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Le dialogue en horreur
Publié dans Le Maghreb le 13 - 10 - 2014

Difficile et périlleux de mener un débat entre clans, d'organiser une primaire au sein du parti qui reflète l'image du pouvoir ? De mener un débat sur les émeutes ? Dangereux de mener un débat sur la
" haraga " ? Impossible de mener un débat sur le phénomène des attentats suicide ? Périlleux de mener un débat sur ce qui mène les communautés à se rendre mutuellement hostiles. A ce rythme où les députés abandonnent leurs devoirs d'assumer leurs missions 24 h sur 24,même en dehors de l'enceinte parlementaire, pour des actions au plus près des populations, avant, pendant et après les émeutes, c'est toute l'action parlementaire qui perd sa crédibilité.
Conviction d'une légitimité insuffisante acquise au moment où de hauts responsables de partis politiques dénoncent la corruption politique qui se traduit par l'achat de voix ? Lorsque des leaders politiques dénoncent eux-mêmes la corruption politique qui se traduit par l'achat des voix, et que cela ne donne pas matière à des poursuites en justice, il est normal alors que les populations n'y croient plus à la lutte contre la corruption. Il y a tout de même une assemblée nationale qui devrait servir à des affrontements d'idées, au moins pour laisser s'épuiser les diverses argumentations politiques, car il est connu et reconnu que sans débat, il serait douteux que puisse exister une solution politique ou même d'une autre nature qui soit acceptée par la majorité des populations. Aussi bien le pouvoir que son opposition interne ont toujours eu horreur de régler leurs comptes par le dialogue. Pourquoi n'y a-t-il jamais eu un débat de haute importance sur des thèmes particuliers et pourquoi n'a-t-il jamais réussi à élire domicile aussi bien dans l'enceinte parlementaire que dans le tube cathodique au lieu qu'il soit contraint à trouver naturellement résidence dans la rue, hors de tout cadre organisé ? Cela nous donne la situation politique actuelle qui n'incite guère les populations à faire confiance aux institutions et aux hommes. Il est souvent répété que le débat fait partie de nos traditions et que le compromis est un instrument de gestion. Or, il serait difficile de se rappeler si vraiment il y a eu un jour un débat qui a été mené jusqu'à son terme, jusqu'à l'épuisement de toutes les argumentations contradictoires et donc à un compromis. C'est bien quand il se réfugie dans la rue que peuvent s'en saisir ceux qui le transforment en crises et construisent ensuite leur stratégie sur le meilleur usage à faire de celle-ci et ceux qui se donnent pour mission d'assombrir les perspectives d'avenir par la fourniture de lectures orientées vers la réunion des conditions devant permettre la permanence des émeutes. C'est en temps de sérénité qu'il faudrait débattre et placer le débat sur le front de la prévention. Toute la polémique actuelle a commencé par l'initiative, non pas de l'opposition authentique, mais ceux qui sont ou qui ont été au pouvoir.


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