent par dizaines de milliers, faut-il se préoccuper du 'nettoyage culturel' ? Oui, a lancé Philippe Lalliot, ambassadeur de France délégué à l'Unesco, soulignant l'importance de la culture et du patrimoine pour la paix et le dialogue. Le groupe Etat islamique, qui estime que les statues sont de l'idolâtrie, a ainsi dynamité de nombreuses églises et autres monuments, sanctuaires des patrimoines chrétiens, juifs ou musulmans, ont souligné de nombreux interlocuteurs. Ainsi, la tombe du prophète Jonas et de nombreuses statues à Mossoul ou encore des palais assyriens dans les zones de l'EI ont été dynamités ou détruits, ont expliqué le Dr Abdullah Khorseed Qader, directeur de l'Institut irakien pour la conservation des antiquités et du patrimoine à Erbil, et Qais Hussen Rashied, directeur du musée de Baghdad, ancien directeur du patrimoine et des antiquités. Lutter contre le trafic, c'est lutter contre le terrorisme et faire en sorte que la contrebande n'alimente pas le trésor de guerre et l'armement des organisations terroristes, a expliqué M. Lalliot. Il y a des mafias internationales qui s'occupent des vestiges et de tout ce qui a trait au patrimoine, qui informent Daesh (un des acronymes de l'Etat islamique) de ce qui peut être vendu. Il y a des intermédiaires mafieux, a souligné M. Rashied. Daesh fait des fouilles pour vendre (des objets) sur les places européennes et asiatiques par l'intermédiaire des pays alentours. Ces montants financent le terrorisme, a-t-il accusé, jugeant impossible de chiffrer l'ampleur de ce trafic ou les pertes pour son pays. On les coupe et on les vend. Des pièces sont inestimables... Certaines ont 2 000 ans, peuvent valoir très cher, mais comme il n'y a pas de marché réel, on ne peut dire combien ça vaut, a-t-il précisé. On n'a pas encore de statistiques car Daesh est encore là. Pour le moment, c'est du terrain conquis par Daesh, il faut attendre ou tout faire pour reprendre. On ne peut rien faire, a-t-il conclu. La directrice générale de l'Unesco Irina Bokova a pour sa part alerté l'ensemble des Etats membres, les principaux musées du monde et le marché de l'art ainsi que tous les acteurs de répression du trafic, leur demandant la plus extrême vigilance envers les objets qui pourraient venir du pillage en cours du patrimoine irakien. L'Unesco a appelé le Conseil de Sécurité (de l'ONU) à adopter une résolution d'interdiction préventive de tout commerce des objets culturels irakiens et syriens, pour lutter contre le trafic illicite, a-t-elle rappelé. L'Unesco a partagé les coordonnées et toutes les informations pertinentes avec les états-majors engagés dans des frappes aériennes pour éviter de bombarder des sites historiques, a également indiqué Mme Bokova. Les autorités irakiennes en ont fait de même, soulignant qu'EI avait investi de nombreux palais ou sites pour s'en servir de bases.
Plus de 200 djihadistes et 22 civils tués en une semaine Au moins 211 djihadistes et 22 civils ont péri depuis le début des frappes en Syrie de la coalition menée par Washington, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Ces bombardements ont débuté il y a une semaine. Selon l'ONG, qui dispose d'un large réseau de sources civiles, médicales et militaires et fournit au quotidien le bilan de la guerre en Syrie depuis 2011, ces personnes ont péri dans les frappes menées depuis le 23 septembre par la coalition de Washington et ses alliés arabes dans les province d'Alep, de Raqa (nord), d'Idleb (nord-ouest), de Deir Ezzor (est) et de Hassaka (nord-est). La majorité des djihadistes morts sont membres de l'organisation Etat islamique (EI), en plus de près de 60 combattants du front Al-Nosra, branche d'Al-Qaïda en Syrie, classée comme organisation "terroriste" par Washington. Le président américain Barack Obama avait admis dimanche que les Etats-Unis avaient sous-estimé la menace représentée par les groupes extrémistes en Syrie. Il a en outre qualifié ce pays de "Ground Zero pour les djihadistes à travers le monde".
Plus de 4 000 sorties d'avions Par ailleurs, l'armée américaine a procédé à 4 100 sorties aériennes en Irak et en Syrie depuis le lancement le 8 août de l'offensive contre l'EI, a indiqué un responsable militaire américain sous couvert de l'anonymat. Près de 1 400 d'entre elles étaient des vols de ravitaillement pour les avions en date du 27 septembre, a précisé ce responsable, sans donner de chiffre sur les vols de surveillance. S'ajoutent à cela une quarantaine de vols menés par les cinq pays arabes membres de la coalition emmenée par Washington contre l'EI depuis le 23 septembre. Selon le Pentagone, la Jordanie, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Bahreïn et le Qatar ont mené 23 frappes aériennes en Syrie, les Américains, 66. Si l'opération continuait sur cette cadence, le nombre de sorties aériennes en Irak et Syrie dépasserait l'intervention américaine aérienne en Libye. D'avril à fin août 2011, les Etats-Unis avaient accompli 5300 sorties aériennes dans le cadre d'une campagne menée par l'OTAN.