Alors que le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, avait affirmé jeudi dernier à Alger que la Justice algérienne "accomplit son travail normalement concernant l'affaire de Tibhirine", le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères et du développement international, Alexandre Georgini, assure que le déplacement de la délégation judiciaire française en Algérie, dans le cadre de l'affaire des moines de Tibhirine, s'est passé dans des conditions "satisfaisantes". Il est utile de rappeler que les sept moines trappistes avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 au monastère de Tibhirine. Leurs têtes avaient été retrouvées, à l'entrée de Médéa, le 30 mai 1996. Leur assassinat avait été revendiqué, dans un communiqué daté du 21 mai 1996, par le GIA, dirigé, à l'époque, par le chef terroriste Djamel Zitouni, tué en juillet 1996, par un groupe rival, dans la région de Tamesguida, au nord de Médéa. D'autre part, il est tout aussi important de rappeler également que le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, avait affirmé, en juin dernier, qu'il n'existait "aucun différend" entre l'Algérie et la France concernant l'enquête sur l'assassinat des sept moines de Tibhirine, soulignant que les juges algérien et français chargés du dossier travaillaient en "parfaite collaboration". Ainsi donc et pour ce qui est du déplacement de la délégation judiciaire française en Algérie, vendredi dernier, M. Georgini s'est félicité en ces termes : "Le déplacement de la délégation judiciaire française en Algérie s'est passé dans des conditions satisfaisantes et il y a lieu de remercier les autorités de l'accueil qu'elles lui ont réservé et des moyens mis à sa disposition". "Je suis certain que nos autorités judiciaires respectives sauront maintenir ensemble les conditions d'une collaboration fructueuse", a-t-il ajouté. Il est important de signaler au passage que la déclaration du porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères intervient après la sortie médiatique de l'avocat des familles des moines de Tibhirine qui a dénoncé jeudi à Paris ce qu'il a appelé une "confiscation" des preuves par l'Algérie. Intervenant lors d'une conférence de presse, Patrick Baudouin a évoqué la "terrible déception" des familles des moines de Tibhirine de voir les investigations bloquées par le refus de l'Algérie du transfert en France des prélèvements opérés" par l'équipe du juge Marc Trevidic sur les dépouilles des moines. De son côté, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, avait affirmé jeudi dernier que la justice algérienne "accomplit son travail normalement concernant l'affaire de Tibhirine", ajoutant qu'un magistrat algérien "se trouve actuellement en France dans le cadre d'une commission rogatoire". "Des procédures judiciaires ont été prises, sont respectées et suivies conformément à la loi au niveau du juge d'instruction chargé de l'affaire", a souligné M. Louh. Par ailleurs, il est utile de rappeler que le 14 octobre dernier le juge français, Marc Trévidic, est arrivé en Algérie, pour enquêter sur l'assassinat des moines trappistes de Tibhirine (Médéa, 80 km au sud d'Alger), où il s'est rendu au monastère de Notre-Dame-de-l'Atlas de Tibhirine, situé sur les hauteurs de la ville de Médéa. Sur place le juge Trévidic, qui était accompagné par un autre juge français, en l'occurrence, Nathalie Poux , a assisté à une opération d'exhumation des restes des crânes des sept moines, assassinés en mai 1996 par le Groupe islamique armé (GIA), après près de deux mois de captivité, effectuée sous la supervision d'un magistrat algérien. La délégation comprend aussi des experts chargés d'effectuer des prélèvements d'ADN et des examens radiologiques, a-t-on ajouté de même source. Enfin à noter que le juge algérien en charge de l'affaire se rendra en France fin octobre pour l'exécution de la commission rogatoire. Dans une déclaration à la presse en marge de la cérémonie d'installation du président de la cour d'Alger, M. Louh a indiqué lundi que "dans le cadre du principe de réciprocité et de la coopération judiciaire, le juge algérien doit procéder à son tour à l'exécution de la commission rogatoire en France à la fin octobre". L'affaire, rappelle-t-on, a été instruite en Algérie par le pôle pénal d'Alger spécialisé dans les affaires de terrorisme et du crime organisé et l'est également par la justice française dans le cadre de la coopération judiciaire entre les deux pays conformément à l'accord judiciaire qui lie les deux parties.